Le martyre des usagers, hier

La grève des transporteurs a eu un impact indéniable sur les usagers de la route. Devant l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et à Sahm, les usagers n'étaient pas à la fête.
10h hier devant la grande porte de l'Université Cheikh Anta Diop. L'animation quotidienne a cédé la place à un calme seulement perturbé par les véhicules qui passent par cet axe routier. D'habitude, l'endroit est envahi par Cars rapides et ''Ndiaga Ndiaye''. Du fait de la grève des transporteurs, les rabatteurs, communément appelés ''coxeurs'', et les inévitables apprentis-chauffeurs sont invisibles. Sont présents des groupes d'étudiants anxieux de trouver un moyen de transport. Le seul car Ndiaga Ndiaye visible a déjà fait le plein de clients. Il s'apprête à partir. Le chauffeur Ibra Fall a décidé de ne pas observer le mouvement de grève décrété par le Syndicat. Il s'en explique : ''Mon véhicule est tombé en panne. Je viens de le réparer. Il me faut circuler pour compenser ce que j'ai dépensé pour la réparation. ''Vu la rareté des cars de transport, il a de fortes chances d'avoir son compte, avant la fin de la journée. En effet, les clients se bousculent. Si les uns prennent leur mal en patience et attendent patiemment un car qui ne vient pas, d'autres préfèrent marcher pour se rendre à leur destination. C'est le cas de Khalifa Ababacar Diouf, étudiant en première année à la faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Diop. La sueur dégoulinant de son front, le jeune étudiant veut se rendre à l’École Supérieure d’Économie Appliquée (ESEA, ex-ENEA), située en face de la direction générale de Dakar Dem Dikk. ''J'attends depuis plus de 30 mn un car pour aller réviser à l’ENEA, en vain. Là, je vais y aller à pied pour revenir à 15h à l'Université'', souffle-t-il. S'il ignore la raison pour laquelle les transporteurs sont en grève, il confesse qu'il a souffert en se rendant à l'Université, un peu plus tôt. ''J'habite à Diamagueune. Ce matin, il a fallu que mon grand frère me dépose avec son véhicule pour que j'arrive à temps à la Fac'', souligne-t-il. Pareil pour Aminata Barry. L'étudiante en Management et Commerce International à ITECOM, renseigne que la majeure partie de ses camarades de classe ne sont pas venus en cours, à cause de la grève des transporteurs. ''Parmi les 162 étudiants, seuls 20 ont assisté aux cours'', dit-elle.
Ailleurs, à Sahm, c'est le même spectacle. Ici, les gens se bousculent à l'approche de chaque bus Tata, les seuls à circuler en plus des bus Dakar Dem Dikk dont les rotations sont très lentes. Un car rapide bondé de passagers s'apprête à rallier Ouakam. Après plusieurs tentatives, le chauffeur, confortablement installé au volant, accepte de se prononcer sur la grève de ses collègues. ''Ce n'est pas mon problème si mes collègues ont décidé de faire grève. Je fait ce que j'ai à faire, un point c'est tout'', lâche-t-il. Ici, les usagers auraient aimé qu'il y ait beaucoup plus de défaillants. Hellène Ndour, âgée de 64 ans, se désole de cette situation. ''J'ai quitté Ouakam tout à l'heure, après plus de 30 mn d'attente d'un car, pour venir faire des achats à Sahm. Je sors à peine de la boutique, je crois que je vais encore patienter.''
Devant le désarroi des usagers, les apprentis en profitent pour porter l'estocade en doublant le prix du transport. À quelques mètres du portail du casino Sahm, le seul apprenti en vue vocifère : ''Université 100 F, université 100 F''. Les clients ne tardent pas à réagir. ''Depuis quand le billet Sahm-Fann coûte-t-il 100 francs ?'', rouspètent les uns et les autres. N'empêche que le car est pris d'assaut par les usagers. À peine une poignée de minutes se sont écoulées. Le car s'en va vers sa destination, laissant sur place des citoyens désemparés.