L’aviculture sénégalaise emploie entre 20 000 et 30 000 personnes grâce à un chiffre d’affaires ayant connu une croissance de 179% entre 2000 et 2013. Des statistiques fournies par les acteurs de la filière montrent qu’il n’y a pas de quoi avoir la chair de poule. Au contraire, elles donnent une idée de la bonne tenue de ce secteur, depuis que le Sénégal a interdit les importations de poulets.

Les investissements dans le sous-secteur avicole ne cessent de croitre. Cela, depuis la décision de l’État du Sénégal d’interdire l’importation de poulets de chair en raison de la grippe aviaire de 2005. Depuis lors, l’aviculture a connu une véritable éclosion dans le pays. Le sous-secteur se porte bien. ‘’Très bien même’’, selon Gora Faye, membre de la Fédération des acteurs de la filière avicole (FAFA). D’après ce dernier, le gel des importations a permis de donner plus d’autonomie aux producteurs locaux et de libérer le marché sénégalais.

Auparavant, le sous-secteur était presque contrôlé par les importateurs. L’ouverture des frontières avait fortement asphyxié les aviculteurs sénégalais. ‘’Entre 2000 et 2005, quand les frontières ont été ouvertes et que les importations avaient inondées le marché, 75% des fermes avicoles ont fermé’’, se souvient Gora Faye. En d’autres termes, 3 fermes sur 4 ont mis la clé sous le paillasson durant cette période. Cette fermeture en cascade a entrainé la perte de 75 000 emplois, révèle M. Faye, par ailleurs consultant, spécialiste en marketing et stratégie. Une fois, l’interdiction décidée, les producteurs ont ‘’repris des plumes’’. ‘’Depuis la fermeture des frontières, la production de volaille est passée de 6 millions de têtes en 2005 à 24 millions de têtes en 2013, c’est-à-dire une augmentation de 4 fois le volume produit. La production d’œuf de consommation a cru de 324 millions d’œufs à 519 millions sur la même période’’, se réjouit Gora Faye.

La croissance n’a pas cessé pour autant. Ainsi, en 2015, la production de poulets est passée à 30 millions, selon le vice-président de l’Interprofession avicole du Sénégal (IPAS). Ahmedou Moukhtar Mbodj indique que cette production constitue un ‘’record’’ que le Sénégal n’avait jamais atteint. ‘’L’arrêt des importations a boosté la filière. On arrive à approvisionner convenablement le marché’’, se réjouit-il. Parallèlement, la courbe du chiffre d’affaires a aussi monté. D’après un rapport sur la compétitivité de la filière avicole réalisé par le cabinet ‘’Afrique Émergence Conseil’’, ‘’le chiffre d’affaires de la filière a connu une croissance de 179% de 2000 à 2013, passant de 72,2 milliards à 201 milliards de F Cfa’’. Pourtant, rapporte toujours le document, avant cette décision de gel des importations, ‘’la croissance a été de 83%’’. Un chiffre d’affaires qui, souligne le rapport, ‘’est porté par la volaille industrielle et l’aliment de volaille’’. En effet, il faut noter que l’aviculture traditionnelle reste encore développée, parce qu’elle représente 31% de ce chiffre d’affaires. Entre 2005 et 2013, elle a connu une croissance de 42% passant de 19 839 tonnes à 28 284 tonnes.

Entre 20 000 et 30 000 emplois

Aujourd’hui, un véritable business se crée autour de la volaille. En ville comme en campagne, des poulaillers sont construits un peu partout. Jeunes et femmes ont investi la filière. Ce qui fait d’elle l’un des sous-secteurs les plus dynamiques. Gora Faye estime entre 20 000 et 30 000, les emplois directs et indirects générés par l’aviculture. L’essentiel des emplois étant créés par l’aviculture industrielle. Dans son mémoire pour l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome intitulé : ‘’Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi-industrielle dans la zone des Niayes’’, Modou Marie Diagne révèle que ‘’l’aviculture moderne (industrielle, Ndlr) pèse pour 28 688 tonnes de la production, représentant un chiffre d’affaires à la vente au détail de 43 milliards de F Cfa’’. Quant à l’aviculture familiale, avec ses 27 039 tonnes, elle représente 54 milliards de F Cfa de chiffre d’affaires. L’aviculture domestique permet de ‘’créer un surplus de revenus pour les ménages qui sont, en général, un peu démunis’’, renseigne Gora Faye.

Cependant, son importance réside plus dans ce qu’elle apporte à la famille qu’à sa contribution dans l’approvisionnement du marché. ‘’C’est l’aviculture industrielle qui satisfait la partie la plus importante de la demande’’, précise M Faye. Le vice-président de l’IPAS,  Ahmedou Moukhtar Mbodj, évalue à près de 20 millions de sujets le cheptel de l’aviculture familiale. Ainsi, cet interlocuteur pense que ‘’c’est un secteur qui demande à être modernisé’’.