L’imam condamné à 3 mois assortis du sursis pour CBV
Le tribunal de grande instance de Kolda a condamné Boubacar Ba, Imam de la mosquée du quartier Foulbé, commune de Vélingara, à trois mois de prison avec sursis. Il a été reconnu coupable de coups et blessures volontaires ayant occasionné une incapacité temporaire de travail de 21 jours à Ibrahima Diallo, Muezzin de ladite mosquée.
Lorsqu’il a été appelé à la barre, le muezzin de la mosquée du quartier Foulbé, âgé d’une soixantaine d’années, a éprouvé, hier, de grandes difficultés à quitter la place où il était assis dans la salle d’audience pleine à craquer. Après quelques minutes, Ibrahima Diallo finit par rejoindre la barre où se trouvait déjà Boubacar Ba, Imam de ladite mosquée. Côte-à-côte, les deux protagonistes ont fait face aux juges pour solder leurs comptes.
Interrogé sur le déroulement des faits, le muezzin a expliqué que ‘’l’imam l’a roué de violents coups. Dans un premier temps, il m’a cassé la jambe droite. Je lui ai dit en hurlant qu’il m’avait cassé ma jambe. Mais il m’a répondu : ‘Je vais te tuer.’ Ainsi, il a continué à me frapper jusqu’à casser mes deux jambes et mes deux bras. Après, son forfait, il a pris la fuite, en m’abandonnant dans la mosquée’’. La victime de poursuivre : ‘’L’imam ici présent et ses acolytes à Vélingara sont des corrompus. Ils scellent des mariages dans la mosquée que mon père a construite vers les 1954-1955, sans la présence des parents des deux tourtereaux. Ce qui est en déphasage avec les prescriptions de l’islam. De plus, ils ont détourné toutes les sommes d’argent que les personnes de bonne volonté nous ont octroyées pour la réfection de la mosquée. Des magouilles, des manigances suivies de la corruption. Tous ces délits qui font que je ne suis pas en bons termes avec le prévenu.’’
Interrogé à son tour, le prévenu, qui a comparu libre, a balayé d’un revers de main toutes ces accusations faites en son encontre. Boubacar Ba : ‘’Le muezzin Ibrahima Diallo voulait me tuer, car il m’a surpris en train de dormir dans la mosquée où il m’a roué des violents coups. Je me suis réveillé en sursaut. Complétement réveillé, j’ai récupéré le gourdin et je l’ai roué de coups sans calculer. Et lorsqu’il s’est retrouvé par terre, j’ai vu le sang jaillir, j’ai laissé tomber le gourdin et j’ai pris la fuite, en l’abandonnant dans la mosquée. Mais, Messieurs les Juges, je peux vous jurer que je n’avais pas l’intention de le blesser, ni de lui casser les jambes, encore moins de lui faire mal. Mais c’est tout simplement une légitime défense.’’
Prenant la parole, le procureur a expliqué que les coups ont été tellement violents qu’ils ont occasionné une incapacité temporaire de travail de 21 jours au muezzin. Des faits punis par la loi. De ce fait, il a demandé au tribunal l’application de la loi à l’encontre de l’imam Boubacar Ba.
Vu de la gravité des faits, le tribunal de grande instance de Kolda a condamné Boubacar Ba à trois mois de prison assortis du sursis pour coups et blessures volontaires sur la personne d’Ibrahima Diallo. Les intérêts de la partie civile ont été réservés par le tribunal.
Pour rappel, les faits se sont déroulés le 11 novembre 2021. Ce jour-là, l’imam et le muezzin de la mosquée du quartier Foulbé de Vélingara avaient transformé la mosquée en salle de boxe. Ils se sont battus à l’intérieur du lieu de culte, un jour de mercredi, peu avant 19 h. Le muezzin s’est retrouvé avec des jambes cassées, ainsi que son bras, avant d’être interné à l’hôpital régional de Tambacounda.
Selon les témoins oculaires, l’imam, qui attendait la prière de Maghrib, a été surpris dans un léger sommeil, après la prière de 17 h, par le muezzin qui lui a donné plusieurs coups de gourdin. L’imam, étant physiquement plus fort, lui a arraché le gourdin pour lui rendre ses coups. Et il n’a pas fait semblant. Il avait surtout visé les jambes pour neutraliser son ennemi de longue date.
Arrêté par la gendarmerie de Vélingara, puis déféré au parquet de Kolda, l’imam avait été remis en liberté, après à son face-à-face avec le procureur. A signaler que cette bagarre entre deux hommes de Dieu n’est pas une première dans le département de Vélingara. L’un des cas les plus emblématiques est celui du village de Sandaga.
NFALY MANSALY