Un militaire libéré écope de 2 ans de prison ferme
Le tribunal de Grande Instance de Kolda a condamné, ce mercredi 9 mars, Ousmane Daff, un militaire libéré domicilié au quartier Doumassou de la commune de Kolda, à deux ans de prison ferme.
« Ousmane Daff a posé des actes extrêmement graves et impardonnables ». Ce sont là les mots des juges du tribunal de grande Instance de Kolda pour qualifier le comportement indigne du militaire libéré. Un comportement décrit par le représentant du président du conseil d’administration du Crédit mutuel de Kolda, en ces termes : ‘’Ousmane Daff est allé à la gendarmerie de Sédhiou se procurer un certificat de perte de sa pièce d’identité. Il a falsifié son nom pour y mettre le nom d’Ibrahima Condjira décédé en 2015. C’est ainsi qu’il a pu retirer de l’argent dans le compte du défunt, à maintes reprises. Le lundi 29 février dernier, il s’est présenté à nouveau dans nos locaux. Cette fois-ci, pour faire une rallonge de prêt sur son compte. C’est ainsi que nous avons saisi la Brigade de gendarmerie de Kolda. Et il a été arrêté », a-t-il confié aux juges.
Interrogé, le prévenu Ousmane Daff a reconnu les faits. Seulement il n’a pas voulu s’épancher sur la manière dont il s’y est pris. Mais il fallait compter sur la détermination des juges qui ont contraint l’ancien militaire, âgé de 48 ans, à raconter la stratégie utilisée pour pouvoir retirer de l’argent dans le compte de son frère d’armes. « Je ne sais pas ce qui m’arrive. C’est le mauvais sort qui s’est abattu sur moi. Je regrette d’avoir posé ces actes », a d’abord déclaré Ousmane Daff sur un ton triste. « Suite au décès de Ibrahima Condjira, Awa Cissé, femme du défunt, ne cessait de me raconter les problèmes qu’elle rencontrait au quotidien. Un jour, je suis allé voir le gérant du Crédit mutuel de Kolda pour qu’il nous aide à retirer de l’argent dans le compte du défunt. Mais ce dernier a refusé. Devant ce refus catégorique, j’ai falsifié ma carte nationale d’identité et la carte de membre au Crédit mutuel du Sénégal du défunt. J’ai enlevé la photo du défunt pour y mettre la mienne ».
Muni de ces documents falsifiés, le militaire libéré s’est présenté successivement à plusieurs bureaux du Crédit mutuel du Sénégal, notamment à Kolda, Sédhiou, Médina Wandifa et Dakar. En se faisant toujours passer pour Ibrahima Condjira. A ce rythme, il est parvenu à retirer la somme de 596 mille francs CFA du compte du défunt. « Après avoir retiré cette somme, j’ai remis à la femme du défunt, Awa Cissé, une somme de 50 mille francs. Et le reste, je l’ai gardé », martèle le prévenu. A la question de savoir pourquoi il a préféré garder le reste de l’argent retiré ? Ousmane Daff a indiqué qu’il ne voulait pas que « Awa Cissé gaspille cet argent ».
Daff a intégralement remboursé la somme détournée
En disant cela, il a été rappelé à l’ordre par le président du tribunal. « Vous n’avez pas le droit de garder l’argent d’autrui, sans son aval », a-t-il martelé. « En remettant cet argent à la dame, vous lui avez faire croire que ce sont les amis militaires de son mari qui avaient cotisé cet argent qu’elle a reçu. Or c’est faux, vous l’avez retiré dans le compte de son mari ». A la question de savoir ce qu’il a fait de l’argent volé, il a répondu : « J’ai investi cet argent. » « Et qui bénéficie des intérêts de cet investissement ? » « C’est le crédit mutuel », a répondu Ousmane Daff.
Suffisant pour que le procureur requière deux ans de prison ferme contre le prévenu. « Ce sont des faits extrêmement graves. Le prévenu n’a pas pitié des enfants et de la femme de son frère d’arme décédé. Il a osé mûrir son plan pour déplumer la famille du défunt ». Daff a finalement été condamné à deux ans d’emprisonnement ferme, malgré le remboursement intégral de la somme volée.
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)