Publié le 10 Apr 2014 - 17:32
LUTTE - GRIS BORDEAUX, LEADER ÉCURIE FASS

 ''Je suis le Tigre et je resterai le Tigre''

 

Après Zoss et Gouy Gui, c’était au tour de Gris Bordeaux d’ouvrir son entraînement à la presse, hier. Une séance très rythmé, avec de la boxe et beaucoup de mouvements. Les supporters et tout l’encadrement de Fass étaient là pour soutenir un ''Tigre'' de Fass surmotivé. La détermination se lisait dans ses yeux et dans ses gestes. Face à la presse, le futur adversaire de Tyson, qui veut dédier sa victoire à feu Ndèye Marie Ndiaye Gawlo, a décliné ses ambitions dans ce combat : gagner pour aller vers le trône de roi des arènes.
 
 
Vous avez choisi Thieurigne pour faire votre Open-press. Pourquoi et que représente cet endroit pour vous ?
 
J’ai choisi cet endroit parce que j’y suis né. Tout ce que je fais, je le commence ici. Les habitants de ce quartier m’aiment sincèrement et me considèrent comme leur fils, ils me soutiennent dans tout ce que j’entreprends.
 
On a vu l’engouement de tout Fass, Médina, Gueule Tapée et Colobane. Qu’est-ce que cela vous fait ?
 
Ils espèrent un exploit de ma part, que le bon Dieu fasse que je ne les déçoive pas. Quand je me tue dans les entraînements, c’est pour faire plaisir à tout ce monde qui est derrière moi. Je ne suis pas que le lutteur de Fass-Gueule Tapée-Médina, mais le lutteur de tout Dakar. Les lutteurs de Fass sont les représentants de la région de Dakar. Je fais tout pour répondre aux attentes de ce monde fou qui est derrière moi. Et je le jure, je ne me suis jamais senti aussi bien que je le suis actuellement sur le plan physique.
 
Vous êtes allé en France à deux reprises pour votre préparation. Qu’est-ce vous avez ramené de là-bas ?
 
Dans notre forme de lutte, il y a une spécificité : la frappe. J’y suis allé pour apprendre la lutte gréco-romaine et la boxe, mais aussi pour travailler mon corps. Tous les lutteurs qui voyagent y vont pour cela. Le temps de récupération qu’on n’a pas au pays, on peut l’avoir facilement à l’étranger.
 
En France, j’ai trouvé un ami en Mouhamed Ali Ndiaye, champion du monde de karaté. Il m’a aidé dans ma préparation, surtout sur le plan psychologique et mental. Il m’a mis en rapport avec des gens qui m’ont appris ce qu’est réellement la bagarre. Je me suis bien préparé là-bas, il ne reste plus qu’à appliquer les leçons apprises.
 
Vous avez perdu beaucoup de poids. Pourquoi ce choix ?
 
Nous sommes des professionnels. Je suis dans une grande écurie et ce sont mes dirigeants qui m‘avaient demandé de retourner en France après le renvoi du combat qui devait avoir normalement lieu le 9 mars dernier. Ils me connaissent mieux que quiconque et me disent ce que je dois faire.
 
Depuis que je suis dans l’arène, je n’ai jamais senti autant de mobilisation autour de moi, de la part des dirigeants de l’écurie. Et pourtant, j’ai disputé plus de 18 combats. Des gens que je n’avais pas vus depuis des années sont venus. C’est pour cela que je ne peux que respecter les consignes qu’ils me donnent.
 
Votre statut de 3e Tigre de Fass est très contesté. Une victoire sur Tyson serait-elle une façon pour vous de confirmer la confiance placée en vous ?
 
Chaque athlète connaît des performances et des contre-performances. Dans le sport individuel, il y a toujours des hauts et des bas. Je suis le Tigre et je serai toujours le Tigre. Fass n’a pas un lutteur meilleur que moi. J’ai bourlingué, travaillé dur pour mériter ce titre. Je n’ai pas triché, ni volé ce titre.
 
Maintenant, c’est à moi de confirmer en battant les adversaires devant qui on me donne le rôle de super favori. Parfois, on veut la victoire et au final le résultat est contraire à ce qu’on voulait. Mais c’est moi le Tigre et je le démontrerai dans ce combat. Ce combat est le mien, c’est à moi de le mener et je le ferai à ma manière s’il plaît au bon Dieu.
 
