''Nous voulons atteindre l'élite nationale dans 2 ou 3 ans''
Après une carrière de footballeur professionnel dans les championnats arabes, malheureusement écourtée par les blessures, Mame El Hadj Diouf a décidé de participer au développement du football de sa localité d'origine, Niakhar. Avec l'Union sportive et culturelle de l'arrondissement de Niakhar (Uscan), l'ancien du Port veut se hisser au sommet.
Qu'est-ce qui a motivé votre projet ?
Je travaille avec mes collaborateurs qui sont tous de Niakhar. Il s'agit Moustapha Diouf, Babacar Diouf, Djibril Ndiaye et Ousseynou Sène. Dans les années 1990, Niakhar disposait d'un club qu'avait créé Moustapha Seck (actuel coach de Guédiawaye FC). Le club s'appelait l'Union sportive et culturelle de l'arrondissement de Niakhar (Uscan). Alors notre objectif est de restaurer ce club. C'est pourquoi, on a initié un week-end sportif et culturel (31 et 1er août 2013). Il consiste à voir comment redonner vie à l'Uscan en la dotant de moyens matériels et financiers. À l'issue de cette activité, on a voulu structurer le club en organisant une assemblée générale le 2 novembre prochain. Après cela, on va monter une équipe dirigeante afin de commencer le véritable travail. J'avais auparavant créé ma propre structure, appelée Diama Dione Pro, quand je suis arrivé à Dakar. Première du genre, cette institution est spécialisée dans l'organisation de matchs de football locaux et sous-régionaux. Mais, au lieu de commencer ailleurs, j'ai préféré centrer mes efforts ici et plus précisément à Niakhar afin de faire revivre le foot. Car c'est à Niakhar que j'ai débuté ma carrière de footballeur et aussi parce que ce village ne dispose pas d'infrastructures suffisantes. Ainsi, j'ai décidé de donner un nouveau souffle à l'Uscan. On veut atteindre l'élite du football national dans deux ou trois ans tout en passant par les petites catégories. L'Uscan est un club de football qui a une équipe. D'ailleurs, on compte cette saison s'aligner dans les compétitions au niveau régional.
Comment comptez-vous financer votre projet?
Le problème auquel est confronté le foot sénégalais est le financement. J'ai constaté que c'est une minorité de personnes qui arrive à financer le football local sénégalais. À l'heure actuelle où le football professionnel est avancé, c'est le club qui s'autofinance. Mais ce sont les habitants de Niakhar qui vont participer au financement de l'Uscan à travers les groupements féminins, les associations, les autorités locales. Le club va s'autofinancer lorsqu'il atteindra une certaine autonomie. On est ouvert à tous ceux qui veulent contribuer au développement de l'Uscan. On sait que Niakhar regorge de potentialités inestimables qui nous permettront de bâtir quelque chose de solide.
Est-ce que vous avez l'adhésion de la population ?
Pratiquement, toute la population est derrière nous parce que c'est un projet noble et la population en est consciente. Même les anciennes gloires sont de notre côté.
D'où viennent vos joueurs ?
On veut élargir l'accès au club à tout le monde. C'est ouvert à tous ceux qui habitent dans les villages environnants. On veut que cela soit clair pour tout le monde.
Les infrastructures sportives à Niakhar sont quasiment inexistantes. Ne pensez-vous pas que cela puisse constituer un frein au développement de votre club ?
C'est la triste réalité. J'ai rencontré le ministre des Sports (Mbagnick Ndiaye) il y a de cela deux mois. Il m'avait informé qu'une parcelle leur avait été octroyée à Niakhar pour la construction d'un terrain de football. Mais au moment d'entamer les constructions, l'hivernage s'est installé. Néanmoins, on a un espace et les fonds ont été débloqués par le Ministère des Sports. Il est même prévu de clôturer le terrain.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je me nomme Malick Diouf, plus connu sous le nom de Papin. Je suis né le 15 janvier 1986 à Guinaw Rail, Pikine. J'ai commencé à jouer au foot à Niakhar dans la région de Fatick. Puis je suis allé à Dakar où j'ai été formé au centre Aldo Gentina en catégorie minime. J'ai joué au Port autonome de Dakar entre 2003 et 2004. Je suis retourné dans mon quartier à Pikine où j'ai fréquenté un centre de formation entre 2005 et 2006 pour me maintenir en forme. Par la suite, j'ai joué dans l'équipe de Guinaw Rail en ''navétane'' (championnat populaire). J'ai obtenu une invitation du club de football français, Istres, en 2006, mais elle n'a pas abouti. Alors j'ai pris la décision de rejoindre Moustapha Seck, actuel coach de Guédiawaye FC, à l'Asc Saloum de Kaolack. La même année, j'ai fait un bref passage au Stade Tunisien où j'ai fait des tests qui n'ont pas été concluants. En 2007, j'ai décroché mon premier contrat professionnel à Al Ittihad de Tripoli, en première division libyenne, où j'ai fait 6 mois. Après, j'ai un peu évolué dans les championnats arabes. En 2008-2009, je suis allé en deuxième division à Médinatou Nasr City en Égypte. Ensuite, j'ai fait six mois au Sud Soudan. Suite à plusieurs blessures, je suis allé l'année passée aux Émirats Arabes Unis. Et comme les blessures persistaient, j'ai préféré mettre en œuvre un projet mûri longuement pour apporter mon aide au sport sénégalais. Là, j'ai automatiquement pensé à Niakhar. Car le football n'était pas très développé dans cette zone.