Lalla Kamara et la grâce de Porokhane
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La famille Kamara a enfin pu organiser la cérémonie funéraire de leur défunte fille, Lalla Kamara. Après l’enterrement à Touba, parents, amis et voisins ont présenté leurs condoléances à Kaolack. En écho au Magal de Porokhane, le marabout Serigne Mountalla Mbacké ibn Serigne Fallou Mbacké trouve que ‘‘Lalla bénéficie d’un jour spécial’’.
La famille Kamara a accueilli, hier, avec tristesse, la dépouille de Lalla Kamara, à Kaolack, plus précisément à Kasaville où membres de la famille, amis et voisins ont présenté leurs condoléances. A 14 h 15 mn, le cortège funéraire revenant de Touba a créé une énorme émotion chez les uns et les autres. La grande cour de la demeure des Kamara s’est révélée trop petite pour accueillir ce beau monde. C’est dans la dignité que le père de la défunte, Papa Alioune Kamara, vêtu d’un boubou de couleur marron, entouré de ses parents, amis et voisins, a reçu les hommages. Leur guide spirituel, de la descendance de Cheikh Akhmadou Bamba Mbacké, a assisté à la cérémonie funéraire. Puisque ‘‘Alliance’’, c’est le surnom du père de la défunte, est un fervent fidèle mouride. Sa fille Lalla avait suivi cette voie.
A Touba, les familles Serigne Fallou Mbacké, Bara Mbacké, Mourtada Mbacké, Serigne Modou Aissa, Serigne Abdou Aziz Bara et Serigne Lahad ont assisté à l’inhumation. D’ailleurs, les représentants des trois dernières familles citées se sont rendus à Kaolack pour la présentation de condoléances. Ainsi, c’est Serigne Mourtalla, fils de Serigne Fallou, qui a dirigé les prières chez la défunte. Le chef religieux s’est aussi adressé à la famille et fait l’éloge de Lalla, la décrivant comme une personne serviable. Il a loué et témoigné des bonnes actions de Lalla à son endroit. ‘’Lorsque je me rendais à l’extérieur pour leur rendre visite, elle faisait tout pour moi. Elle était sur les pas de son père qui est un fervent talibé mouride. Cela pour vous dire combien elle tenait à donner à manger aux invités et savait les mettre à l’aise. Nous devons remercier le bon Dieu, de même que ses parents qui ont eu une fille exemplaire, qui s’évertuait à réussir dans sa vie’’, a-t-il déclaré.
Le marabout a ensuite fait un parallèle entre l’inhumation de l’étudiante, dans la journée d’hier, et la célébration du Magal de Porokhane (hommage à Mame Diarra Bousso, la mère du fondateur du mouridisme). ‘’C’est une grande chance pour Lalla, c’est un grand jour. Cela signifie tout simplement que l’on peut avoir bon espoir là où elle repose à Touba’’, a ajouté le marabout. Des déclarations qui ont reçu l’assentiment de la foule venue assister aux funérailles. Le guide religieux a également joué sur une autre fibre de la foi, en se réjouissant que cette cérémonie funéraire ait réuni autant de personnes. Ce qui, dans la croyance musulmane, est révélateur des bonnes pratiques d’une personne morte. ‘‘Rien que la foule nombreuse qui est venue à la cérémonie prouve aussi que ses parents ont de bonnes relations avec leurs proches. ‘’Cela peut nous amener à dire qu’elle bénéficie d’une bonne assistance. Et dans la religion musulmane, on dit que celui qui a bénéficié d’une assistance d’au moins quarante personnes peut compter sur la bénédiction d’Allah’’.
La famille reste muette
Lalla Kamara a été retrouvée morte dans son appartement, à Denton Court, Denton (Manchester), le samedi 9 mars dernier. La découverte macabre a été faite par un ami. Les enquêtes révèlent qu’elle a été poignardée au cou et le jeune Sénégalais Moustapha Dia reste le présumé meurtrier. Chez la défunte, la majorité de la famille n’a pas voulu se prononcer. Une instruction reçue au plus haut niveau de la famille. Aucune interview n’est accordée, pour mieux mettre à l’aise ceux qui sont chargés de suivre l’affaire en Angleterre. Le meurtre de Lalla demeure donc un mystère. Mais tout le monde reste serein et s’en remet au Tout-Puissant.
Alioune Badara Mbengue, opérateur économique, est le seul qui a pu se prononcer, malgré la douleur qui l’étreint. ‘’Je suis du même âge que son frère. Souvent, je la taquinais, en lui disant : Tu es ma préférée. Elle me souriait. Elle était joviale et généreuse. Notre tonton nous amenait acheter de la glace. Elle réclamait souvent sa glace. Quand ma grand-mère me donnait de la bouillie, j’en gardais pour elle’’, s’est-il souvenu. Il a quitté Paris pour assister aux funérailles. ‘’C’est vraiment dur de perdre une personne chère, en de pareilles circonstances. Depuis l’enfance, on ne s’était pas revu. Je n’ai pas eu la chance de la revoir, quand elle est venue en Italie afin de rejoindre l’Angleterre’’. Il prie pour la défunte.
Au nom des habitants du quartier, imam Kane a aussi formulé des prières pour le repos de l’âme de Lalla. La levée du corps a eu lieu hier, à Dakar, à la mosquée de Mermoz.
AIDA DIENE