Alima Fall et Cie risquent des peines de prison fermes
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Hier, le tribunal de Pikine a examiné une affaire complexe dans laquelle huit prévenus étaient jugés pour plusieurs infractions, notamment pour association de malfaiteurs, mise en danger de la vie d’autrui, vente illégale de produits pharmaceutiques, exercice illégal de la pharmacie, administration de substances nuisibles, publicité mensongère et usurpation de fonction. Malgré les accusations portées contre eux, tous les prévenus ont nié les faits, bien qu’ils aient admis se connaître et travailler ensemble dans le cadre de leurs activités commerciales.
Au cœur de cette affaire se trouve Alima Fall surnommée ‘’Alima Suppo’’, née en 2003. Elle a avoué fabriquer elle-même les fameuses pommades à base de karité, d’huile de fenugrec et d’autres ingrédients, notamment la ‘’pommade caviar’’. Alima a également confirmé avoir vendu des suppositoires traditionnels et avoir fait la promotion de ses produits sur TikTok. ‘’Je ne révèle pas les ingrédients, pour protéger mon secret professionnel’’, a-t-elle expliqué. Elle a néanmoins admis vendre des produits sans autorisation et a précisé qu’elle avait entamé des démarches pour obtenir une autorisation administrative. ‘’Je croyais que c’était des produits cosmétiques’’, a-t-elle ajouté.
Prenant la parole, Maty Mbaye, commerçante née en 1998, a expliqué qu’elle vendait des produits tels que des thés minceur, des pommades pour les fesses et des chaussures. Lors de son arrestation, elle avait en sa possession des produits dits ‘’bio’’. Elle dit ignorer que leur commercialisation était interdite. ‘’J’ai utilisé ces pommades moi-même ainsi que mes sœurs. Je ne savais pas que c’était illégal. Les produits ne sont pas toxiques, vous pouvez même boire les sirops’’, a-t-elle déclaré.
Elle a précisé s’être approvisionnée à Keur Serigne Bi, un lieu bien connu pour la vente de médicaments, et avoir suivi une formation dispensée par un Ivoirien du nom d’El Hadj. En revanche, Maty a reconnu avoir cessé de vendre des suppositoires après que des médecins ont attiré l’attention sur leurs dangers.
Pape Guèye, 27 ans et livreur pour Alima Fall, une des principales prévenues, a expliqué qu’il ne savait pas que les produits qu’il livrait étaient potentiellement dangereux. ‘’J’ai entendu dire que ça faisait grossir les fesses’’, a-t-il dit. Haoussou Ndiaye, née en 1976, a quant à elle nié toute implication dans la vente de produits illégaux. Elle a affirmé que des pots de collagène retrouvés chez elle lui avaient été offerts par une amie venue des États-Unis. ‘’Je ne vends que des tissus dans ma boutique’’, a-t-elle insisté.
Les témoignages et expertises
Le pharmacien Yankhoba Coly a rappelé que la vente de ‘’remèdes secrets’’ était interdite au Sénégal. ‘’Ces produits, qui n’ont ni indication ni composition claire, représentent un danger majeur pour la santé publique’’, a-t-il souligné. Dr Aminata Diop, inspectrice au ministère de la Santé, a confirmé que les produits trouvés chez Alima, Maty et Haoussou étaient illégaux. ‘’Aucun de ces produits n’a d’autorisation de commercialisation et ne respecte les normes sanitaires en vigueur’’, a-t-elle expliqué.
L’avocat de la partie civile, Me Massokhna Kane, a insisté sur l’importance de la santé publique dans cette affaire. ‘’C’est une question de santé publique. Ces personnes ne sont pas des pharmaciennes et ne devraient pas vendre ces produits. Il est crucial d’infliger une sanction exemplaire pour dissuader d’autres personnes de se lancer dans ce commerce lucratif, mais dangereux’’, a-t-il plaidé.
Le substitut du procureur a également souligné les risques pour les consommateurs, affirmant que ces produits présentaient un véritable danger pour la santé. ‘’Les prévenus ont admis qu’ils n’avaient pas les qualifications nécessaires pour vendre ces produits. Ils ont agi par appât du gain, mettant en danger la vie d’autrui’’, a-t-il ajouté.
Il a requis trois ans de prison ferme et une amende de 500 000 F CFA pour Alima Fall, deux ans de prison pour Haoussou Ndiaye. Pour Moussou Gassama et Pape Guèye, le maître des poursuites a requis un an de prison assorti d’une amende de 100 000 F CFA.
Les avocats de la défense ont plaidé la bonne foi de leurs clients, soulignant qu’ils ignoraient la législation en vigueur. ‘’Ils croyaient vendre des produits cosmétiques et non des produits pharmaceutiques. Ils n’avaient aucune intention de nuire’’, ont-ils insisté.
Le jugement dans cette affaire sera rendu le vendredi 7 février prochain.
MAGUETTE NDAO