Publié le 2 Oct 2017 - 12:39
LEUR MARCHE DE PROTESTATION DISPERSEE PAR LA POLICE

Les impactés du TER comptent durcir le ton

 

Ils avaient prévu une marche, ce samedi, pour protester contre les petits montants que l’Etat leur propose comme indemnisation, dans le cadre du projet du Train express régional. Mais la manifestation a tourné court du fait de l’intervention musclée de la police. Les impactés promettent de poursuivre la lutte jusqu’à obtenir gain de cause.

 

La marche prévue, samedi matin, par le Collectif national des impactés du Train express régional (CNI/TER) a été tuée dans l’œuf par les limiers du commissariat de police de Guinaw Rails. A peine que la cohorte des manifestants s’est-elle ébranlée que les hommes en tenue sont venus les sommer d’y mettre un terme. Refusant de s’exécuter, une dizaine d’entre eux ont été interpellés et conduits dans les locaux dudit commissariat. Ils ont été remis en liberté, quelques heures plus tard. 

Face à la presse, le porte-parole du CNI/TER a soutenu que ces manœuvres d’intimidation ne les ébranlent guère. ‘’Ils n’ont qu’à arrêter tout le monde. Nous sommes déterminés, car il est hors de question qu’on se laisse faire. C’est une question de dignité. Une maison est une richesse et on ne laissera personne nous en priver, surtout en nous imposant sa force. Nous allons nous faire entendre, quitte à y laisser notre vie’’, a menacé Pape Abdoulaye Ly.

Lui et ses camarades déclarent avoir toutes les raisons du monde pour protester. Car l’Etat du Sénégal, par le biais de l’APIX, veut leur imposer des barèmes de 19 200 F CFA le m2 qui ne les arrangent pas. ‘’Cette somme n’est pas du tout favorable, pour nous. C’est pour fustiger cela que nous avions décidé de faire une manifestation pour revendiquer nos droits, mais aussi dire que les 19 200 F CFA le m2 du foncier de Pikine ne nous conviennent pas. Nous voulons qu’on nous reloge, car le droit international dit que pour ce genre de projets, l’indemnisation doit être juste et préalable. C’est-à-dire que si on vous prend votre maison, on doit vous en rembourser une qui est identique, plus une indemnisation’’. Mais, poursuit le porte-parole, les autorités refusent de le faire.

L’Etat leur propose, dit-il, une indemnité sur le foncier et une autre sur le bâti.  Et tout cela, d’après lui, ne fait même pas 12 millions de francs CFA pour quelqu’un qui a une maison à Pikine. ‘’Moi qui vous parle, j’ai été convoqué à l’APIX pour une maison de 280 m2 construite en R+1. On me propose 24 millions de francs CFA. Vous pensez qu’avec 24 millions, je pourrai avoir une maison pareille à Pikine où le foncier est cher ? Il vous faut plus de 16 millions pour avoir un terrain de 150 m2, sans parler la construction et les autres dépenses. C’est pour décrier cela que le collectif a organisé cette manifestation’’, a expliqué le porte-parole du CIN/TER qui a également évoqué la question de l’autorisation de marche.

Pape Abdoulaye Ly renseigne qu’ils ont déposé une demande d’autorisation auprès du préfet, le lundi 18 septembre dernier. Mais les autorités préfectorales lui ont fait savoir que les délais étaient trop courts, qu’il faudrait renvoyer la marche. Ce qu’ils ont fait. Ensuite, ils ont réintroduit une autre demande et on lui a donné rendez-vous le jeudi dernier. ‘’Lorsque j’y suis allé, on m’a signifié que c’est l’adjoint du préfet qui devrait donner son avis sur le dossier. Mais il n’était pas sur les lieux. J’ai attendu 2 heures durant, puis je suis parti. Le lendemain, un autre membre du collectif y est allé pour avoir des informations. Il n’a trouvé personne à qui s’adresser. Donc, on ne pouvait plus reporter la marche’’, a-t-il conclu.   

CHEIKH THIAM

Section: