Guédé village crie sa soif et sa colère
Enclavement, manque d’infrastructures, non-accès à l’eau, non-électrification, absence de services sociaux de base martyrisent les populations des localités de la commune de Guédé village, dans le département de Podor. Hier, elles ont vu rouge.
Tarédji, Mafré, Alana, Gawdi Boffi, Biddi et Wendi Boki sont des villages situés dans la commune de Guédé village, dans le département de Podor. Dans ces localités, les habitants vivent depuis des siècles dans un total isolement qui les insupporte de plus en plus. L’élevage, étant la principale activité quotidienne, tarde à être modernisé. En outre, ils doivent composer avec le manque d’infrastructures, le non-accès à l’eau, la non-électrification et l’absence de services sociaux de base. Autant de problèmes qui les ont poussés à arborer du rouge, hier, pour exprimer leurs souffrances.
Pour se faire entendre, ces populations rurales ont organisé une marche pacifique, les jeunes à la tête du cortège. Elles ont confié à la presse leurs tourments dans cette zone sylvo-pastorale. Samba Daouda Sy, responsable des jeunes du village de Biddi où s’est déroulée cette marche, dénonce un manque de respect et de considération. ‘’Il nous arrive de rester des jours sans se laver, parce que simplement, pour nous, la priorité, c’est le cheptel’’, lance-t-il. Poursuivant, il renseigne que, pendant la saison des pluies, les populations, composées à majorité d’éleveurs, faute du liquide précieux, se contentent de boire l’eau des mares provenant des pluies.
Le seul château d’eau qui y existe, à l’en croire, donne un liquide impropre. ‘’Une véritable catastrophe, quand on sait que le château d’eau n’est pas couvert, qu’il fonctionne à ciel ouvert’’, s’étrangle-t-il. D’autant que la situation a favorisé la propagation de certaines maladies comme la diarrhée. D’ailleurs, au poste de santé de Biddi, les salles ne désemplissent jamais. Une information certifiée par le chef de poste, en marge de cette marche de contestation. Interpellé sur la situation sanitaire, Birame Faye soutient que rien que la semaine dernière, trente-neuf cas de diarrhée ont été enregistrés.
La marche a connu un franc succès. Mamadou Issa Sow, habitant de Tarédji, de lister les nombreuses complaintes parmi lesquelles le désenclavement qui, selon lui, est le véritable mal. L’urgence, dit-il, est la mise en place d’une route praticable entre Mafré et le village de Téssékéré. Dans cette zone du Diéri, il n’existe pas d’ambulance. Pour se soigner, le malade doit rallier Ndioum ou Richard-Toll distants de plus de 50 km. Pire, il n’y a ni collège encore moins de lycée.
FARA SYLLA (SAINT-LOUIS)