Publié le 29 Aug 2017 - 17:38
LIVRE - ‘’LA MAUVAISE CONSCIENCE’’ DE PAPA SAMBA BADJI

Quand une amitié est trahie pour les délices du pouvoir

 

Thiémokho et Albert sont deux amis de longue date. Voulant accéder aux instances de décisions, Albert a décidé de déclarer son meilleur ami mort, après son emprisonnement par le puissant régime, pour épouser sa femme. Sauf que 25 ans après, Thiémokho revient pour réclamer son fils que sa femme portait quand il a été arrêté. Tel est le résumé de l’œuvre ‘’La mauvaise conscience’’ de Papa Samba Badji éditée par la maison Ruba.

 

Après ‘’Le banquet des démons’’, œuvre dramatique parue aux éditions Maîtres du Jeu en 2014, Papa Samba Badji revient sur la scène littéraire avec une pièce de théâtre avec une trame assez percutante éditée par la maison Ruba Edition. L’œuvre, intitulée ‘’La mauvaise conscience’’, commence par des slogans  comme ‘’Vive l’unité nationale !’’, ‘’A mort les tribalistes !’’. Et se termine par ‘’Vive la démocratie !’’, ‘’A mort les nostalgiques du passé’’. Entre ces deux appels, un grand écart qui s’explique par le temps écoulé. Vingt-cinq ans se sont passés, en réalité, entre les deux. Un temps qui passe vite dans le livre. Même s’il est très chargé. Car l’histoire racontée est poignante et interpelle le lecteur. Aussi, dès la première phrase, l’auteur tient le lecteur à la gorge et ne le lâche plus jusqu’à la fin. C’est même avec surprise qu’on sent l’étreinte se relâcher à la lecture de la dernière phrase de l’histoire. Car on aimerait continuer la lecture, alors que les 117 pages du livre viennent d’être toutes parcourues.

L’auteur, Papa Samba Badji, a une explication face à cette frustration qui laisse un goût d’inachevé au lecteur : ‘’C’est ma manière de procéder qui est ainsi. Pour toutes les œuvres que je publie, je donne la possibilité aux lecteurs d’imaginer plusieurs suites possibles ou d’accepter que le livre puisse se terminer ainsi, car rien n’est vraiment achevé dans la vie.’’

Mais la fin est aussi brutale, parce que dans ce livre, les personnages sont aussi intéressants qu’attachants. Thiémoko est un activiste politique qui évolue dans un monde où le parti unique est la règle.  A cause d’une rivalité, il est arrêté. Avant de partir, son épouse lui annonce sa grossesse : ‘’Thiémoko, reviens vite, j’attends un enfant. Ce sera un garçon et il te ressemblera’’, lit-on dans le livre. Thiémoko lui fait alors ‘’la plus insensée des promesses’’, comme il l’a reconnu au cours du récit lors de retrouvailles avec un de ses amis d’enfance. Insensé, car pour tenir sa parole, il se battra contre vents et marées pour sortir vivant de la prison. Il supportera toutes sortes de choses et fera même face, avec courage, aux pires atrocités dont peut être confronté un prisonnier. Ce qui lui a permis d’avoir le respect des ‘’détenus comme des argousins’’. Car beaucoup ne pourraient faire face comme lui, surtout que le vœu des politiciens qui l’avaient emprisonné était qu’il perde la vie en cellule.

Sorti de l’antre de la mort, contre toute attente, Thiémoko se rendra compte, à ses dépens, que le monde a changé. Et de héros dans le camp de la mort, il devient, dehors, une mauvaise conscience qui hante la quiétude d’une famille recomposée et qui dirige le ministère de l’Intérieur. L’un des membres de cette famille est la cause de son emprisonnement injuste. Mais comme dans  ‘’Le banquet des démons’, Papa Samba Badji réussit la prouesse de rendre sympathique et affectif un personnage rébarbatif ou répugnant. Les lecteurs de la première œuvre ont aimé le démon, ceux de la dernière aimeront certainement Thiémoko, alors qu’il fait tout pour détruire une famille recomposée. ‘’Je prends souvent parti’’, dira l’auteur. ‘’La menace du plus fort me fait toujours passer du côté du plus faible’’.

Thiémoko est certes victime d’injustice, mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Car, comme dira son ami Albert : ‘’Si tu soulèves une grosse pierre restée longtemps immobile, en dessous, tu ne verras que des bestioles répugnantes, désorientées par la lumière.’’  

CHEIKH THIAM

 

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