Publié le 29 Aug 2017 - 22:11
MARCHE HLM

Terrain de chasse des chapardeuses

 

Le marché est réputé pour ses articles de femmes. Naturellement, il accueille de nombreuses clientes à la main baladeuse et à la moralité douteuse, à l’affût de la moindre opportunité pour commettre des larcins. S’y ajoutent les voleuses professionnelles qui sont en chasse, en cette veille de Tabaski. Au marché HLM, les commerçants avertis sont sur le qui-vive.

 

A l’approche de la Tabaski, le marché HLM est un point de convergence de toute la gent féminine. Toutes y trouvent leur compte : des tissus, des accessoires, de même que les cheveux naturels constituent l’essentiel des commerces. Au-delà du business de fête, le marché HLM cache aussi le visage du vol commis par les femmes. D’après des témoignages, elles mettent en œuvre des stratégies très élaborées. Dans cette frénésie du marché assez dense, en ce mardi 22 août à 17h passées de quelques minutes, les gens se meuvent en rangs serrés dans une ambiance euphorique. Tout le monde n’a pas les mêmes buts ; certaines viennent acheter, d’autres préfèrent faire main basse sur les marchandises.

Adja Amy Diokhané, qui a son commerce dans ce marché, ne dira jamais le contraire. Elle a été, le lundi 21 août, victime de vol de la part d’une dame. ‘‘Vous tombez à pic, j’allais justement me rendre à la radio. Hier, (lundi 21 août) à cette heure, 18h, j’étais à la police des HLM pour un cas de vol commis par une dame’’, dit-elle en réajustant son voile. La cinquantaine sonnée, la grande commerçante qui s’approvisionne en Chine manifeste son amertume. ‘‘Je vous jure, certaines femmes ne méritent pas le respect. Elles ont piétiné la réputation qu’avait la femme’’, peste-t-elle avant d’expliquer la scène du vol dont elle a été victime.

‘’Lorsque je pars en voyage, je laisse ma nièce seule gérer la boutique. Un jour, une dame est venue, il y a quatre mois de cela. Trouvant ici ma nièce, elle a fait une commande d’une valeur de 590 000 F CFA. En venant, elle avait de gros sachets avec elle. Ayant fini de faire son choix et les tissus coupés, elle a fait emballer certains tissus dans ses sachets sans que ma nièce s’en rende compte. C’est au moment où elle lui a tourné le dos pour décrocher un tissu sur l’étagère d’en haut que la voleuse en a profité pour camoufler quelques tissus dans ses propres sachets. Je suis tombée sur la scène. J’ai été étonnée de remarquer toute cette marchandise sortir du magasin. Lorsque je l’ai interpellée, elle m’a assuré qu’elle allait récupérer d’autres bagages et revenir payer. Elle est partie et n’est plus revenue, jusqu’à hier (lundi 21 août)’’, confie-t-elle avec une note d’amertume.

Elle se réajuste sur sa natte, le chapelet à la main et poursuit : ‘‘Elle est revenue sur ses pas, ces temps-ci. Elle a voulu renouveler son forfait, sauf que, cette fois, ma nièce l’a reconnue et m’a signalé que c’était la même personne. Sa tactique consiste à prendre des brodés, penjab, getzner et autres tissus chers, sans marchander. Elle a demandé cette fois-ci qu’on lui sorte la marchandise d’une valeur de 200 000 F CFA et a créé un attroupement indescriptible, en accusant ma nièce d’avoir égaré le sac qu’elle lui a confié. J’ai eu le réflexe d’appeler la police des HLM qui a envoyé deux éléments qui nous ont conduites au poste. Heureusement que les enquêteurs se sont vite étonnés de son histoire décousue. Comment a-t-elle pu confier son sac contenant 840 000 F CFA, selon ses dires, à ma nièce qu’elle ne connaissait pas ? Devant la pression des policiers, elle a vite reconnu les faits. Heureusement, cette fois, elle n’avait rien emporté.’’

