Le social respire
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Dans un campus presque vide et une forte présence de la gendarmerie, Macky Sall et son gouvernement ont inauguré les derniers pavillons construits par l’Etat pour enrichir 4 000 nouveaux logements de l’Université Cheikh Anta Diop.
Une cérémonie sobre dans un campus vidé de son monde. Tel pourrait être le bref condensé de l’après-midi du président de la République Macky Sall au temple du savoir, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Reconnaissons, avec le chef de l’Etat, que contrairement à la visite précédente en 2015, cette fois, ‘’il n’y a même pas eu de jet de coton’’, sourit Macky Sall sous les applaudissements euphoriques d’un public mi-étudiant, mi-militant. Il n’empêche que le président de la République est très content de l’accueil qu’il a eu loin du grand campus de Cheikh Anta Diop. Puisque le palais lui a préféré, cette fois, l’Esp, ex-Ensup, où sont localisés deux pavillons sur les six nouvellement construits.
Dans le jardin des politiciens, Macky Sall jette une grosse pierre : ‘’Evitons ceux qui pensent qu’ils peuvent jeter de l’huile sur le feu. Nous avons aussi été dans le mouvement politique. Nous savons comment ça se passe et rien n’a changé. Il y en a qui disent à leurs étudiants : Allez prendre les mots d’ordre. Essayer de chauffer l’université. Jetez des cailloux… On connait tout ça. Heureusement, il n’y a même pas de coton qui a été jeté.’’ Loin d’être nihiliste, Macky Sall dit être conscient des multiples difficultés qui assaillent le monde estudiantin. ‘’Le nombre d’étudiants qui arrivent, dit-il, fait qu’il est difficile de régler tous les problèmes de logement, de restaurant… Mais soyez rassurés que vous trouverez toujours en mon gouvernement des partenaires sûrs. Déjà, je vous exhorte à développer le culte de l’excellence, de la responsabilité et de la citoyenneté’’.
Le dirigeant syndical qui échoue n’est pas un modèle
Après avoir brocardé les politiques, Macky, toujours taquin et provocateur, a lancé aussi un petit pavé dans la mare des leaders des syndicats d’étudiants qui échouent tout le temps aux examens. Il déclare : ‘’Un dirigeant doit réussir. Comment diriger vos camarades, si vous ne réussissez pas ? Le respect du dirigeant passe aussi par ses capacités à réussir à ses examens. S’il échoue, comment il peut conduire le mouvement ? Il n’est même pas un modèle.’’ Aux étudiants, le chef de l’Etat appelle également à un esprit de dépassement. L’université, pour lui, ce n’est pas seulement un espace d’acquisition de connaissances. ‘’L’université accueille, forme et forge ce que nous avons de plus précieux : notre jeunesse, l’avenir de la nation. C’est aussi un endroit où l’on acquiert un esprit critique, un esprit de dépassement, de sacrifices et d’efforts autour des valeurs de solidarité, d’entraide et de respect mutuel. Cela a toujours joué entre étudiants. En tant qu’ancien pensionnaire, il conseille aux étudiants ‘’d’être endurants’’, exhorte-il.
Pas avare en conseils, il poursuit : ‘’Soyez conscients que vos difficultés sont à la limite normale dans le processus de formation de vos esprits. Vous devez être éprouvés dans vos esprits ainsi que dans votre corps pour pouvoir faire de vous, demain, les cadres qui prendront le relais et assureront la gouvernance du pays, comme les membres du gouvernement qui sont là, les recteurs, comme les policiers’’.
Eh oui ! Comme les policiers avec qui ils se battent souvent sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Le président se répète et assure : ‘’Attention, vous pouvez être des commissaires de police ou officiers de la gendarmerie. Eux aussi étaient étudiants. Nous sommes une nation et l’université forme à tous ces métiers.’’
Bassirou Faye
Une transition toute trouvée pour embrayer sur les évènements douloureux de Saint-Louis ayant emporté la vie de Fallou Sène à l’Ugb, en juillet dernier. ‘’Je suis très sensible à votre message sur la justice. Bien sûr que la justice devra s’exprimer, s’exercer, mais ce sera par ceux qui en ont la charge, pas par vous étudiants ou à nous gouvernants. Il appartient aux magistrats et aux seuls magistrats d’appliquer la justice au nom du peuple’’, souligne Macky Sall. A l’image des étudiants, le président s’est désolé de cette mort qui est intervenue à un moment où, estime-t-il, d’énormes efforts étaient en train d’être faits.
‘’On ne peut pas investir autant, même plus, pour que les étudiants réussissent et souhaiter de tels évènements. Notre volonté est donc de vous mettre dans les meilleures conditions pendant cette étape de la vie. Ce qui vous attend est beaucoup plus difficile’’, prévient-il.
Bourses
Concernant les difficultés relatives au processus de retrait des bourses dans les guichets d’Ecobank, le chef de l’Etat promet que, bientôt, ce ne sera qu’un vieux souvenir. En effet, tout porte à croire que le monopole de la ‘’banque panafricaine’’ sera brisé’’. ‘’Des mesures, assure-t-il, ont déjà été prises pour diversifier les acteurs dans les campus, puisque le volume est devenu important, les attentes tellement fortes. Le ministre des Finances prendra des mesures pour qu’il y ait d’autres banques dans les campus afin de faciliter les conditions de retrait’’.
LE BILAN DE MACKY SALL 436 milliards FCfa en six ans Par ailleurs, le chef de l’Etat est revenu sur son bilan, en six ans, qu’il juge plus qu’élogieux, malgré les efforts qui restent à accomplir. Pêle-mêle, il cite : l’augmentation des bourses et aides, la baisse du prix des tickets, le recrutement d’enseignants, dont 200 dernièrement… Mieux, il promet qu’à partir de 2020, 50 enseignants vont être recrutés, chaque année, voire 60, pour atteindre les ratios d’encadrement fixés sur le plan international, c’est-à-dire un enseignant pour 25 étudiants, au lieu des 1 pour 40 présentement à l’Ucad. L’éducation et la formation, pour Macky Sall, c’est la voie pour assurer le progrès. C’est l’une des voies les plus appropriées pour assurer l’égalité des chances, la réussite individuelle et collective. ‘’C’est dans ce cadre, explique-il, que, dès 2013, il a enjoint son gouvernement de conduire les travaux sur les réformes de l’enseignement supérieur, à l’occasion des concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur. C’était, dit-il, pour apporter une analyse objective et des réponses adéquates. Les 11 décisions qui sont issues du Conseil présidentiel constituent une feuille de route et un plan d’action pour faire de ce secteur un levier de l’émergence’’. La construction des nouveaux pavillons, selon lui, est à inscrire dans cette même dynamique qui a pour finalité d’améliorer les conditions d’existence des potaches. C’est aussi dans la même logique qu’il faut inscrire la libération de plus de 436 milliards de francs Cfa sur six ans. ‘’C’est plus que le double des ressources investies dans l’enseignement supérieur depuis les indépendances’’. Mieux, il renchérit que : ‘’Jusqu’en 2012, l’Ucad avait une capacité de 5 000 lits dont 1 000 hors d’usage. Avec les 5 800 nouveaux lits, nous avons plus que doublé ces capacités. Ces réalisations seront amplifiées par la réhabilitation de 7 000 lits et la construction en cours de 3 000 autres lits. Cela entre dans le vaste programme de construction de 30 000 lits dans les universités du Sénégal’’. |
MOR AMAR