Grève Sames
Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) était hier en assemblée générale à Kédougou. ‘’Cette mobilisation exceptionnelle du BE et des camarades des autres régions, est motivée par la volonté de mener une lutte vigoureuse pour la sauvegarde de la dignité de la profession médicale. La mise sous contrôle judiciaire n’est nullement une fin en soi, l’équipe du bloc opératoire du centre de santé de Kédougou qui a été lavée de tout soupçon par les experts, doit être blanchie totalement par la justice’’, explique-t-on dans une déclaration reçue à ‘’EnQuête’’.
Une détention aux conséquences graves. En effet, informe le Sames, ‘’la détention inexpliquée de ces agents de santé a perturbé le système de référence et contre-référence sanitaire dans cette localité où la communauté souffre depuis plusieurs années d’un accès difficile aux soins curatifs. Et durant ces six jours de garde à vue qui a entrainé la fermeture du bloc opératoire, six femmes enceintes ont été évacuées à l’hôpital régional de Tambacounda dont trois ont accouché en cours de route avec deux mort-nés et un en réanimation néonatale’’.
Sur un autre plan, regrette l’organisation, ‘’ce type de décision anéantit tous les efforts de l’État et du ministère de la Santé et de l’Action sociale et de ses partenaires, pour éviter les décès de femmes enceintes et des nouveau-nés’’. Il attire l’attention du procureur sur un autre danger. ‘’Le Sames signale les menaces proférées à l’endroit de Dr Léonce Faye par le mari de feue Doura Diallo. Le procureur a ici un cas patent de menace de mort à travers les médias. Le Sames tient à rappeler qu’en deux ans, trois agents de santé ont été emprisonnés pour des affaires banales dans cette région’’.
...Une situation qui alerte le Sames qui considère qu’il y a une volonté manifeste de causer du tort au système de santé de Kédougou par le parquet. Aussi, lit-on dans la note, ‘’considérant la tendance d’emprisonnement quasi systématique des agents de santé devant tout accident ou incident survenu à l’hôpital, le Sames exige : les garanties d’un procès rapide juste et équitable pour l’affaire dite de Kédougou ; la prise de dispositions réglementaires instituant la consultation du ministre de la Santé et de l’Action sociale, ainsi que le président de l’Ordre national des médecins du Sénégal avant toute audition ou poursuite d’un agent de santé, pour ne pas provoquer des décès évitables à cause de décisions précipitées du parquet ; des concertations entre les ministères de la Justice, de la Santé et le Haut conseil de la magistrature’’.
En attendant d’en arriver à tout cela et face à ‘’l’absence de toute proposition de l’État du Sénégal, le Sames décrète un mot d’ordre de grève de 72 heures renouvelables. La grève concerne toutes les activités cliniques et de coordination ainsi que les actes médico-légaux (genre de mort, expertises, certificat pour coups et blessures, autopsie, etc.). Quant à la population de la région Kédougou et celle du Sénégal en général, le Sames réitère sa manifeste volonté de l’accompagner dans la perpétuelle recherche de solutions aux problèmes sanitaires, avec l’appui des autorités.