Les 11 commandements de l’ASSOIMEC
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L’Association d’orientation islamique et de mémorisation du Coran (ASSOIMEC) a soumis aux autorités 11 commandements pour assainir le sous-secteur de l’enseignement coranique et sortir les enfants talibés de la rue.
La 6e Journée du talibé, organisée hier, a servi de tribune à l’Association d’orientation islamique et de mémorisation du Coran (ASSOIMEC) pour mettre sur la table des autorités étatiques 11 exigences. Le coordinateur national, Mor Ngoné Ndoye, liste : l’assainissement du sous-secteur des Daara, le recrutement des ‘’serignes daara’’ dans la Fonction publique, leur formation, la lutte contre la mendicité, une meilleure communication sur les acteurs de ce secteur, faire le point sur le projet de loi sur les Daaras, l’allégement des modalités de création des Daaras privés, la mise sur pied de comités ad hoc des inspections d’académie qui attribuaient des attestations aux serignes-daara, l’augmentation des Daaras publics, la situation des talibés retenus dans les centres après leur arrestation dans la rue et l’érection de l’inspection des Daaras en direction, avec l’accroissement des responsabilités, des moyens, du personnel, pour mieux prendre en charge les préoccupations de cette frange importante que constituent les écoles coraniques.
Ainsi, M. Ndoye martèle qu’ils ne vont plus accepter que n’importe quel individu, avec 2 à 3 enfants, se réclame ‘’maitre coranique’’. A ses yeux, cela permettra d’éviter les nombreuses dérives de personnes souvent étrangères à l’enseignement coranique. Il considère que la réglementation est devenue une nécessité.
Sur cette même lancée, ils s’étonnent du recrutement d’un nombre important d’enseignants et de professeurs, tandis que les maitres coraniques sont laissés en rade. Ils réclament des formations de trois mois, des séminaires ou des ateliers de partage, pour réussir à instruire, éduquer et former cette jeunesse qui a opté pour l’éducation religieuse.
‘’Nous réclamons la fin de la mendicité. Mais il y a un grand mais. Il faut des mesures d’accompagnement pouvant permettre à ceux qui pratiquaient cela de garder les talibés dans les Daaras. Il faut aussi les former à des métiers comme l’agriculture ou l’élevage, dans les zones rurales ou à des métiers artisanaux et technologiques. L’ordinateur doit entrer de plain-pied dans les Daaras. C’est aussi l’occasion de récupérer les enfants qui n’ont pas la chance de mémoriser le Saint Coran. Pour les Daaras traditionnels qui ne peuvent pas abandonner tout de suite la main tendue, est-ce qu’il ne serait pas possible de tolérer la mendicité aux heures de repas, sans pour autant que les talibés passent la journée ou la nuit dans la rue ?’’, s’interroge M. Ndoye. Qui fait remarquer que beaucoup des points soulignés sont pris en charge par le projet de loi.
Sa promulgation permettrait, dit-il, de doter le sous-secteur d’un cadre juridique qui favorisera l’élaboration de chartes à même d’encadrer et de gérer de façon transparente les Daaras. S’il y a des entraves, ils demandent à l’Etat de communiquer sur le projet pour lever toute équivoque. ‘’Un nombre important de ‘’serignes-daara’’ sont rebutés par la paperasserie. Si on arrive à fournir une attestation, un extrait de naissance, un casier judiciaire, ces trois pièces nous paraissent largement suffisantes pour ouvrir un Daara.
Nous ne pouvons pas exiger l’érection d’un Daara à côté de chaque école publique. Mais des efforts sont souhaités à ce niveau. Chaque région, chaque département, voire chaque commune doit disposer de Daaras publics modernes. Au parent de choisir là où il veut instruire ses enfants. Il n’y a qu’un seul Sénégal. Ceux qui veulent suivre les cours de l’école française ou les cours d’arabe ont la latitude de le faire dans des cadres appropriés. Donc, ceux qui veulent fréquenter les Daaras doivent avoir la possibilité, le soutien et l’encadrement nécessaires pour la mémorisation du Coran, sans forcément mendier’’, soutient le coordinateur de l’ASSOIMEC.
De ce fait, il souhaite l’érection de l’inspection des Daaras en direction, pour mieux prendre en charge les préoccupations des écoles coraniques. Il tend la main au ministère de l’Education nationale pour la réalisation de la noble mission de créer des Daaras modernes et d’offrir un enseignement-apprentissage de qualité, gage de succès de ce sous-secteur, fondement historique de l’éducation au Sénégal.
CHEIKH THIAM