Le calvaire des handicapés
A Tivaouane, ils font partie du décor. Les mendiants ont élu domicile au Mausolée de Serigne Babacar Sy qui ne désemplit presque jamais.
Ils sont mendiants et souffrent dans leur chair, à l'occasion de ce Gamou. Agressés par le chaud soleil, ils subissent les foudres des forces de l’ordre. C'est le cas du vieux Modou Wade, assis à même le sol. Il célèbre le Maouloud à Tivaouane, depuis une trentaine d’années.
Le Lougatois vit à 6 km de la capitale du Ndiambour, à Maka Bira Guèye, avec sa famille qu’il entretient avec ses maigres ressources. Maçon de profession, il raconte son histoire : ‘’Je n’ai pas choisi d’être mendiant. Un mur est tombé sur mon pied et depuis, je suis devenu handicapé. Avec ce que je gagne, je subviens aux besoins de ma famille’’.
L'année dernière, il avait fait un chiffre d’affaires de 42 500. Cette année, après trois jours de dur labeur, il n'a engranger que 5 000 f. ‘’C’est dur, cette année. La vie est devenue plus chère. Pire, les forces de l’ordre ont gâché notre marché. Ils nous ont demandé, ce matin (Samedi), de quitter les lieux. Car, le président Macky Sall doit passer devant le Mausolée’’.
À Tivaouane, les mendiants éprouvent d'énormes difficultés pour se nourrir. A l’image de Modou Wade, les mendiants qui sont devant le Mausolée du premier Khalife de Maodo, Serigne Babacar Sy, vivent la même souffrance. Yacine Kassé, handicapée moteur, habitante de Gouye Sagal dans la communauté rurale de Pire, ne peut que constater les faits.
‘’L’année dernière, j’ai eu plus de 50 000 f’’, souffle-t-elle. Cette année, les choses ont changé. ‘’Nous sommes marginalisés’’, fustige la dame. Son camarade, Ibrahima Ndao, n’arrête pas de fulminer. ‘’Notre dignité est bafouée. Ils nous ont fait sortir, comme des animaux. C’est un manque de respect.
Nous sommes des citoyens comme les autres’’. Pour corriger ces impairs, le Ziguinchorois plaide pour la valorisation de la loi d’orientation sociale: ‘’cette loi est dans les tiroirs. Ils n’aident pas les handicapés, ils ne font que parler’’, lâche-t-il amèrement.
NDEYE FATOU NIANG THIES