Publié le 9 Apr 2014 - 13:03
ILS AVAIENT TUÉ UN BOUTIQUIER POUR 38.000 F

Prison à vie pour le gang de Kocc

 

La Cour d’assises de Dakar a condamné hier une bande de cinq voleurs aux travaux forcés à perpétuité. Les malfaiteurs avaient, en 2007, poignardé mortellement un boutiquier pour 38.000 francs CFA.

 

En prison depuis 2007, la bande à Kocc - Seyni Bangoura à l’état civil, composée de Pape Sanoussi Camara alias Gabar, Moussa Mbaye, Cheikh Diop et Khadim Ngom, devra y rester jusqu’à la fin de la vie de ses membres. Hier, ils ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité par la Cour d’assises de Dakar. Multirécidivistes avec des casiers judiciaires chargés, les cinq accusés avaient, dans la nuit du 28 novembre 2007, cambriolé la boutique du nommé Abdoulaye Diallo, à Pikine.

Il était 23h et le boutiquier s’apprêtait à fermer sa boutique, lorsque les cambrioleurs ont fait irruption pour le tenir en respect avec un couteau. En plus d'emporter sa recette chiffrée à 38.000 francs, ils lui ont aussi ôté la vie, en le poignardant au cou, devant son neveu mineur. Après leur forfait, les malfaiteurs s’étaient fondus dans la nature. Leur cavale a pris fin, après l’arrestation de Seyni Bangoura alias Kocc, incarcéré dans une autre affaire.

Extrait de prison le 7 janvier 2008, le détenu avait désigné les nommés Ibou Laye alias Djinné, Ngagne, Pape Sanoussi Camara dit Gabar, Moussa Mbaye et Khadim Ngom. Il précisait qu’ils étaient tous en état d’ébriété. Circonscrivant le rôle de chacun, Bangoura avait expliqué aux policiers que Gabar et lui s’étaient chargés de vider la caisse, tandis que Moussa Mbaye tenait en respect le boutiquier, avant de le poignarder.

Entendu à son tour, Khadim Ngom avait allongé la liste en désignant un certain Cheikh Diop. Toutefois, celui-ci avait contesté les faits arguant avoir été confondu avec un autre Cheikh Diop. Lequel sera appréhendé au profit du premier libéré après avoir bénéficié d’un non-lieu. Outre Cheikh Diop, Gabar aussi avait nié sa participation au cambriolage, tout en désignant Kocc et autres.

Dénégations tous azimuts

Hier, à la barre, Gabar a maintenu ses dénégations. Il a argué avoir été cité injustement par Kocc, à cause d’un antécédent. ‘’Il m’en veut, car il me reprochait de vendre du chanvre indien dans leur quartier de Guinaw Rail. Nous nous sommes même bagarrés en prison’’, s’est défendu le dealer.

Avant de charger deux policiers qui, dit-il, l’ont arrêté parce qu’il ne leur avait pas versé les recettes provenant de la vente de chanvre indien. Cependant, il n’a pas été le seul à contester les faits. Ses co-accusés ont réfuté catégoriquement leurs aveux faits à la police et devant le magistrat instructeur.

Chacun y est allé de ses arguments de défense, les uns plus saugrenus que les autres. La plupart ont laissé entendre qu’ils se sont connus en prison. ‘’J’ai connu mes co-accusés en prison. Je n’ai jamais dit au juge que ma technique était le pickpocket’’, s’est défendu Cheikh Diop. Désigné par ses acolytes et par le neveu de la victime, depuis l’enquête, comme auteur du coup fatal au boutiquier, Bangoura a nié avoir assisté au cambriolage.

‘’Je n’ai jamais cité Camara et nous ne nous sommes jamais bagarrés en prison’’, a-t-il dit, même s’il reconnaît Gabar qui est son cousin. ‘’Je n’ai même pas été entendu. Les policiers ont toujours désiré mon incarcération, car un jour, j’avais une altercation avec le fils d’un policier, mais j’ai été relâché’’, s’est défendu pour sa part Moussa Mbaye.

Pour le substitut général, ces dénégations ne sauraient disculper les accusés. Convaincu que Kocc est l’auteur du coup porté à la victime, El Hadj Gormack Tall a requis 15 ans de travaux forcés contre l’accusé.

Et 10 ans de travaux contre le reste de la bande. Confortée par les dénégations de leurs clients, la défense a estimé que les accusations des co-inculpés ne constituent pas de preuves. Aussi, les conseils des accusés ont-ils plaidé l’acquittement au bénéfice du doute à défaut d’un acquittement pur et simple. Les robes noires n’ont pas convaincu les juges qui sont allés au-delà du réquisitoire du parquet général, en condamnant les accusés à vie. 

FATOU SY

 

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