Publié le 24 Oct 2013 - 12:50
LUTTE - NÉCROLOGIE

Falaye Baldé s'en est allé

 

L'ancien lutteur des années 1960 à 1980, Falaye Baldé, est décédé avant-hier dans la nuit. Il fait partie des plus grands champions que l'arène sénégalaise ait connus avec 137 combats à son actif dont une seule défaite.

 

La nouvelle a bouleversé le quotidien des populations de la Cité police, hier. Dès l'annonce du rappel à Dieu de l'ancien lutteur Ousmane Baldé, plus connu sous le nom de Falaye, ce quartier de la commune de Pikine-Ouest a rompu avec le brouhaha qu'on lui connaissait habituellement pour céder la place à une autre ambiance. C'étaient la consternation, la tristesse et l'émoi qui se lisaient sur les visages des nombreuses personnes qui se ruaient vers la maison mortuaire. Amis, fans, voisins, proches et jeunes, qui sont nés devant cette ancienne gloire de la lutte, ont tous accouru vers la famille Baldé pour partager la douleur avec les enfants du défunt champion. Les lieux ont rapidement refusé du monde. Les deux bâches érigées étaient trop petites pour contenir tout ce beau monde.

L'atmosphère était vraiment funèbre. Tous avaient la gorge nouée, la démarche nonchalante. Tout le contraire des cris de joie que les fans faisaient entendre pour célébrer les succès dans l'arène du lutteur Ama Baldé, fils du champion du Fouladou. Les boutiquiers des environs faisaient passer des sonorités religieuses au lieu de la musique.

Falaye Baldé a été inhumé hier au cimetière de Pikine en présence des autorités religieuses et administratives. Le monde sportif en général et de la lutte en particulier étaient venu dire adieu à un des plus grands techniciens dans cette discipline.

Une défaite en 137 combats

''On ne peut pas parler aujourd'hui de grand champion, d'ancienne gloire sans parler de Falaye Baldé''. Cette affirmation est de Abdou Bakhoum, manager général de l'écurie Falaye Baldé de Pikine. Elle a peut-être résumé la dimension de cet ancien lutteur des années 1960-70-80. Falaye Baldé, décédé avant-hier à l'âgé de 81 ans des suites d'une maladie qui l'avait cloué au lit, a inscrit en lettres d'or son nom dans l'histoire de la lutte sénégalaise. ''Un grand monument s'en est allé. Une telle personne, on ne saurait dire tout ce que l'on sait de lui'', a ajouté notre témoin, la voix triste. Même si c'est le cas, les chiffres au moins parlent d'eux-mêmes, et de façon étonnante. Tenez-vous bien que l'homme aura effectué 137 combats dans sa carrière. ''Personne n'a jamais su tenir autant de combats'', a précisé ensuite Abdou Bakhoum. Mais ce qui impressionne le plus, c'est sans doute ses prouesses. Car le père des lutteurs Jules Baldé et Ama Baldé a eu l'un des plus beaux palmarès dans l'arène. Adversaire coriace, il était la terreur chez les lutteurs de sa génération. Et ce qui l'atteste, durant plus de 20 ans, il a su rester quasiment invincible. Sur les 137 combats en 20 ans de carrière, il n'a eu à enregistrer qu'une une seule défaite et deux nuls. L'homme qui a sali son palmarès se nomme Krick. ''Père Falaye'' a aussi marqué le milieu de la lutte par ses prises, plus spectaculaires les unes que les autres. Il avait aussi l'art de lutter et de séduire, soutiennent les témoins de son époque.  Parmi les belles chorégraphies, il y avait son fameux bakk'' (danse traditionnelle) nommé ''gin téé'', qui a tendance à mourir avec la nouvelle génération de la lutte.

Le défunt ne s'est pas un nom que dans la lutte. Dans sa localité, Falaye Baldé est peint comme quelqu'un de gentil, ouvert, respectueux, magnanime. ''Baba Lô'' pour les intimes et les enfants, était le confident des vieux, l'ami des adultes et l'oreille attentive et le défenseur des enfants. À en croire un des proches du défunt, il était toujours aux côtés de ses voisins de quartier de même que ses parents du Fouladou. Le monde qui a pris d'assaut la maison mortuaire est d'ailleurs la preuve de l’œuvre de ce monsieur qui vient de quitter ce bas-monde.

Originaire de Guinée

Originaire de la Guinée, Ousmane Baldé dit Falaye a quitté son pays natal en 1957. Il a fait escale dans le Fouladou (région de Kolda) où il balayé tous ceux qui se sont frottés avec lui, avant de regagner Dakar. Arrivé dans la capitale du Sénégal, il a pu aussi imposer sa loi. Pour capitaliser autant de combats et apeurer sa génération, le champion du Fouladou et du Pakao luttait trois fois par semaine, à savoir le samedi, le dimanche et le lundi. ''Père Falaye'', comme aimaient l'appeler ses fils, après une carrière brillante, a tout fait pour partager son savoir aux jeunes loups de la lutte. C'est ainsi qu'il a eu à apprendre les rudiments de la lutte simple à des champions comme Mbaye Guèye ancien ''Tigre'' de Fass, Pape Diop ''Boston'', Mame Gorgui Ndiaye, pour ne citer que ceux-là. À sa retraite, il a laissé un legs au monde de la lutte. Ses fils  Souleymane dit Jules Baldé, Pathé Baldé et le phénoménal Ama Baldé qui n'a enregistré que deux défaites (contre Ness de Lansar et Gouy Gui de l'école de lutte Mor Fadam) ont repris le flambeau. Il a su mettre sur pied une écurie qui compte une vingtaine de lutteurs et qui porte son nom.