''Je vise plus haut que Tyson. Je lui ferai voir ce qu’il n’a jamais vu dans l’arène''
 
Tyson a battu votre mentor Moustapha Guèye à deux reprises. Est-ce une motivation supplémentaire pour vous ?
 
C’est pour cela que tout Fass s’est mobilisé comme un seul homme. J’ai deux objectifs dans ce combat : gagner pour relancer ma carrière parce que je sais que le sommet m’appartient ; la couronne de l’arène, je dois la porter et j’y crois dur comme fer. Et pour quelqu’un qui aspire à la couronne de roi des arènes, battre Tyson ne doit même pas être un souci. Même si c’est un combat que je respecte beaucoup et pour lequel je me suis entraîné comme jamais. Je vise plus haut que Tyson.
 
Que représente alors réellement ce combat pour vous, votre adversaire dit que c’est le combat de sa vie ?
 
J’ai suivi Tyson des années durant, je connais sa manière de lutter et de faire. À la veille de la retraite, s’il dit que ce combat est le combat de sa vie, je prends ses paroles comme des paroles dites à la légère dans la presse pour vendre le combat. Tout ne se passe pas dans le bavardage, un combat ne se joue réellement qu’une fois que les barrières seront fermées, que tout le monde aura quitté l’enceinte sauf nous deux.
 
C’est là qu’on saura qui veut la victoire plus que l’autre. Je lui ferai voir ce qu’il n’a jamais vu dans l’arène et je lui ferai ce qu’aucun lutteur ne lui a jamais fait. Il ne pourra pas me résister. Cela fait longtemps qu’on n’a pas vu deux lourds se frotter pendant 10 à 15 minutes. Je veux démontrer à mes supporters que je me suis bien préparé. Et pour ce faire, il me faut lutter plus de 10 minutes. Je n’aime pas les chutes qui ne durent que quelques secondes. Dans ces cas, les amateurs rentrent déçus.
 
Tyson n’est pas du genre à faire durer un combat. Comment allez-vous vous y prendre ?
 
C’est à moi de faire le combat, pas lui. Tyson n’est pas un bagarreur. Même si on lui paye des milliards, il ne se bagarrera pas avec moi. Demandez-lui s’il ose se bagarrer avec moi. La réponse sera certainement non. Il y a des lutteurs attentistes et des lutteurs attaquants. Moi je fais partie du dernier lot.
 
''Je connais bien Tyson, c'est pour cela que je dors tranquille''
 
Pourquoi en avez-vous la certitude ?
 
Parce que je le sais, c’est tout. Il ne le fera pas, parce que j’ai trop d’astuces. Si vous le voyez aujourd’hui, dîtes-lui que c’est moi-même qui ai dit que si on lui payait des millions, il ne se bagarrerait pas avec moi. Vous verrez ce qu’il va vous répondre. Les gens comptent sur moi pour que ce combat soit d’une bonne qualité.
 
Je l’ai préparé avec hargne. Je veux prendre la revanche de Moustapha Guèye parce que cette défaite m’avais tellement fait mal que je n'avais pas pu dormir pendant des mois. Quand Tyson avait décidé une première fois de quitter l’arène, j’étais déçu parce que j’avais toujours nourri l’espoir de prendre la revanche de Tapha Guèye.
 
Est-ce que vous avez étudié votre adversaire ?
 
Je le connais bien, c’est pour cela que je dors tranquille.
 
Ce combat est un derby entre Pikine et Fass...
Entre Fass et Pikine, cela a toujours été un derby. Depuis les Mbaye Guèye. Mais pour moi, c’est un combat que je dois gagner avec la manière. Je suis prêt moralement. Quand j’ai un combat, je ne suis perturbé que quand je sens que je ne suis pas prêt. Mais là, je suis à fond dedans, et je suis dopé par le soutien de mes supporters. Je ne doute pas et je tiens à rassurer tous mes supporters. Et je veux leur dire qu’ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles, ce combat est le mien. Je ne donnerai rien à mon adversaire.
 
KHADY FAYE
 

 

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