Le procès du Procureur
Le ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, a procédé hier à l’inauguration du palais de justice de Thiès réhabilité et rénové par le gouvernement du Sénégal, en partenariat avec l’union européenne, pour 600 millions de F Cfa.
''Nous avons souffert, pendant plus de trois ans. Pendant trois ans, on nous a amené à rendre justice dans des conditions à la limite inhumaines. Nous ne voulons plus revivre les mêmes situations et les mêmes difficultés, sinon l’esprit de ce projet risque d’être faussé''. C’est là le réquisitoire du procureur de la République Ibrahima Ndoye, lors de la cérémonie d’inauguration hier du palais de justice de Thiès, présidée par le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Me Sidiki Kaba.
En présence de la famille judiciaire et différentes composantes de la société civile et des militaires, le procureur a peint les locaux qui abritaient jusque-là le tribunal régional de Thiès, comme un lieu de désolation et de déception. ''Le 24 novembre 2011, je quittais Dakar pour fouler le sol de la cité du Rail, avec l’espoir que ma prise de service allait se passer dans le temple de Thémis. Un temple qui devait justement représenter le sanctuaire de la justice, un cadre d’expression des libertés et de redressement des torts, un cadre qui soit à la hauteur de la dignité qui sied au pouvoir judiciaire.
Mais ce jour-là, en arpentant les couloirs aussi exigus que mal éclairés de l’imposante bâtisse, la désolation et la déception étaient à la hauteur de l’énorme attente de ce grand espoir de prendre en charge le phénomène de la délinquance locale, dans un cadre qui allierait respectabilité et honorabilité''. C’est pourquoi il a remercié l’État du Sénégal et l’UE d’avoir permis à Thiès de disposer d'un bon cadre pour rendre la justice.
La grande équation du suivi et de l’entretien
Le procureur a également plaidé pour ''le suivi et l’entretien''. Car selon ses dires : ''Un tel bâtiment nécessite un entretien qui va générer des dépenses énormes'' que leur budget ne permettra pas de prendre en charge. Le ministre de la Justice s'est montré réceptif à ces plaidoiries. ''Pour rendre la justice, a souligné Me Sidiki Kaba, il faut des conditions de sécurité, de confort, de calme et de tranquillité dont les magistrats ont besoin.
Et pour cela, il faut un véritable temple de Thémis pour rendre cette justice de manière équitable et juste. C’est la raison pour laquelle, il faut s’investir sur l’ensemble du territoire national et, après Thiès, nous allons inaugurer la Cour d’appel de Kaolack la semaine prochaine, et très bientôt, d’autres juridictions vont suivre’’, a-t-il promis.
Enfin un palais de justice à Thiès
La nouvelle bâtisse va abriter aussi bien le tribunal régional de Thiès que la Cour d’Appel. La réhabilitation et l’extension ont été réalisées, dans le cadre du projet d’appui au programme sectoriel justice financé sur le 10e Fonds européen de développement (Fed). D’un montant global de 5,2 milliards de F Cfa, ce programme a pour objectif d’améliorer l’accès à la justice pour tous et de renforcer l’efficacité du système judiciaire. Un ouf de soulagement pour les populations de Thiès qui se sont longtemps interrogées sur la fin des travaux de rénovation du palais de justice entamé depuis bientôt 3 ans.
MORT DE L’ÉLÈVE SAPEUR CHÉRIF NDAO : ‘’Les personnes impliquées seront directement poursuivis’’ En marge de l'inauguration hier du palais de justice de Thiès, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Me Sidiki Kaba, s'est exprimé sur deux questions d'actualité : la mort de l’élève sapeur Chérif Ndao et la surpopulation carcérale. ''Nous avons un principe : chaque fois que nous avons connaissance d’un cas, la première des choses, c’est de demander une enquête pour ne pas verser dans la rumeur. La rumeur, ce n’est pas de l’information. L’information, c’est ce qui est précis. Nous allons doubler de l’enquête que nous allons faire, une expertise et ensuite une autopsie, pour déterminer la cause de la mort. Le certificat de genre de mort qui sera déposé nous informera exactement sur ce qui s’est passé. Les personnes impliquées seront directement poursuivies. Il appartiendra à ce moment à la justice de s’appliquer. C’est un principe indélogeable.'' 800 détenus seront libérés ''Le problème, à travers l’ensemble des prisons du Sénégal, c’est la surpopulation carcérale. Nous allons réguler le plus rapidement possible ce problème. Et par conséquent veiller sur cet aspect, parce qu’une faute commise peut entraîner une sanction. Mais cette sanction est une privation temporaire de la liberté. Au moment où on est dans les prisons, on doit pouvoir bénéficier de tous les autres droits qui permettent d’être un citoyen capable de participer à la vie politique, économique et sociale de son pays. Donc, nous allons utiliser plusieurs aspects. Un des outils, c’est l’utilisation de la libération conditionnelle. Les détenus qui auront fait la moitié de leur peine et qui auront montré une bonne conduite, nous leur offrons une deuxième chance. Ils ont la possibilité, à ce moment, d’être libérés et d’être insérés au sein de la société. Par ce biais, nous allons libérer, dans les semaines à venir, près de 800 détenus, sur l’ensemble du territoire national, montrant ainsi que nous avons confiance en l’homme et en sa capacité à se réhabiliter et à se réinsérer au sein de la société.'' |
N. F. NIANG THIÈS