Air Sénégal Sa dans les airs
On n’en attendait pas moins de la conférence de presse de Maïmouna Ndoye Seck tenue hier à Dakar. Le ministre du Tourisme et des Transports aériens a annoncé la venue d’une nouvelle compagnie aérienne et a abordé toutes les questions pendantes du secteur.
Sénégal Airlines atterrit avec sa dette de 65 milliards F CFA. Air Sénégal Sa est paré à décoller avec beaucoup d’ambitions à bord, dont celui de porte-étendard du nouveau hub aérien. La nouvelle compagnie aérienne, dont l’existence (juridique) date de mercredi dernier était attendue depuis la fin de la convention de concession des droits de trafic annoncée par le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ lundi dernier. Air Sénégal Sa démarre avec un capital initial de 40 milliards de F CFA en numéraires, et une augmentation de 100 milliards escomptée en attendant la contractualisation avec un partenaire stratégique.
La nouvelle compagnie se propose d’éviter les tares congénitales qui ont fait crasher sa devancière. ‘‘Toutes les sociétés démarrent avec une perte. Quand la société est bien gérée c’est 6% pour le transport. Aussi, nous allons mettre l’accent sur les activités connexes comme le handling, le cartering, un centre de maintenance pour garantir un modèle économique robuste’’, annonce Maïmouna Ndoye Seck. ‘‘Nous voulons éviter les erreurs du passé, des décisions de prestige. Nous ne voulons pas que les décisions soient politiques, mais que les spécialistes en la matière travaillent par rapport à la taille des avions, aux lignes de desserte’’, annonce-t-elle.
Pour que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets, l’Etat a préféré reprendre un nouveau processus que de continuer à mettre sous perfusion un Sénégal Airlines qui a atteint des niveaux d’endettement record : 24 milliards de pertes pour sa première année, 18 en 2013, et 11 en 2014. Des négociations avec d’éventuels repreneurs ont toujours bloqué à cause de ce passif et surendettement. ‘‘Pour la nouvelle compagnie, l’Etat détient la totalité du capital initial à travers la Caisse des dépôts et consignations. Mais il ne sera pas majoritaire au terme de la structuration de la compagnie car sa participation sera de 30 à 49%. Nous n’allons pas attendre, nous avons pris les dispositions, nous allons commencer. Ceux qui seront intéressés vont venir nous retrouver’’, annonce le ministre. Les autorités fixent haut la barre puisque l’objectif est que le premier vol commercial de la nouvelle compagnie soit à l’aéroport de Diass. Pour couper court aux intermédiaires, le ministre s’est fait clair. ‘‘On n’a donné mandat à aucune personne physique pour négocier au nom de l’Etat du Sénégal’’, prévient-il.
Préserver les intérêts des travailleurs de Sénégal Airlines
Pour parer au plus pressé, c’est la compagnie Transair qui assure les dessertes sur Nouakchott, Bissau, Praia et Conakry. Quid de la situation des travailleurs de la défunte compagnie ? Maïmouna Ndoye Seck assure que le règlement de cette question requiert une décision collégiale. ‘‘Le sort de la société en tant que telle est de la responsabilité de ses actionnaires, dont l’Etat du Sénégal qui détient 34%. Lors des conseils d’administration à venir, ils vont en tirer toutes les conséquences. C’est dans ce cadre que le futur des travailleurs sera décidé’’, promet-elle. Le ministre du Tourisme promet toutefois un accompagnement et rassure que leurs intérêts seront préservés au maximum pour une éventuelle réintégration. ‘‘On ne va pas aller chercher des Tanzaniens. Ce sont des Sénégalais qui ont des compétences. Nous ferons le maximum pour qu’ils soient intégrés’’, poursuit-elle.
Pour le choix du partenaire stratégique, Turkish Airlines semble tenir la corde même ‘‘s’il n’y a pas de choix définitif’’. ‘‘Nous espérons les rencontrer prochainement’’, selon Maïmouna Nd. Seck pour qui les intérêts du Sénégal seront primordiaux dans la configuration de la nouvelle entreprise. Quant à l’acquisition de nouveaux appareils par le Suisse Jetlease, le ministre a déclaré n’être en ‘‘négociations avec aucune société pour l’acquisition d’avions’’.
Le ministère s’est également fixé un échéancier quant aux travaux de l’AIBD de Diass. La semaine prochaine, les documents contractuels devraient être signés pour une durée de 8 mois. ‘‘Au premier semestre de 2017, l’aéroport sera mis en exploitation’’, promet le ministre. La société Saudi Bin Laden Group (SBG), chargée de la construction de l’aéroport, a négocié un contrat de sous-traitance générale avec le groupe turc Summa-Limak qui devra finaliser la construction de l’aéroport. Quant aux aérodromes, l’Etat veut mettre aux normes Ziguinchor et Saint-Louis pour qu’ils soient conformes aux exigences de sécurité avant de le confier à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).
OUSMANE LAYE DIOP