La commerçante poursuit en décrivant la dame : ‘‘elle est de teint clair, une très jolie dame aux allures de ‘‘drianké’’. Quand elle est devant vous, elle n’a pas l’apparence d’une voleuse’’. Adja Amy d’appeler à la prudence et à la vigilance. Elle confie que les femmes voleuses débarquent avec une mine sereine et le port correct.

‘’Les perruques de cheveux naturels sont faciles à voler’’

 Sur la même lancée, sa nièce, petite de taille, teint clair, y va de son anecdote. ‘’Une dame enceinte, prête à accoucher, est venue ici. Elle a commandé un tissu pour, dit-elle, préparer le baptême de son enfant. Après avoir choisi, elle a émis le souhait d’appeler son tailleur pour qu’il apprécie le tissu. Au même moment, un tailleur que je connais est entré dans la boutique pour me dire qu’il vendait la robe qu’il tenait en main, car sa cliente ne voulait pas du modèle. La femme enceinte a manifesté le désir de l’acheter. Au moment de l’essayer, elle en a profité pour dérober ma perruque de cheveux naturels que j’avais déposée au-dessus d’un ballot de tissus.

Ayant accompli son forfait, elle s’est désintéressée de la robe. ‘’Ce n’est pas à ma taille’’, a-t-elle lancé, avant de dire qu’elle devait aller voir des chaussures, en attendant toujours son tailleur. ‘’Quand elle est partie, j’ai remarqué que la perruque n’était plus là. Je l’ai filée et lui ai demandé de revenir à la boutique, pour ne pas l’humilier. Dans le local, je lui ai dit qu’elle avait volé ma perruque. Elle a cafouillé et fini par avouer, en ajoutant qu’elle ne l’avait pas fait exprès’’. La voleuse enceinte, ajoute la jeune fille, lui a expliqué qu’elle était maraboutée par sa coépouse. Depuis, elle est devenue kleptomane en période de grossesse. Mais qu’elle offrait les objets volés.

Fallou, un autre commerçant qui tient son échoppe à côté, témoigne qu’une dame lui a chipé une perruque de cheveux naturels qui coûte 300 000 F CFA. Un taxi attendait la fille qui allait s’y est engouffrer, quand elle a été arrêtée par le commerçant d’à côté. « Elle a été conduite ici pour payer le montant. Elles savent que c’est très commode de voler les perruques, c’est pour cela qu’elles en abusent’’, dit-il avec dépit. Lui qui n’a pas encore sa caméra de surveillance pour être à l’abri des vols envisage d’en acheter.

‘’Si la charia était appliquée, beaucoup de femmes seraient des manchots’’

Derrière son comptoir, Khadim Cissé, un vendeur de produits cosmétiques, explique que le vol des produits par les femmes est devenu ‘‘une mode de nos jours’’. ‘‘Si la Charia (la loi musulmane) était appliquée dans ce pays, beaucoup de femmes seraient des manchots’’, ajoute-t-il le sourire aux lèvres. Dans la boutique, le débat suscite un vif intérêt chez les commerçants. Très intéressés, ils se lâchent. Mohammed Cissé, un vendeur associé, raconte que récemment, une femme a dérobé un sachet de greffage ‘‘Yaki’’ et une autre un rouge à lèvres qui coûte 500 F CFA. ‘’Même les rouges à lèvres ne sont pas épargnés’’. Comme s’ils sétaient passé le mot, depuis l’entrée de sa boutique, Khadim lui lance : ‘‘plus les femmes te déconcentrent, plus elles te volent’’. Mohamed renchérit : ‘‘Le négoce s’accompagne de vol. Si on n’a pas de cas de vol, sachez que le marché va mal et puisque les produits sont essentiellement esthétiques, les femmes viennent se ravitailler et les inconscientes vont simplement voler.’’

