Publié le 17 Jan 2025 - 11:53

Les Jakartaman sonnent l’alerte

 

Les Jakartaman, ces héros du bitume et des ruelles cabossées, ont pris la route de la contestation, klaxons en main, pour rappeler au gouvernement quils ne sont pas juste une statistique de l’économie informelle. À Kaolack et Ziguinchor, les pneus brûlés et les manifestations bruyantes ont envoyé un message clair : quand les moteurs grondent, il est temps d’écouter.

Le gouvernement, qui voulait sécuriser” ces travailleurs avec des immatriculations et des assurances, semblait croire quil suffisait de peindre une belle promesse de sécurité routière pour calmer les esprits. Mais voilà, on ne repeint pas une moto bringuebalante avec du vernis fiscal. Pour ces conducteurs, majoritairement jeunes, ces mesures ressemblent à une crevaison en pleine montée : un obstacle de plus sur un chemin déjà difficile.

Il faut reconnaître quimposer des frais supplémentaires à ceux qui gagnent à peine de quoi payer leur carburant, tout en affirmant que cest pour leur bien”, demande un certain culot. Mais peut-être que le gouvernement pensait vraiment bien faire. Après tout, quoi de plus noble que de protéger les motos tout en passant discrètement à la station-service pour remplir les caisses de l’État ? Un peu de sécurité pour eux, un peu de recettes pour nous : une belle idée d’équilibre, non ?

Les Jakartaman, eux, voient les choses autrement. Ils rappellent quils constituent une part importante de l’électorat qui a permis à ce gouvernement darriver au pouvoir. Et aujourdhui, ils se sentent trahis. Ces jeunes avaient voté pour un champion des masses populaires, et non pour un champion des nouvelles réglementations. Alors forcément, quand la promesse de changement se transforme en charge supplémentaire, ils réagissent à leur manière.

À Ziguinchor, les routes ont été bloquées. À Kaolack, les manifestations ont pris des airs de mauvais film daction. Et si rien ne change, Dakar et dautres villes risquent de se joindre à cette tournée nationale de la colère”. Peut-être faudrait-il rappeler au gouvernement que les Jakartaman ne transportent pas seulement des passagers, mais aussi des espoirs. Et que ces espoirs, aujourdhui, ressemblent davantage à un pneu crevé qu’à un moteur bien huilé.

Alors, que faire ? Peut-être quil est temps de freiner un peu et de revoir les choses. Un moratoire sur ces mesures, des incitations financières, ou même un dialogue ouvert avec ces conducteurs pourraient apaiser la situation. Offrir des solutions réalistes plutôt que des contraintes pourrait transformer cette colère en un partenariat constructif. Parce qu’à ce stade, même un geste symbolique – un casque gratuit, pourquoi pas ? – pourrait faire plus pour calmer les tensions que toutes les justifications du monde.

En attendant, les Jakartaman continuent de rouler, mais avec une colère de plus en plus palpable. Si le gouvernement espère que tout cela va sarranger tout seul, il ferait bien de revoir son GPS politique. Parce que, comme disent les conducteurs eux-mêmes : Une moto en panne peut sarrêter, mais une colère bien alimentée ne s’éteint jamais.” À méditer.

Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir

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