Les élèves de l’école publique envisagent de paralyser, dans les semaines qui suivent, les enseignements-apprentissages au niveau des établissements privés de la ville de Thiès, en vue de pousser l’État à trouver des solutions aux grèves cycliques.

La crise scolaire que vit l’école publique sénégalaise, depuis le début de l’année, risque d’influer sur le privé. Pour cause, les lycéens et les collégiens de la cité du Rail, qui revendiquent depuis presque deux semaines la reprise ‘’immédiate’’ des enseignements-apprentissages sans succès, entendent déloger leurs camarades du privé, les jours à venir. Vendredi encore, comme les semaines précédentes, les apprenants ont marché comme un seul homme, pour réclamer le retour de leurs professeurs dans les salles de classe. D’après leur porte-parole du jour, l’heure a enfin sonné pour réclamer à l’État leur droit le plus absolu. ‘’Nous n’avons que 16 heures de cours par semaine.

Ce n’est pas normal pour les élèves de seconde, de première et, plus grave, de terminale. Nous sommes à quelques mois seulement des évaluations finales, notamment le Baccalauréat. A ce rythme, nous aurons des problèmes. Au moment où nous sommes dans la rue pour revendiquer notre droit à l’éducation, nos camarades du privé sont en train de faire cours. C’est pourquoi nous avons décidé, nous élèves de Thiès, de les déloger, les jours à venir, pour permettre à l’État de prendre en charge au plus vite les revendications de nos enseignants afin que nous puissions retourner dans les salles de classe. Nous ne voulons rien d’autre qu’étudier’’, a martelé Cheikh Diallo, au terme de leur marche pacifique.

Dans ce dialogue de sourds entre gouvernement et syndicats d’enseignants, l’élève en classe de terminale au lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck soutient que ses camarades et lui ne ‘’doivent en aucun cas’’ être les agneaux du sacrifice. ‘’Ce n’est pas parce que nos parents n’ont pas assez de moyens qu’on doit être sacrifiés. Nous sommes à 85 jours du Bac et on n’a même pas terminé la moitié de notre programme. Nous demandons à l’État de trouver des solutions ou, au moins, de repousser les examens pour nous permettre de mieux nous préparer. Nous en avons marre de ces grèves. Nos parents se tracassent pour nous payer le transport quotidien. Mais une fois au lycée, on n’étudie pas. Ils sont fatigués. Cette situation ne doit pas perdurer’’, fulmine encore le candidat au Baccalauréat.

Cheikh Diallo persiste et renseigne que la prochaine étape de leur plan d’action, c’est de déloger tous les élèves du privé. ‘’On ne peut comprendre qu’ils (les professeurs) abandonnent les élèves des écoles publiques pour aller dispenser des cours dans le privé. Cette fois, nous sommes décidés à aller jusqu’au bout. Tant qu’une solution définitive n’est pas trouvée entre le gouvernement et les enseignants, aucun établissement ne fera cours normalement à Thiès. Nous sommes des élèves patriotiques et responsables. Le président (Macky Sall) nous parle d’émergence. L’émergence, c’est une jeunesse bien éduquée, une jeunesse qui conserve les valeurs républicaines’’, philosophe-t-il.

Ndèye Rama de renchérir qu’il leur faut ‘’passer à la vitesse supérieure’’, s’ils veulent obtenir gain de cause. Tout comme Cheikh Diallo, elle révèle que ‘’déloger les élèves du privé’’ serait la meilleure option. Cela leur permettra, poursuit la candidate au Bac, d’être sur le même pied.

GAUSTIN DIATTA (THIES)