Publié le 6 Feb 2025 - 20:41
INTERVIEW - AMADOU KANE, PRÉSIDENT DE L’ONCAV

‘’La violence n’est pas l’apanage des Navétanes ; c’est un phénomène de société…’’

 

Une semaine après la déclaration du chef de l’État Bassirou Diomaye Faye, en Conseil des ministres, concernant une réforme des Navétanes, le président de l’Organisme national de coordination des activités de vacances (Oncav), Amadou Kane, s’est exprimé dans nos colonnes. Il est revenu sur les propositions du chef de l’État, sur le fonctionnement de la structure et sur l’avenir des Navétanes.

 

Il y a une semaine, le président Bassirou Diomaye Faye a exprimé son désir de réformer les Navétanes, les considérant comme une des sources majeures de troubles à l’ordre public. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Vous savez que l’Oncav est une association nationale reconnue d’utilité publique. Nous sommes un démembrement de l’État. Quand le président de la République nous fait une offre pareille, nous ne pouvons que la saluer. D’ailleurs, nous avons écrit au chef de l’État, au Premier ministre et au ministre des Sports concernant cette décision de penser à améliorer les Navétanes. Tous les démembrements de l’Oncav sont satisfaits de cette proposition.

Depuis ces déclarations, avez-vous été approché par les hautes instances du pays pour en discuter ?

Nous sommes en contact permanent avec l’État. Étant un démembrement de l’État, il est évident que nous sommes en contact avec le ministère des Sports pour voir comment cela va se tenir. Sûrement, dans les jours à venir, les Sénégalais vont remarquer que des jalons ont été posés dans ce sens. Je voudrais que les gens comprennent que le président souhaite juste une amélioration de la fonctionnalité des Navétanes.

En tant que structure responsable de l’organisation des activités de Navétanes, qu’est-ce que l’Oncav a prévu pour leur régularisation, au vu des critiques concernant la violence ?

D’abord, je voudrais préciser que la violence n’est pas l’apanage des Navétanes ; c’est un phénomène de société. On la retrouve partout. Les gens profitent de nos activités pour transporter cette violence. Chaque fois qu’il y a eu des interpellations, ce sont souvent des personnes qui ne sont pas directement liées à ce que nous faisons. De plus, la violence ne se retrouve pas partout ; elle est généralement centrée dans la région de Dakar et un peu à Thiès. J’ai fait le tour du Sénégal, à Ziguinchor, à Louga, à Fatick, etc., pour assister à des matches de Navétanes, mais aucune violence n’a été notée dans les stades, malgré un public dépassant 10 000 personnes. Maintenant, Dakar, c’est la capitale. C’est là où tout se passe.

Pourquoi Dakar spécifiquement et qu’est-ce que l’Oncav fait pour y remédier ?

C’est un phénomène de société et il y a aussi le problème lié aux jeux de hasard. Il est essentiel que la police et les forces de sécurité continuent de traquer ceux qui créent des troubles, non seulement dans les Navétanes, mais aussi dans les rues. Certaines personnes profitent de nos activités pour semer le désordre. Chaque fois qu’une association sportive et culturelle (ASC) ou une personne a été impliquée dans des actes de violence, elle a été sanctionnée. Aujourd’hui, au-delà de la sensibilisation et des réunions techniques que nous organisons avec la police et la gendarmerie, nous expliquons à chaque ASC ce qui doit être son comportement durant toute la période des tournois.

Autrefois prévues sur la durée des vacances scolaires, pourquoi, selon vous, les Navétanes débordent-elles ?

Le premier problème réside dans les infrastructures. Par exemple, dans le département de Dakar, il y a moins de difficultés, car nous avons plusieurs terrains à Yarakh, aux Parcelles-Assainies, à Ngor et à Yoff. Malheureusement, dans la banlieue, il n’y a que les stades Amadou Barry, Alassane Djigo, Ngalandou Diouf et celui de Mbao. Dans d'autres régions, il n'y a souvent qu'une seule infrastructure pour tous les matches de Navétanes, ce qui épuise les stades et retarde les tournois. Avec un nombre suffisant d’infrastructures, nous pourrions organiser les compétitions en 45 jours.

Pensez-vous qu’il soit possible de remettre de l’ordre dans les Navétanes, avec de nouvelles infrastructures ?

Il y a déjà de l’ordre. Ce qu’il faut maintenant, c’est déterminer une période pour ces compétitions. Par exemple, si nous décidons que du 1er août au 3 septembre, toutes les compétitions de Navétanes doivent se tenir, cela sera réalisable. Je pense que cela fait partie des réflexions abordées par le président de la République. Nous allons entamer des concertations avec notre tutelle, le ministère des Sports.

Y a-t-il que du sport dans les Navétanes ?

Les gens pensent qu’on ne fait que du football. Cependant, chaque année, nous organisons les phases nationales. Depuis plus de 15 ans, nous tenons l’université des Navétanes, qui comprend des discussions et des forums sur le quotidien des Sénégalais. Nous organisons également des activités culturelles. Nous gérons des associations sportives et culturelles (ASC) où le sport et la culture occupent une place égale. Toutefois, il faut des moyens pour remplir toutes les fonctions d’une ASC et rares sont les communes qui accordent des subventions.

Quel est le rôle de l’Oncav ?

Le rôle de l’Oncav est de coordonner. Malgré le fait que certaines communes ne donnent pas de subventions, nous essayons d’organiser des activités culturelles et de mobiliser les jeunes autour des Navétanes. Je ne peux pas imaginer une année sans qu’on organise les Navétanes.

Donc, vous pensez que les Navétanes ne vont jamais disparaître ?

Pourquoi devraient-elles disparaître ? Au lieu de cela, il est essentiel d'identifier les problèmes qui existent et d'y remédier. Faire disparaître les Navétanes n’est pas une solution ; il faut plutôt réfléchir à ce qui peut être amélioré. Nous reconnaissons qu'il y a des imperfections et de la violence, et il est impératif de trouver des solutions à ces problèmes.

Il y a différentes entités dédiées à l'organisation des Navétanes. N'est-il pas temps de vous retrouver et former une seule instance ?

L’Oncav est la seule structure reconnue par l’État du Sénégal et par les populations. Avec 8 400 ASC et 500 000 licenciés en 2024, aucune autre structure ne peut rivaliser avec notre légitimité. Je représente toutes les ASC du pays et nous ne rivalisons avec personne.

Les ASC ont augmenté de façon exponentielle. Faudrait-il revoir à la baisse leur nombre en regroupant celles qui cohabitent dans le même périmètre ?

Huit mille quatre cents ASC, c’est peu. Si chaque quartier devait avoir une ASC, cela serait justifié. De plus, il ne faut pas raisonner uniquement en fonction de Dakar ; d'autres régions ont également besoin de leurs propres ASC. Pour plus de 17 millions d’habitants, le nombre d'ASC est insuffisant.

Le fait qu’il y ait beaucoup d’ASC dans la même zone ne peut-il pas être source de conflits ?

Ce n’est pas la quantité d’ASC qui pose problème. La violence est un phénomène de société plus large. Il est important de chercher les racines de cette violence, qui ne se manifeste pas seulement lors des matches de Navétanes.

Pensez-vous à la relève et quand comptez-vous passer la main ?

Nous sommes actuellement en plein renouvellement. La relève dépend de la confiance que les gens ont en moi. Tant que cette confiance existe, je resterai. Le jour où elle disparaîtra, je ne serai plus là.

Par Mamadou KANE

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