Le chapelet de problèmes du service d’urgence
Il y a quelques mois que l’hôpital de Grand Mbour a été baptisé du nom du saint homme Thierno Mansour Barro. Un établissement public de santé qui polarise tout un département riche de 16 communes. Toutefois, son service des urgences n’est pas le meilleur de tous, ou du moins, ce service ne reflète pas la grandeur de la structure sanitaire, tant sur le plan des infrastructures que sur celui de la représentativité.
Le service des urgences de l’hôpital Thierno Mansour Barro est dans une situation inquiétante. Ce service, dirigé par le Dr Khoudousse Mama et installé dans un hôpital de niveau 1, dessert toute la population du département estimée à un peu plus de 800 000 habitants. Cependant, les conditions de travail assez particulières ne laissent pas de marbre les agents de santé y officiant. Déjà installé dans des locaux inadéquats, sa superficie pose problème dans le fonctionnement correct du service. Le chef du service explique : ‘’C'est un service qui est très petit, parce que ce sont les anciens locaux du service de pédiatrie que nous avons récupérés pour avoir un service d'urgence. Jusqu’en 2016, il n’y avait pas de service d'urgence, en réalité. Les urgences étaient le grand hall de la chirurgie qui servait de service d'urgence. Donc, ce bâtiment qui est l'ancien bâtiment de la pédiatrie a été récupéré pour des urgences et c'est un bâtiment qui est assez exigu, très étroit.’’
‘’Mais, précise le docteur, c’est au moins un service individualisé par rapport aux urgences, déjà. Cela nous permet de prendre le malade, en respectant quand même un tout petit peu au moins son intimité. A en croire le spécialiste en imagerie et échographique et interventionnel, ‘’c'est une unité, sinon un service qui compte environ 14 lits dont un lit chaud. C’est-à-dire : les deux réanimations avec scoop de monitorage qui permet de surveiller les fonctions vitales du malade, c'est juste ça’’.
Sur le plan de l'organisation du service, ‘’c'est fait de telle sorte qu'on a pu trouver un endroit où le tri des malades se fait, trois box de consultation pour les médecins et une salle dédiée aux traumatismes avec quatre lits, une salle dédiée aux pathologies pour les urgences médicales qui ne sont pas des urgences vitales et la salle sauve qui est la salle des urgences vitales où on a les lits chauds. C'est une salle qui a quatre lits fonctionnels, dont un lit chaud. Maintenant, le restant du bâtiment est constitué par un bureau partagé par le médecin-chef et tous les étudiants. Il y a un de ces bureaux qui est celui de la secrétaire et en même temps celui du major de service et finalement une troisième salle qui est la salle de garde de tous les infirmiers. Un petit box de décontamination du matériel réutilisable, des toilettes personnelles peu fonctionnelles et des toilettes malades fonctionnelles de façon très limitée. Un couloir très étroit qui sépare l'aile gauche de l'aile droite du bâtiment, une porte d'entrée et une porte de sortie de chaque côté du couloir. L'entrée du Sau à une porte qui est quasiment totalement démontée, une porte en aluminium qui ne facilite pas du tout l'accès au service, surtout pour les malades qui sont sur des chaises roulantes’’, décrit-il.
Il ajoute que le service fonctionne grâce, en partie, à l’aide de partenaires. ‘’Il faut savoir que, depuis quatre ans, nous sommes accompagnés par un partenaire. C’est l'armée espagnole qui nous a aidés, pendant quatre ans, à obtenir du matériel. Assez fréquemment, du matériel un peu lourd dont l’autoclave des tables que nous utilisons pour stériliser le matériel déjà utilisé. Ils nous ont fourni un paravent, un scoop de monitorage, un défibrillateur. Et, chaque fois, ils nous aident avec des masques, et le petit matériel d'utilisation courante’’, a expliqué Khoudousse Mama.
Il poursuit : ‘’Comme vous le savez, nous sommes actuellement dans un contexte assez particulier au Sénégal où tous les événements qui se sont passés dans les différents hôpitaux, dans les différentes régions ont montré une insuffisance… L'insécurité qui règne dans toutes les structures de santé, puisqu’aucune d’elles n’est aux normes, apparemment. Dans les régions, vraiment aucune. Donc, je pense que le problème des urgences est capital et vital dans la prise en charge des malades, parce que c'est la porte d'entrée, c'est la porte-vitrine. On parle des services d'accueil des urgences. Donc, je pense qu’il y a un grand travail à faire, aussi bien par l'État, avec tous ses dénombrements, pour pouvoir permettre de mettre aux normes nos différentes structures. Il faut que les gens sachent qu’un service d'urgence, dans un hôpital, s'il fonctionne mal, l'hôpital va mal fonctionner ; s'il fonctionne bien, l'hôpital fonctionne bien’’, soutient le chef du Service d’accueil et des urgences de l’hôpital Thierno Mansour Barro.
Dans la foulée, il assure que si les normes étaient respectées, cela permettrait de sauver encore plus de vies qu'on en sauve actuellement. ‘’Mais, se désole-t-il, c'est une organisation qui est bloquée par le manque de personnel. On a très peu d'infirmiers, très peu d'assistants infirmiers, pour pouvoir couvrir le système des trois ou quatre temps, pas suffisamment de médecins pour pouvoir prendre en charge et superviser les soins, pas de matériel adéquat. Des fois, la pharmacie, pour les médicaments, ne suit pas, parce qu’au niveau central et au niveau national même, ils sont en manque. On a des difficultés pour la prise en charge de certains malades qui n'ont pas les moyens financiers pour subvenir à leurs besoins, par rapport au coût de leurs ordonnances pour les acheter’’, renseigne-t-il.
Et de renseigner : ‘’Si un malade doit être hospitalisé dans un service de médecine, de chirurgie ou de réanimation et que ces services sont pleins, forcément, le malade risque de durer au niveau des urgences. Ce qui, dans tous les cas, n'est pas l'idéal.’’ Pour lui, ‘’c’est tout un système qui est à revoir par rapport à la desserte du malade, parce que si un service d'urgence est performant et qu’il y a le personnel qu'il faut, le matériel qu'il faut, le nombre de places qu'il faut, les infrastructures nécessaires pour le service des urgences, il faut, derrière, une bonne desserte pour que le service d'hospitalisation soit performant en termes de prise en charge de ces malades’’.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)