Youssoupha Ndiaye risque 20 ans de réclusion criminelle
Le maître des poursuites a requis, hier, 20 ans de réclusion criminelle contre Youssoupha Ndiaye. Ce dernier, qui comparaissait à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, est accusé d’avoir enlevé et violé une mineure de 15 ans. Au moment du crime, il était avec deux autres individus qui ont pris la fuite.
Une affaire de viol sur mineure a été évoquée, hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Youssoupha Ndiaye, pointé du doigt par la mineure A. Ba comme l’un de ses bourreaux, s’est expliqué pendant un tour d’horloge sur ce crime qui lui a valu sa détention depuis 2018. Accusé d’association de malfaiteurs, de détournement de mineure avec fraude ou violences, de viol collectif sur mineure, de pédophilie sur cette dernière qui n’avait que 15 ans au moment des faits, Youssoupha Ndiaye a tout nié.
En 2018, A. Ba, qui vendait des fruits pour le compte de sa mère, a croisé le chemin de trois malfaiteurs qui étaient à bord d’un véhicule. Ces derniers, qui étaient armés, l’ont sommé de monter dans la voiture, avant de prendre la direction de la forêt de Déni Guedji.
Selon la fille, Youssoupha Ndiaye a abusé d'elle avant qu'elle ne plonge dans un état de somnolence. Par la suite, elle a été sauvée par des gendarmes, suite à la dénonciation de Mamadou Dame Diallo qui était témoin de la scène de son enlèvement. Ce, avant de noter la plaque d'immatriculation qu'il a remise aux agents avant que ces derniers ne se lancent à sa recherche. Ils finissent par appréhender Youssoupha Ndiaye grâce à cette plaque d’immatriculation. Quant aux autres individus, ils se sont évaporés dans la nature.
Mais celui-ci, alpagué, renseigne qu’il n’est pas mêlé à cette affaire de viol. Ce qu’il a réitéré hier au prétoire de la chambre criminelle. Chauffeur de son état, l’accusé, qui est âgé de 25 ans, déclare : ‘’Il y avait deux individus qui avaient loué mes services pour les conduire à Toubab Dialaw. Mais, en cours de route, ils m'ont demandé de leur laisser le temps d'aller boire un verre dans le bar d'à côté, dénommé "Columbia". Ce que j'ai fait en restant dans ma voiture. Mais au moment où je les attendais, j'ai aperçu la fille qui était assise devant un bâtiment en construction avant qu'elle ne se voie attaquer par des jeunes armés de machette vers 3 h du matin. Ces derniers m'ont menacé de me tuer, si je refusais de les embarquer avec la gamine dans la voiture pour ensuite les transporter dans la forêt. Je ne pouvais rien faire, puisque je n'étais pas armé. Nous avons quitté Diamniadio pour aller à Sébi Ponty. Ils m'ont éconduit du véhicule avant d'accomplir leur sale besogne au moment où je réfléchissais sur quoi faire.’’
Poursuivant sa narration, il précise connaître l’un des présumés violeurs qui a pris la fuite. ‘’Il s'appelle Ousmane. Après les faits, je suis allé informer le propriétaire du véhicule et il est parti à la police. Malheureusement, il a été arrêté avant qu'il ne me demande de me présenter à la police sur ordre de ces derniers. C'est ainsi que j'y suis allé avant qu'on ne m'interpelle. Je ne l'ai jamais violée’’, a-t-il juré.
Des déclarations battues en brèche par la plaignante A. Ba. Revenant sur cet événement qui a bouleversé sa vie, elle déclare : ‘’Il m'a trouvée en train de vendre ma marchandise à Diamniadio. C'est là qu'il s'est garé devant moi avant que deux autres garçons ne viennent pour m'embarquer dans sa voiture. Ils m'ont conduite dans la forêt. Et il était le premier à me violer dans le véhicule qu'ils avaient garé dans la forêt. Il disait même que ses acolytes étaient faibles, contrairement à lui qui était, selon lui, le meilleur.’’
Elle tombe en sanglots avant de poursuivre difficilement : ‘’Il faisait 3 h du matin. J'avais remplacé ma mère qui était absente du marché, le jour des faits. Au moment où ils me tiraient, ils m'ont dit qu'ils allaient me conduire à la police, puisque le fait de vendre à cette heure de la nuit était une infraction. Ils avaient des couteaux, des pistolets et de l'essence dans leur véhicule. Ils ont pris la direction de la forêt, quand ils m'ont kidnappée.’’
D’après la victime, lorsque les agents l’ont appelée pour une séance d’identification, elle a formellement reconnu Youssoupha, puisque, dit-elle, celui-ci était le premier à abuser d’elle.
A la suite de son père qui a réclamé la somme de 5 millions de francs CFA pour dédommagement, le maître des poursuites a requis 20 ans de réclusion criminelle.
Par ailleurs, de l’avis des avocats de la défense, la chambre criminelle n’est pas compétente pour juger cette affaire. D’autant plus qu’au moment des faits, le viol n’était pas encore criminalisé. Les avocats de l’accusé ont sollicité la relaxe de leur client.
La chambre rendra sa décision le 18 mai.
AMADOU FALL