‘’On était submergé par le Japon’’

Le Sénégal a été tenu en échec, hier, par le Japon qui, selon l’ancien coach de Mbour Petite Côte, Abdou Karim Mané, a dominé les Lions sur le plan de la vitesse et de la vivacité.
Le Sénégal a concédé le nul (2-2) contre le Japon. Quelle lecture vous faites de cette rencontre ?
Dans cette rencontre, le Sénégal n’a existé véritablement que pendant 20 minutes en première mi-temps où les Lions ont exercé une pression constante sur l’équipe nippone. A partir de la 20e minute, nous avons vu une équipe japonaise très consciente dans son jeu avec une très bonne circulation du ballon et une bonne gestion de l’espace. En mettant le pied sur la balle et avec leur mobilité, ils nous ont posé énormément de problèmes. C’est logiquement qu’ils sont parvenus à revenir au score. En seconde période, le Sénégal est revenu à la charge en marquant un deuxième but, en montrant des signes assez intéressants sur l’efficacité. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait avoir des arguments techniques pour contrer cette formation nippone. Les Sénégalais n’arrivaient pas à anéantir les assauts répétés des Japonais. Ces derniers ont débauché beaucoup d’énergie qui nous ont presque mis à genou.
On a vu les joueurs sénégalais peiner sur les secondes balles…
Le Sénégal n’arrivait pas à régler le problème des deuxièmes ballons. A chaque fois, les Nippons étaient premiers sur ces balles. Cela veut dire que sur le plan de la vitesse, les Lions étaient existants et sur la vivacité, ça n’allait pas également. Entre le match contre la Pologne et celui d’aujourd’hui (dimanche), il y a une grande différence dans le style et l’organisation du jeu. Contre le Japon, Aliou Cissé a mis en place un 4-3-3 qui n’est pas souple dans son contenu. Au milieu de terrain, il n’y avait aucun joueur à vocation créative. Avec trois milieux jouant sur le même registre, le Sénégal n’arrivera jamais à asseoir le jeu pour mettre en scelle ses attaquants. C’est un handicap pour nous. Tout le monde sait que l’équipe a du mal à poser le jeu et le conduire à sa guise. Ce n’est pas un fait nouveau de voir le Sénégal en difficulté devant un bloc compact qui se dresse devant lui. Après, on ne va pas cracher sur le match nul. Mais cela devient plus compliqué parce qu’il fallait gagner pour jouer sereinement le troisième match contre la Colombie. Il faudra une très bonne équipe sénégalaise, très inspirée, créatrice pour arriver à bout de la sélection colombienne. On était submergé par le Japon. Certains pensaient qu’on allait passer sur cette équipe qui n’a pas tellement brillé pendant les matches amicaux. C’était une grande erreur de mesurer cette formation à partir de ses matches de préparation.
Le Sénégal a été rattrapé au score à 2 reprises par le Japon. Comment expliquez-vous cela ?
Il y a à la fois un manque de concentration et de fraîcheur physique. Quand on court dans le vide, on s’époumone. Et dans cet état, on n’est plus intelligent. C’est ce qui explique que le Sénégal n’arrivait pas à être lucide dans le jeu. Nous avons vu une défense sénégalaise fébrile tant sur le plan individuel que collectif. Il y avait un problème pour gérer le match du point de vu mental. Les joueurs ont beaucoup couru. Et quand on est fatigué, on joue de façon approximative. La chaleur également ne nous a pas aidés. Il faut corriger cela parce que le football, ce n’est pas la force mais l’intelligence en mouvement. Il faut revoir les coups de pied arrêtés, notamment les corners. Cela pouvait être un atout pour nous mais toutes les balles ont été gaspillées. C’est incompréhensible que Mbaye Niang, avec sa morphologie, au lieu d’aller dans la surface de réparation pour essayer de bousculer la défense adverse, se mette à tirer des corners. C’est un avant-centre, il doit être dans la mêlée pour mettre le ballon au fond des filets.
Pensez-vous que le coach a fait les bons choix sur les changements effectués dans ce match ?
Très souvent, l’entraîneur a raison parce qu’on ne sait pas ce qui a motivé ses choix. Aujourd’hui, c’est vrai que Mbaye Niang montrait des signes inquiétants avec sa jambe. Il fallait logiquement le sortir. Mais avec qui ? Personnellement, je ne voyais pas Mame Biram Diouf. Il y a les autres joueurs. Il devait chercher encore. Il ne fallait pas mettre Mame Biram qui ne nous a rien montré la dernière fois, sinon sa fougue. Il y a également la rentrée de Cheikh Ndoye et Cheikhou Kouyaté. Ces changements n’ont rien apporté dans l’animation et la construction du jeu.
LOUIS GEORGES DIATTA