Publié le 9 Oct 2017 - 15:29
AN III DE ‘’UBBI TEY, JANG TEY’’

Les écoles prêtes à accueillir leurs élèves 

 

A quelques exceptions, les établissements scolaires sont dans les dispositions d’ouvrir leurs portes aux élèves pour le démarrage des cours, aujourd’hui. C’est ce qu’ont affirmé les responsables d’école et inspecteurs. Le concept ‘’Ubi Tey, Jang Tey’’ fait, donc, son bonhomme de chemin, du côté de l’Etat. Reste à voir si les parents ont pris les mêmes mesures pour que leurs enfants se présentent en classe à 8 h pile.  

 

‘’Oui, qu’est-ce que vous voulez ?’’, demande la surveillante aux nouveaux venus. L’un après l’autre, chacun décline la raison de sa présence sur les lieux. A chaque interlocuteur, la dame essaie de donner satisfaction. A quelques jours de la rentrée, c’est la grande affluence au bureau de la surveillante générale du lycée de Thiaroye. Les élèves et leurs parents sont venus, soit pour s’acquitter des inscriptions, soit pour chercher des informations sur la situation d’un fils ou d’une fille. Dans cet établissement, affirme le proviseur, se concrétise d’année en année le concept ‘’Ubi Tey, Jang Tey’’ (démarrer les cours le jour de la rentrée) initié depuis 2013 par la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'école publique (COSYDEP) et prôné par le ministre de l’Education nationale. ‘’Je viens, certes, d’arriver dans cet établissement. Mais d’après les rapports qui m’ont été servis, depuis des années, chez les élèves comme chez leurs parents, ‘’Ubi Tey, Jang Tey’’ est un slogan qui est passé et accepté’’, confie le nouveau proviseur du lycée, Tamsir Sylla.

Situé en banlieue dakaroise et niché au cœur du camp Thiaroye, cet établissement accueille chaque année des centaines d’élèves du département de Pikine et ses environs. Dans la cour, des hommes s’activent au désherbage. L’heure est aux derniers préparatifs. Et la situation sera d’autant moins compliquée que le terrain sablonneux a été épargné par les inondations. A l’image de ce lycée, les autres établissements prennent aussi les dispositions nécessaires pour accueillir les élèves en salles le jour de la rentrée. ‘’Déjà, tous les proviseurs de l’Académie de Pikine-Guédiawaye se sont réunis pour arrondir les angles et accorder les violons. L’essentiel du travail préparatoire a été effectué. Il s’agit donc d’établir les listes, classe par classe. Ce qui est fait aux trois niveaux seconde, première et terminale. Les listes sont affichées’’, se réjouit-il.

Dans son établissement, M. Sylla affirme que, depuis mi-septembre, les élèves s’inscrivent. Les emplois du temps des professeurs sont prêts et remis traditionnellement, le jour de la rentrée des enseignants, le 4 octobre. ‘’Nous avons pris un engagement, le ministre de l’Education, Serigne Mbaye Thiam, s’est réuni avec les différents acteurs, en particulier les inspecteurs d’Académie. Ces derniers ont fait des réunions de restitution au sein de leur circonscription, avec les chefs d’établissement. Le lycée de Thiaroye fait partie des écoles qui avaient levé le doigt et ont pris l’engagement de démarrer les cours le lundi (NDLR : aujourd’hui)’’, indique-t-il.

‘’Nous avons la bonne volonté de bien faire’’

Sis à une trentaine de mètres du lycée, le collège d’enseignement moyen (CEM) Thiaroye 44 s’apprête aussi à recevoir ses élèves. Sur place, les parents, en majorité des femmes, sont assis devant le bureau du principal. Ils viennent s’occuper des orientations de leurs enfants. Cet établissement est même en avance sur le lycée, puisque qu’il a déjà été désherbé. ‘’Nous avons la volonté de bien faire, de marquer une année paisible. ‘’Ubi Tey, Jang Tey’’, c’est le concept qui ne veut pas dire qu’on va démarrer le même jour. Mais c’est un slogan qu’il faut comprendre dans le sens philosophique, qui veut faire en sorte qu’il y ait moins de retard dans le démarrage des cours, après la rentrée officielle. Au moins, dans la même semaine, que les gens puissent commencer les cours. C’est, à mon avis, le sens que le ministre veut accorder à ce concept’’, relativise le principal du CEM Thiaroye 44, Samba Sèye.

De son point de vue, si l’ouverture des classes a lieu le 9 octobre, les élèves peuvent rejoindre les écoles deux ou trois jours après. ‘’’Jang’’’ (NDLR : apprendre), ce n’est pas uniquement entrer dans les salles de classe. Dans la cour aussi, on apprend. Le fait de rencontrer ses camarades, d’échanger avec eux des moments de plaisirs passés, tout cela, c’est dans le concept ‘’Ubi Tey, Jang Tey’’, atteste-t-il. Même s’il est vrai qu’il reste des choses à faire, M. Sèye assure que ‘’tout sera mis à jour’’, qu’il s’agisse de la réfection des salles de classe, des toilettes, etc. ‘’Tout le matériel pour commencer les cours est déjà disponible. Les emplois du temps le sont également depuis le mois de septembre. Ils ont été livrés aux enseignants pour qu’ils sachent à quoi s’attendre’’, assure le chef de l’établissement.