RÉACTION... RÉACTIONS...

Jules Baldé, fils de Falaye

''Il était mon ami''

''En ce moment, tout le monde pleure, les enfants tombent en transes. C'est tout le quartier qui a perdu, car ce sont eux qui l'ont plus connu. Il était mon ami. Entre nous, c'était le respect mutuel, contrairement à mes autres frères avec qui il blaguait et jouait comme s'ils étaient ses petits-fils. Le monde de la lutte a perdu un champion, il ne va plus jamais avoir un lutteur de sa trempe. On n'a pas pu avoir certaines images de lui alors qu'il était un champion connu du monde entier. Il a appris à plusieurs personnes les rudiments de la lutte simple et elles sont devenues par la suite des professeurs en la matière. Il s'agit de Pape Diop 'Boston', Mbaye Guèye l'ancien 'Tigre' de Fass, Mor Fadam et Mame Gorgui Ndiaye.''

Abdou Bakhoum, manager de l'écurie Falaye Baldé

''Il a partagé son savoir''

''Falaye est un monument de la lutte qui est connu par tout le Sénégal. À l'époque, plusieurs agents de l'État, pour faire recettes, organisaient ses combats afin de gagner le maximum d'argent. Ses chocs faisaient plaisir à tous les amateurs de la lutte. Il était un lutteur étranger qui s'est vite intégré. Une fois au Sénégal, il a su former beaucoup  de jeunes du pays. Il ne se limitait pas à partager son savoir uniquement avec ses enfants. Un savoir, soit on le divulgue soit on le garde avec soi pour mourir avec. Mais lui, il a préféré le partager avec des sénégalais. Certains jeunes parviennent à s'en sortir grâce à son savoir-faire. Il fait partie des gens sur qui on devrait écrire un livre. Que le Bon Dieu l'accueille dans son Paradis. Le monde de la lutte a perdu. Il suffisait que Hypo Ngari et Ibou Ndiaye Niokhobaye battent leurs tam-tams et qu'il fasse son 'bakk' pour que les férus de la lutte prennent du plaisir, et certains même rentraient chez eux dès qu'il terminaient son fameux 'bakk' comme : ''Gin téé cere ak ndawal'', ''talako bass''. Il véhiculait à travers ses séances de 'bakk', de belles leçons de morale. Il avait l'habitude de me dire : 'si tu es fort en lutte simple sans une bonne tête, tu n'iras nulle part'. La lutte exige selon lui le courage, l'abnégation, la mystique, la force et des connaissances diverses. Je l'accompagnais lors de ces combats quand il faisait feu et flamme. Par la suite, quand j'ai vu que ses forces commençaient à diminuer, j'évitais qu'il renoue son 'ngemb.''

Abdoulaye Toungoufé Baldé, ami d'enfance du défunt

''Son combat qui m'a le plus marqué...''

''Falaye et moi avions quitté ensemble Kolda en 1957 pour venir élire domicile dans la capitale. Nous étions tous des lutteurs. À vrai dire, nous avions quitté le pays pour descendre dans l'arène. Il a lutté pendant plus de 20 ans sans mordre la poussière. Il avait comme bakk une sonorité venant de la Casamance. Nous avons eu à partager la même chambre pendant plus de 10 ans. Il avait à sa  charge, tout au début, plus de 22 gosses qui sont tous morts aujourd'hui. De tous ses combats, c'est celui contre feu Doudou Bakar Sarr qui m'a le plus touché. Il était sorti victorieux de ce duel de gladiateurs. Il n'y a qu'un certain Krick qui est parvenu à lui faire mordre la poussière. Il a gagné tous ses autres combats et en grande partie des sérères.''

Ama Baldé, fils du défunt

''Il me disait qu'un lutteur ne devait pas être grossier''

''Il était un bon père. Je ne me suis jamais rappelé un jour où il m'a frappé ou fait du mal. C'est la tristesse chez nous, mais aussi du côté des voisins qui ont perdu leur père. Mais on rend grâce à Dieu. Je me rappelle les fois ou nous étions ensemble en train de causer. Il me disait beaucoup de choses sur ma carrière. Il me disait souvent qu'un lutteur ne devait pas être grossier, ni éconduire qui que soit ; au contraire, il devrait être une personne au grand cœur, magnanime, etc. Ce sont des conseils qui m'ont beaucoup marqué. Il était mon ami, il y avait une grande complicité entre nous. Le samedi passé, nous étions ensemble et il n'a cessé de me requinquer. Peut-être qu'il ne voulait pas que je sois inquiet. Depuis ce jour, on ne s'est plus parlé. Il n'est plus là, mais on s'en remet au Bon Dieu. On aurait souhaité qu'il soit présent tout le long de notre carrière mais Dieu l'a voulu ainsi. On ne regrette pas le peu qu'il a eu à vivre de notre carrière car on a tout fait pour respecter nos engagements envers lui, en essayant de satisfaire à ses besoins. Que le Bon Dieu l'accueille en son Paradis.''

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