‘’C’est un manque de dignité avérée’’

Chez certaines jeunes filles, le débat fait rire jaune. Elles dénoncent un manque de personnalité et de dignité avéré. ‘‘Ça me fait mal et je suis touchée que l’on dise que les femmes volent. C’est une honte de devoir répondre à une telle question. Ce n’est pas digne. Je suis très exigeante sur ce plan. Je ne prends pas ce qui ne m’appartient pas’’, confie Amy Ndiaye, une jeune fille venue acheter des cheveux naturels. Elle qui a fini de discuter d’un paquet à 70 000 F CFA n’a pas obtenu ce qu’elle voulait. Désespérée, elle rebrousse chemin.

Quelques mètres plus loin, Moustapha Cissé tient sa boutique de tissus. Dès l’entrée, le petit écran moniteur des caméras de surveillance tape à l’œil. Interpellé sur la vidéosurveillance, il dit agir de manière préventive, pour avoir subi les ruses d’une même femme, en l’espace de deux années. Il a fait installer les caméras pour un montant de 300 000 F CFA. ‘‘Elle a emporté 30 m, après avoir payé une valeur de 15 m, soutenant avoir donné la somme restante à un des garçons de la boutique. Au début elle a fait savoir qu’elle voulait payer 30 m à 60 000 F CFA. Ensuite, elle s’est désistée et a dit qu’elle allait prendre finalement 15 m. Entre-temps, elle nous a bluffés. Elle a dit à l’un des vendeurs qu’elle avait payé les autres 15 m.’’ Faute de n’avoir pas installé de caméra, Moustapha a subi ce vol.

‘’Les caméras de surveillance sauvent les commerçants’’

C’est ce jour-là qu’il a décidé d’installer une caméra de surveillance. Une dame, raconte-t-il, après avoir reçu sa monnaie de 2000 F CFA, a déclaré ne l’avoir pas reçue. Moustapha lui a proposé de vérifier avec la caméra. Surprise, la dame a sorti les 2000 F CFA et soutenu qu’elle n’avait pas vu le billet dans ses mains. C’est avec un fou rire que le commerçant a fini de raconter cette anecdote, secouant la tête pour se désoler de ce qui se passe dans le marché et de ce dont les femmes sont capables, de nos jours.

Moustapha de louer les bons services rendus par la caméra de surveillance. Selon ses dires, elle a permis d’élucider de nombreux cas d’arnaques. Notamment, ceux de réclamation de monnaie de la part des clientes. En train de faire son choix sur la couleur qu’il devrait choisir, Cheikh Coly se retourne brièvement pour donner son avis : ‘‘Le vol est ignoble et immoral, quel que soit le sexe’’. Ali, un vendeur d’insecticides, qui passe par là est ébahi : ‘‘Au Sénégal, il existe des femmes voleuses ? Je ne l’ai jamais su. Vous me le faites savoir. Je ne crois pas qu’il existe des femmes qui volent, et si cela est vrai, je ne souhaite pas en voir chez moi, c’est honteux !’’ s’exclame-t-il.

‘’Les vendeurs de bijoux ne sont pas épargnés’’

Une imposante bijouterie sur la petite allée du marché avec des parures aux perles fines, a comme gérant Bamba Niang. Celui-ci note que même des bagues qui coûtent 1000 F CFA ne sont épargnées par les cambrioleuses. ‘‘Une fois, des clientes m’ont pris une bague de cette valeur. Elles étaient trois, l’une d’elles a profité du fait que je tournais la tête pour récupérer un sachet. J’ai vu qu’elle a pris quelque chose et elle s’est précipitée de sortir la première. J’ai rechigné à la poursuivre dans le marché, car je ne voulais pas l’humilier en public. J’avais pitié d’elle’’, dit-il.  Son frère aîné qui vient participer à la discussion lance son missile : ‘’Je peux vous donner plusieurs cas. ‘’Jigéén ñi, sacc rek lañuy def’’ (les femmes ne font que voler)’’, lance ce dernier d’un ton méprisant.  

AIDA DIENE & DIERY DIAGNE (STAGIAIRE)

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