Le Comnacc à la recherche d'un nouveau souffle
Rechercher des moyens de freiner le réchauffement climatique, c’est l’objectif assigné au Comité National sur les Changements Climatiques (Comnacc) qui peine à jouer pleinement son rôle. C’est la raison de la tenue d’un séminaire de deux jours.
''L'agriculture, la pêche, la foresterie, le transport, la gestion des déchets, l'énergie, l'efficacité énergétique, l'Industrie, la santé, les ressources en eau, la biodiversité et la gestion des risques et catastrophes sont des activités de maîtrise des impacts du changement climatique essentielles pour arriver à un développement durable'', fait remarquer Amadou Lamine Guissé, secrétaire général du ministère de l'Environnement et du Développement durable. Au Sénégal, la recherche de solutions au réchauffement climatique incombe, en partie, au Comité National sur les Changements Climatiques (Comnacc) qui a été institué par l’Etat en 1994, pour répondre aux enjeux et à la dimension des changements climatiques. De ce fait, en 1997, le Sénégal a été le premier pays à déposer une communication sur les Changements Climatiques au niveau international. Mais, après 24 ans d'existence, les acteurs confient ne plus sentir le Comnacc.
De ce fait, une étude a été effectuée, avec l'aide du bureau des organisations et méthodes. Elle montre des insuffisances d'ordre financier, intellectuel... ‘’La multiplicité des acteurs fait que tous les départements ministériels sont concernés, la société civile, les partenaires techniques et financiers. Ce qui fait qu'on ne sait plus qui fait quoi et comment. L'étude a montré des insuffisances de moyens. Le Comnacc n'a pas de ressource dédiée.
Ce sont les partenaires qui les accompagnent. Compte tenu de sa dimension, on est en train de réfléchir sur un mécanisme qui lui permet d'avoir une ressource budgétaire annuelle qui lui permettra de jouer pleinement son rôle. Et de mener des activités au niveau du Sénégal’’, déclare Amadou Lamine M. Guissé, conscient que plus de 90% de la population rurale sont sujets aux changements climatiques et dépendent de la pluviométrie pour assurer leur moyen d'existence. D’où l’impérieuse nécessité que le Comnacc puisse jouer pleinement son rôle. Pendant deux jours, les acteurs vont discuter des résultats de l’étude et préconiser des solutions pour que le Comité joue pleinement son rôle.
Car, fait remarquer Boubacar Mbodji, conseiller spécial du président de la République en énergie et environnement, ''quels que soient nos efforts, s'il ne pleut pas où si certaines perturbations externes venaient à advenir dans notre pays, c'est tout notre plan de développement qui se retrouverait perturbé''. Il estime que les décideurs doivent prendre conscience qu'il n'est plus possible de négliger le risque climatique. Et considère que les politiques publiques, entre deux conférences sur le développement durable, ne font pas grand-chose. Alors que les défis sont nombreux. En outre, Boubacar Mbodji dénonce la pratique des industries pétrolières qui, si elles continuent à leur rythme, risque de nuire à la sécurité alimentaire.
''Tout le monde sait que les industries pétrolières déversent les eaux de Pallas, c'est-à-dire les eaux extraites des soutes des navires pétroliers. C'est un gros problème ! Parce qu'au lieu d'aller payer pour les traiter, ils les balancent en mer'', dit-il. D’autant qu'au Sénégal, 60% de nos ressources en protéines viennent de la mer. ''S’il arrivait que les ressources qui sont déjà éprouvées se raréfient davantage, il y aurait de gros problèmes de sécurité alimentaire. Aujourd'hui, nos villes, on a beau dire, ne sont pas un cadre de vie le plus souhaitable. La question des déchets, depuis des années que nous en parlons, rien n'est encore réglé. Or, nous pouvons valoriser ces déchets, en termes d'énergie, d'engrais...'', explique M. Guissé.
KHADY NDOYE (MBOUR)