Faire de la croissance ''la priorité des priorités'', suggère le Pr. Amadou Aly Mbaye
Invité hier à l'émission ''Objection'' de Sud Fm, le doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l'Ucad Amadou Aly Mbaye a invité les nouvelles autorités à faire de la croissance soutenue leur priorité.
La croissance économique du Sénégal reste encore faible. Même constat pour le niveau de revenu par tête d'habitant. C’est l'avis du doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l'Ucad, Amadou Aly Mbaye, exprimé hier à l’émission dominicale ''Objection'' de la radio Sud FM. Selon ce spécialiste des questions économiques, en regardant l’évolution de la croissance économique et du produit intérieur brut (Pib), les tendances demeurent inquiétantes. Depuis plusieurs années, le taux de croissance tourne au tour de 2 et 3%, en deçà de la moyenne africaine.
Pourtant, les nouvelles autorités ont comme objectif d’atteindre un taux de l’ordre de 7% à l’horizon 2015. Mais, a signalé le professeur Amadou Aly Mbaye, ''si les tendances actuelles se maintiennent, c’est clair qu’on va avoir des problèmes liés à la dette, mais également d’autres problèmes liés à notre économie. C’est anachronique dans notre contexte''.
D'après le professeur, les niveaux de revenu par tête d'habitant est toujours de l’ordre de 1,1%. ''Cela signifie que toute la production qu’on réalise dans le courant de l’année, si on distribue cela à la population sénégalaise sur une base égalitaire, chacun ne recevrait que 50 000 francs mensuel. Avec cette somme, qu’est-ce qu’on peut faire ?’’, s'est interrogé M. Mbaye. Il a cité l'exemple de pays comme le Cap-Vert qui a un revenu par tête d'habitant plus de deux fois supérieur à celui du Sénégal. ''Les taux de croissance sont faibles et avec cette tendance, il nous faut 63 ans pour doubler notre revenu par tête. Il nous faudrait aussi 70 ans pour arriver au niveau actuel du Cap-Vert'', a-t-il prévenu.
Pour parer au plus pressé, le doyen de la Faseg a invité les nouvelles autorités à faire de la croissance une priorité. ''La priorité des priorités, c’est d’avoir une politique de croissance soutenue. Sans cela, on ne peut pas régler les problèmes d’emplois'', a-t-il soutenu.
Du bon usage de l'endettement
Face à l'animateur de l'émission, Baye Oumar Guèye, Amadou Aly Mbaye a abordé d’autres sujets tels que la dette et l’énergie. Pour lui, si le Sénégal est aujourd’hui endetté de plus 3 000 milliards francs Cfa, l'encours doit être bien maîtrisé par le gouvernement. ''Il ne faut pas que nos indicateurs de solvabilité se détériorent. Il ne faut pas que la dette dépasse un certains seuil des exportations, et il faut que cette dette serve à quelque chose. Lorsqu’on s’endette, c’est pour générer une croissance permettant de rembourser la dette sans difficulté'', a-t-il indiqué l'économiste.
Sur la question de l’énergie, le professeur Mbaye a estimé que le premier problème, c'est le coût de l’énergie, entre 80 et 90 francs Cfa le kilowatt/heure. Alors que dans certains pays, celui-ci est vendu à 30 francs Cfa, relève-t-il.