Publié le 18 Aug 2016 - 05:39
MURS FISSURES, SALLES INONDEES, INSTALLATIONS VETUSTES…

William, la fin (a)normale d’un Pontyficat

 

Des salles de classe abandonnées, des murs fissurés, une toiture qui ne tient plus, des portes et fenêtres rouillées, des installations vétustes et même dangereuses… la liste est déjà longue et pourtant non exhaustive. L’école normale William Ponty de Kolda, créée en 1983, est loin de son pontificat de l’époque coloniale. Peu à peu, ce souverain de l’école sénégalaise sombre dans un dénuement total. EnQuête y a effectué un tour. Visite guidée !

 

Niché au cœur du quartier Saré Kémo, commune de Kolda, l’école normale William Ponty rebaptisée Centre de formation des Personnels de l’Education (CRFPE) est à l’agonie. Les murs sont délabrés, les portes et fenêtres couvertes de rouille, les salles de classe abandonnées à cause de la vétusté des dalles, peintures défraîchies et de vieux bâtiments qui croulent sous le poids de l’âge. Face à cette situation, il a été décidé d’organiser les 72 heures de Ponty pour attirer l’attention des autorités et des anciens. En effet, l’établissement a été plusieurs fois déplacé à l’intérieur du Sénégal. Installé à Saint-Louis en 1903, il a été déplacé tour à tour à Gorée (1913), Sébikotane (1937) et Thiès (1965). Sur financement de la Banque mondiale, l’école a été délocalisée à Kolda et inaugurée le 04 août 1983 par l’ancien Président du Sénégal Abdou Diouf. Depuis lors, elle meurt à petit feu…dans une indifférence totale !

Bâti sur une superficie d’environ cinq (5) hectares, l’image désolante offerte par l’établissement témoigne de l’abandon et de l’indifférence dont il est victime. L’édifice est dans un état de dégradation très avancée. Les salles B, C, E, F et G sont d’ailleurs abandonnées à chaque fois qu’il pleut. ‘’L’eau ne suinte pas, elle coule dans la salle quand il pleut. Vous voyez de vos propres yeux. Il y a des fissures un peu partout sur les dalles qui ne tiennent plus. Si les autorités ne prennent pas les devants, ces dalles risquent un jour de s’écrouler sur les éducateurs et apprenants’’, avertit le guide Boubacar Ba.

Devant un tel spectacle, le directeur de l’établissement ne mâche pas ses mots pour fustiger l’inertie des autorités face à la situation que traverse le centre. ‘’En période d’hivernage, le centre est inondé. Même le personnel qui est là aujourd’hui traverse d’énormes difficultés. Nous avons du mal à gérer ce centre. Il y a même des risques parce qu’à tout moment, les toitures peuvent tomber sur nous et les enfants. Dans la bibliothèque, certaines archives sont en voie de disparition’’, alerte Dominique Preira.

Ce joyau dédié aux éducateurs et autres apprenants est aujourd’hui un local ordinaire, dépourvu de tout. Le mobilier est inexistant dans presque tous les huit (8) bâtiments. Et quand il existe, il est très ancien, parce que datant de 1983. Le mauvais état des toilettes est un bon indicateur de l’entretien défectueux. Pis, la structure est dépourvue de lampadaires, d’ordinateurs et autres moyens logistiques. Tout ceci, sans compter les problèmes d’électricité, et la capacité d’accueil de la salle informatique trop réduite par rapport aux effectifs actuels de 400 stagiaires devant être formés, chaque année.

À tous ces points s’ajoutent la quasi-inexistence d’infrastructures sportives, la bibliothèque sous équipée. Or, la direction ne peut aucunement compter sur le budget en total déphasage avec les nouvelles missions de l’établissement.

Tuyaux vétustes et fuite d’eau…..

En dehors des infrastructures, il y a le problème des installations. La vétusté des tuyaux de robinets hantent le sommeil de l’administration. Des gouttes d’eau coulent en permanence des robinets, malgré des réparations sommaires. Boubacar Ba, gardien dudit centre, explique que ‘’ces tuyaux sont là depuis la création de cette école. Plus d’un litre sur deux disparaît dans le sol avant d’arriver chez les consommateurs’’.

A la question de savoir qui gère les factures d’eau, Alioune Badara Sagna, gestionnaire du centre, répond : ‘’Depuis que je suis là, aucune facture d’eau ne m’a été adressée. En vérité, je ne sais pas qui gère les factures. Mais ce que je peux vous expliquer, c’est que depuis l’installation des tuyaux et la plomberie, en 1984, rien n’a été refait. Presque chaque mois, nous payons des plombiers qui s’attellent à la réparation des parties vétustes. Je pense que c’est du gaspillage’’, se désole-t-il.

Selon certains spécialistes en hydrologie, 10 à 20 % de la quantité d’eau qui passe par les tuyaux étanchent la soif du sol. Ce qui représente des milliers de francs Cfa facturés chaque année au service de contrôle régional des finances, la structure qui s’occupe des factures du centre.

Bornes électriques défectueuses

A l’image de l’eau, le courant présente aussi des problèmes. Plus que cela, il représente surtout un danger permanent. Les élèves, âgés de 7 à 15 ans, côtoient les fils électriques à porter de main. Ils courent donc le risque d’être électrocutés un jour. Conscient du danger, le directeur du centre, Dominique Preira, avait envisagé de construire des bornes pour protéger ces fils électriques, mais faute de moyens financiers, l’initiative n’a pas abouti. ‘’Nous n’avons pas des moyens pouvant nous aider à construire ces bornes-là. Finalement, on était obligé de sensibiliser tous les habitants du quartier, particulièrement les élèves et les enseignants, afin  qu’ils soient prudents par rapport à ces fils. Nous savons tous qu’il y a un danger permanent qui guette tous les jours les petits enfants’’, s’inquiète-t-il.

L’école a formé plusieurs élites africaines

L’école normale William Ponty a formé des générations d’élites africaines. C’est pourquoi Dominique Preira n’arrive pas à digérer qu’une école ayant vu passer ‘’toutes ces personnalités’’ puisse être laissée dans un tel délabrement. L’inspecteur de l’académie de Kolda, Mamadou Goudiaby, embouche la même trompette.  ‘’William Ponty a 113 ans d’existence. 113 ans au service de l’éducation et de la formation de la jeunesse africaine et sénégalaise. Si l’Afrique se targue d’avoir des cadres émérites, c’est grâce à l’école William Ponty qui a participé à la formation de ces derniers’’, rappelle-t-il. 

EMMANUEL BOUBA YANGA

 

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