L’Ofnac pour des statistiques fiables
Alors que le Sénégal va se faire évaluer en avril prochain par la Convention des Nations unies contre la corruption, le chef de l’Ofnac a déploré le manque de statistiques concernant les activités de sa structure. Un séminaire de deux jours avec les acteurs de la justice est ouvert pour pallier ce manque.
‘‘Nous avons un problème qu’est la collecte des données statistiques. Combien de condamnations avons-nous eu en matière de fraude et corruption ? C’est un peu difficile de déterminer’’, regrette la directrice de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Cette défaillance persiste alors que le Sénégal doit se faire évaluer pour vérifier la conformité de son droit positif par rapport à la Convention des Nations unies contre la corruption. À sa troisième session, qui s'est tenue à Doha, au Qatar, en novembre 2009, la Conférence a adopté les termes de référence du mécanisme d'examen de l'application de la Convention et a institué le Groupe d'examen de l'application chargé de superviser le processus d'examen sous l'autorité de la Conférence.
Les deux pays qui doivent évaluer le Sénégal sont la Croatie et les Comores. ‘‘Ils ont déjà fait l’examen préalable, c’est-à-dire l’examen de conformité par rapport à la convention. Ils ont envoyé les observations et vont revenir au Sénégal, du 5 au 8 avril, pour faire l’examen-pays pour voir la conformité de notre droit positif par rapport à la Convention’’, indique Nafi Ngom Keita, présente hier à l’ouverture de cet atelier avec le ministère de la justice motivé par le manque de données sur les dossiers rendus par l’Ofnac.
Définir des méthodes de collecte des données de statistique
Ce séminaire avec les acteurs judiciaires a pour objet de mieux coordonner les travaux entre les deux parties. ‘’Ce cadre de concertation qui va être créé nous permettra de définir des méthodes de collecte des données de statistique. Il permettra, d’une part, un meilleur suivi des dossiers, dans le respect de l’indépendance des magistrats en charge des poursuites ; et d’autre part, la contribution à la production de normes de travail et de procédures’’, explique-t-elle. En écho à ces propos, le directeur des affaires criminelles et des grâces, Abdoulaye Ba, qui a représenté le ministre de la justice, promet que le département ‘‘va respecter scrupuleusement les recommandations issues de ces travaux’’ entre l’Ofnac et les acteurs de la justice pour la collecte de données statistiques sur la corruption et les infractions assimilées et connexes.
Les acteurs de l’Ofnac et de la sphère judiciaire déclarent tenir là une opportunité de jeter les bases d’une collaboration dynamique et fructueuse. Nafi Ngom Keita, qui se réjouit que sa structure ait reçu d’importants pouvoirs d’enquête assortis de moyens d’actions plus ou moins contraignants, propose à ses administrés de travailler en bonne intelligence avec l’ensemble des acteurs pour permettre un meilleur suivi des dossiers. Pour la présidente de l’Ofnac, ‘’il en va de la santé morale de notre société, de notre image, dans le concert des nations, de la crédibilité des institutions et de la relance de notre économie par la compétitivité retrouvée de nos entreprises dans un environnement sain’’.
OUSMANE LAYE DIOP