Renforcer les objectifs atteints l’année passée

De leur côté, depuis un mois, les inspections d’Académie aussi sont dans le cadre de la préparation de la rentrée. Pour l’essentiel, à l’Inspection d’Académie (IA) de Dakar, les inspecteurs de l’éducation et de la formation (IEF) ‘’se sont engagés’’, selon l’inspecteur d’Académie Ngary Faye, à ‘’faire fonctionner toutes les écoles élémentaires’’ le jour de la rentrée. Pour les collèges, ils ont également travaillé pour qu’ils démarrent le même jour. ‘’L’IA a fait le point avec tous les proviseurs qui sont, à plus de 70 %, disposés à démarrer les cours à partir du 9 octobre’’, se félicite-t-il. Dans ce dessein, il y a des mesures qui ont été prises en amont. Il s’agit de l’allocation des subventions aux établissements, de la dotation des fournitures de la part des collectivités locales. Des réunions préparatoires entre acteurs et autorités locales ont aussi eu lieu. ‘’On n’a pas l’ambition, avec le principe ‘’Ubi Tey, Jang Tey’’, de dire que tous les élèves seront dans les classes le jour de la rentrée. L’objectif, c’est de faire le maximum par rapport à l’année précédente. On y travaille, et même dans les lycées qui ne le faisaient pas, cette année, ils sont dans le jeu. Il y aura un renforcement des objectifs atteints l’année passée. On va les dépasser de manière radicale’’, promet l’inspecteur Faye.

Toutefois, le chef de l’IA de Dakar reconnait qu’il y a des contraintes qui ont été évoquées par les responsables de certains établissements. La première, c’est la disponibilité des locaux, surtout pour les lycées en rénovation. ‘’Beaucoup d’établissements sont en réhabilitation et le but c’est d’avoir un dispositif qui permette, même si les travaux continuent, que les enseignements ne soient pas trop perturbés’’, explique M. Faye qui a sous sa responsabilité 54 lycées et collèges. Ces écoles en question sont le lycée de l’Unité 13 des Parcelles-Assainies, Ngalandou Diouf, John F. Kennedy, Blaise Diagne et Lamine Guèye.

Loin du centre-ville, dans la banlieue, des cas d’écoles inondées ont aussi été signalées. ‘’Nous avons remis la liste au préfet. C’est à partir de ces informations qu’il actionne les sapeurs-pompiers et la protection civile. Les écoles Thiaroye Gare 1 B, Sam Sam 3, Keur Mbaye Fall 2 sont les plus impactées. L’année dernière, c’était à peu près la même situation. Mais tout a été réglé avant la rentrée’’, rassure l’inspecteur Papa Ibrahima Camara de l’IEF de Thiaroye.

L’équation des vacances prolongées

Même si le personnel administratif affiche sa volonté de démarrer les cours le jour de la rentrée, pour la matérialisation du concept ‘’Ubi Tey, Jang Tey, il faut noter que les écoliers restent le souci majeur, comme le souligne le principal du CEM Martyrs Seck de Thiaroye, Sada Kane. ‘’Présentement, les élèves ne viennent pas du tout s’inscrire. C’est une habitude chez eux de trainer les pieds pour ne pas venir le jour de la rentrée. Mais nous allons commencer avec ceux qui seront là le jour J’’, avertit M. Kane.

En réalité, à moins d’une semaine de la rentrée, la cour est presque déserte, seuls quelques parents sont venus s’acquitter des droits d’inscription de leurs enfants. ‘’Dans la banlieue, c’est extrêmement compliqué. Nous sommes dans des localités où les parents comme les élèves ne prennent pas au sérieux l’éducation. Ils ont toujours des vacances prolongées. Ils ne sentent pas l’urgence d’emmener leurs enfants très tôt à l’école. C’est la raison pour laquelle, pour nous, c’est un peu compliqué de respecter ce concept’’, avoue-t-il.

Pour le principal du CEM Martyrs Seck, il faut ‘’peut-être sensibiliser’’ les élèves, à la fin de l’année scolaire. ‘’Même là je ne pense pas que cela puisse permettre d’avoir une rentrée effective le premier jour. C’est devenu une tradition. Les élèves n’ont pas cette habitude et c’est extrêmement compliqué de faire disparaître cette mauvaise coutume. Peut-être, au fil du temps, ils vont comprendre. Cependant, dans l’immédiat, ce serait très difficile, voire impossible de traduire en acte ce concept’’, insiste M. Kane.

En réalité, durant les trois années qu’il est à la tête de ce collège, il n’y a jamais eu une effectivité du concept ‘’Ubi Tey, Jang Tey’’. Les cours commencent une semaine ou deux après la rentrée. ‘’Maintenant, j’essaie d’inverser la tendance.

J’ai demandé à tous les professeurs de faire cours, dès les premiers jours, avec les élèves qui sont présents, surtout pour les classes de 3e qui doivent préparer l’examen du Brevet de fin d’études moyennes (BFEM). Si les autres sont au courant que les camarades font cours, automatiquement, ils vont venir. C’est un effort que nous faisons. Mais ce n’est pas facile’’, admet-il. D’ailleurs, pour faciliter l’accueil des élèves le jour de la rentrée, surtout les nouveaux, M. Kane a mis en place un comité chargé de les orienter. Bref, même si on est encore loin du 100 %, la volonté affichée et les initiatives prises çà et là permettent d’espérer qu’arrivera un moment où tous les élèves du Sénégal seront dans les salles le jour de la rentrée, à moins d’obstacles incontournables.  

MARIAMA DIEME

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