‘’La traque des biens mal acquis marche au ralenti, elle doit se poursuivre’’
Si l’Etat veut lutter contre la corruption et la mal gouvernance, il doit poursuivre la traque des biens mal acquis. C’est la conviction du président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS), Magatte Diop, invité de l’émission ‘’ Grand jury ’’ de la RFM de dimanche passé.
La traque des biens mal acquis est au point mort. Ce constat des Sénégalais n’est pas loin d’être partagé par Magatte Diop, président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS). Invité de l’émission ‘’Grand jury’’ de dimanche dernier, le juge assesseur lors du procès de Karim Wade à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), devenu juge d’instruction à ladite Cour, constate que ‘’la traque marche au ralenti’’. Toutefois, il a fait savoir qu’il en ignore les raisons mais il estime que la traque, qui a été enclenchée doit se poursuivre ‘’si nous voulons lutter contre la corruption et la mal gouvernance’’. A son avis, la traque ne doit pas s’en arrêter là. ‘’C’est ma conviction. C’est une politique criminelle définie par l’Etat qui doit la mettre en œuvre. Il n’y a pas raison qu’elle termine en eau de boudin’’, soutient le juge Diop.
Par rapport au ralenti noté, le magistrat instructeur à la CREI écarte la responsabilité de ses collègues. ‘’La commission d’instruction de la CREI ne se saisit pas d’office. Je ne mets en cause personne mais étant donné que nous sommes des magistrats, nous n’allons pas demander à ce qu’on donne des dossiers mais nous attendons’’, renseigne-t-il tout en précisant que la commission d’instruction poursuit ses investigations par rapport aux dossiers pendants. Et pour rassurer l’opinion, le magistrat ajoute que ‘’chaque affaire qui sera portée à leur examen, sera traitée conformément à la loi et en toute équidistance vis-à-vis de toutes les parties et quel qu’en soit le coût’’.
En d’autres termes, le juge reconnaît qu’ils subissent énormément de pression surtout avec l’affaire Karim Wade. ‘’Des pressions, des menaces, nous nous en sommes endurcis car le juge est là pour appliquer la loi dans toute sa rigueur. Des pressions il y en a toujours, mais on résiste car le juge évolue toujours dans un environnement où il y a des pressions, des influences de toute nature’’, souligne le président de l’UMS tout en précisant que ces pressions et menaces peuvent venir même de la famille. C’est la raison pour laquelle, tout au long de l’émission, le magistrat Magatte Diop a beaucoup insisté sur l’indépendance de la justice et surtout pour son renforcement.
FATOU SY