Des militaires invalides menacent de traîner l’Etat en justice
Des militaires invalides de la classe 98 ne sont pas du tout contents de l’Etat qui, selon leurs dires, refuse de leur payer une pension proportionnelle, conformément au code militaire. Ils envisagent d’ester en justice, si rien n’est fait.
‘’Nous avons tout donné à l’armée, mais nous estimons que l’armée nous a lésés d’une part’’. Le cri du cœur est d’Ahmed Adama Sy, un ancien militaire invalide de guerre. L’ex-parachutiste, qui parle au nom de ses huit frères d’armes, ne comprend pas le traitement que leur inflige l’armée, après plusieurs années de services. ‘’Après 15 ans de services, nous ne percevons pas la pension mixte. L’armée nous verse seulement la pension d’invalidité, alors que nous avons droit également à une pension proportionnelle’’. Notre interlocuteur dit se fonder sur l’article 10 du Code militaire.
Ledit article stipule : ‘’Les militaires de carrière assimilés en activité de service, radiés des cadres pour infirmité imputable à une opération de guerre assimilée à des opérations de police ou de sécurité effectuées à l’intérieur du territoire, à des opérations identiques, hors celui-ci pour le compte d’un organisme international ou supranational et qui ont accompli un certain nombre suffisant d’années de service, pour avoir droit soit à une pension d’ancienneté soit à une pension proportionnelle, peuvent obtenir une pension mixte rémunérant, d’une part le service effectif et les campagnes qu’ils ont accomplies et comprenant la part de service décompté à raison de 2% de la solde de base acquise à la radiation des cadres pour chacune de leurs annuités liquides, et d’autre part, une pension d’invalidité attribuée sur la base du taux du soldat.‘’
Grève de la faim
Compte tenu de cette disposition, nos interlocuteurs croient être dans leur bon droit de réclamer la pension mixte. Ahmed Adama Sy explique qu’ils ont été enrôlés en 1998. Qu’ils n’ont quitté l’armée, qu’après 16 ans, 4 mois et 4 jours, car ils ont été réengagés pour nécessité de service. ‘’Un beau jour, se désole-t-il, nous avons été libérés et nous avons reçu seulement la somme de 19 millions, comme dédommagement’’. A l’en croire, depuis lors, ils courent derrière les autorités militaires pour être réhabilités dans leurs droits. D’après M. Sy, des correspondances ont été adressées aux dites autorités, mais également au Médiateur de la République sortant, le professeur Serigne Diop.
Las d’attendre, ces invalides de guerre menacent de passer à la vitesse supérieure. En fait, s’il n’y a aucune réaction de la part des autorités, les militaires envisagent tout simplement d’enclencher une procédure judiciaire contre l’Etat. Ils n’excluent pas également d’entamer une grève de la faim. ‘’Nous n’en pouvons plus de cette situation. En ce qui me concerne, en 2003 et 2004, je devais faire l’objet d’une évacuation sanitaire à l’étranger, mais je suis cloué au Sénégal. Les autorités déclarent avoir tout compensé avec les 19 millions. On ne peut rien faire avec ce montant. Si vous construisez une maison, il ne vous restera rien’’, lâche l’ex-soldat invalide.
Les précisions de l’Armée
Selon les précisions d’un gradé de l’armée, l’Etat ne doit aucun centime à ces invalides de guerre. La raison est qu’ils ont le statut de maintenu de service. A ce titre, ils n’ont pas droit à une pension proportionnelle. ‘’Celui qui n’a pas cotisé pour la retraite ne peut prétendre à une pension. C’est le cas des maintenus pour raison de service. Seulement lorsque l’Etat les libère, il leur verse des dédommagements’’, explique notre source. En somme, il explique que ces invalides ont une mauvaise lecture des textes.
FATOU SY