Publié le 7 Apr 2017 - 13:33
MOUHAMED D. M. T. NDONGO, ENSEIGNANT-CHERCHEUR A L’INSEPS DE DAKAR

‘’Il y a une absence de culture sportive au Sénégal’’

 

Invité par le Cnoss pour la célébration de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, le conférencier Mouhamed Dia Momar Talla Ndongo estime que certains ne connaissent pas les bienfaits du sport.

 

La salle était loin de faire le plein mais la qualité du débat et des personnalités a rendu l’événement très riche. Des champions tels que Balla Dièye (taekwondo) et des présidents de fédération ont répondu présent à cette célébration de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix tenue par le Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). Le conférencier n’y est pas allé à demi-mots. ‘’Il y a une absence de culture sportive au Sénégal parce que nombreux sont ceux n’en connaissent pas les bienfaits.

Les femmes préfèrent certains loisirs, notamment les telenovelas et la lecture, à la pratique du sport. Elles accusent souvent le manque de temps’’, fait constater Mouhamed Dia Momar Talla Ndongo. Pourtant, ‘’une étude montre que les personnes qui pratiquent le sport sont très intelligentes’’. Pour inverser la tendance, cet enseignant-chercheur à l’Institut national des l’éducation sportive et populaire (Inseps) de Dakar a donné quelques conseils aux membres de la fédération des fédérations : ‘’Il faut que le Cnoss sensibilise dans ce sens, qu’il fasse beaucoup d’efforts pour le transfert de culture sportive chez les Sénégalais’’.

L’autre question qu’il déplore est la récupération politique que nos Etats font avec les disciplines qui amènent des trophées au lieu d’avoir une politique réelle.

‘’Les promoteurs de lutte plus riches que les pratiquants’’

Sur le thème proprement dit, ce doctorant en sociologie du sport a relevé les liens entre les trois concepts : sport, développement, paix. ‘’Le sport constitue un levier de développement économique et social. On part de la logique de consommation qui est un marché très segmenté. En Europe, la consommation des produits sportifs occupe la 4e place sur le marché’’, dit-il. M. Ndongo cite les spectacles, les sponsors, les droits télés, sans compter l’organisation  d’événements sportifs qui engendrent la construction d’infrastructures, développe le tourisme.

Mais l’anomalie réside dans le ‘’sport de chez nous’’. ‘’Il faut que l’Etat se ressaisisse par rapport à la lutte où les promoteurs sont plus riches que les pratiquants’’, invite Mouhamed Ndongo.

Il a aussi souligné que la pratique du sport permet d’avoir un bien-être psychique pour être utile à son pays ; permet la prévention des maladies et ça devient moins coûteux pour l’Etat. ‘’C’est un puissant moyen de socialisation. C’est aussi un prétexte pour un individu de s’intégrer dans la société.’’. Une bonne transition pour souligner le lien avec la paix. ‘’Le sport joue un rôle dans la résolution de conflits’’, rappelle ce titulaire d’un master en management et chef de la division des sports à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. Il cite l’exemple de l’investissement du lutteur Balla Gaye 2 dans la recherche de la paix en Casamance.

‘’Vers le développement à la base’’

Ceux qui ont pris la parole n’ont pas non plus hésité à critiquer la politique sportive. Partageant les idées du conférencier, l’ancien sélectionneur de l’équipe sénégalaise de basket masculin, Abdourahmane Ndiaye ‘’Adidas’’, pense que 1% du budget national promis aux sports ne peut régler le problème. En guise de réponse, le représentant du ministre des Sports Matar Ba fait savoir que l’ambition de l’Etat est d’aller à 2% dans le futur. ‘’Nous nous acheminons, dès 2018, à travers la Lettre de politique sectorielle, vers le développement à la base’’, informe en outre Léopold Senghor, directeur des activités physiques et sportives au ministère. 

Adama Coly

 

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