Un repreneur du Coud et deux banquiers traînés par la SGBS
Un repreneur des restaurants universitaires et deux agents de la Société générale de banques au Sénégal (SGBS) ont été attraits hier, à la barre du tribunal correctionnelle de Dakar, pour faux et usage de faux, faux en écritures privées de banque, abus de confiance et complicité de ce chef portant sur 198 millions 300 CFA. Ils sont poursuivis par la banque.
En plus de courir derrière le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) pour le paiement de ses prestations en tant que restaurateur, le fournisseur Maguette Diagne s’est retrouvé hier à la barre du tribunal correctionnel de Dakar. Le patron du GIE Magal est traîné en justice par la Société générale de banques du Sénégal (SGBS). Il devait comparaître avec les banquiers Matar Mbengue et Babacar Ndiaye. Toutefois, ces derniers ont fait défaut. C’est la raison pour laquelle, après avoir requis une peine de trois ans, le procureur a demandé le mandat de dépôt contre le comparant et des mandats d’arrêt contre les deux absents. Le trio est poursuivi pour faux et usage de faux, faux en écritures privées de banque, abus de confiance et complicité de ce chef portant sur 198 millions 300 CFA au préjudice de la SGBS.
Les faits remontent à 2010, quand Maguette Diagne a gagné les marchés des restaurants des universités de Thiès, Bambey et du Polytechnique de Dakar. Il avait domicilié les marchés à la SGBS en vue d’obtenir un prêt qu’il s’engageait à rembourser, une fois que le Coud le paierait. Seulement, il n’a pas pu respecter ses engagements, car les virements ont accusé des lenteurs. Las d’attendre, la banque a alors porté plainte au niveau de la division des investigations criminelles (DIC). Elle soupçonne Matar Ndiaye, un chef d’agence de la SGBS, d’avoir fait des facilités à Maguette Diagne avec la complicité du fondé de pouvoir Babacar Ndiaye. Ceci a conduit à l’arrestation des mis en cause. Une fois à la police, la situation s’est décantée car le défunt directeur du Coud, Iba Guèye, a eu à émettre un chèque de 40 millions de francs CFA pour Maguette Diagne qui a pu payer la banque. C’est pourquoi hier, à la barre, le fournisseur a clamé son innocence, en se disant surpris par les poursuites. ‘’Le virement du Coud tardait, mais j’ai payé cash la banque lorsque j’ai été arrêté. Donc je suis étonné de ma comparution devant cette juridiction’’, s’est défendu le prévenu.
Mais selon le parquet, les parties n’ont pas respecté les closes de la médiation pénale. C’est la raison pour laquelle le Procureur a saisi un juge qui a décerné un mandat d’arrêt. Le maître des poursuites considère que le délit d’abus de confiance est également établi à l’encontre du chef d’agence, notamment Matar Mbengue. Car, dit-il, ce dernier recevait une commission, une fois l’opération conclue. Ainsi, il a requis la culpabilité de tous les prévenus. Mais aux yeux de Me Assane Dioma Ndiaye, avocat de la défense, il y a une erreur de procédure. D’après son argumentaire, le juge d’instruction n’a entendu personne dans cette affaire et que les autres prévenus étaient libres avant même que le juge ne soit saisi. Mieux, Me Ndiaye a écarté l’existence d’un délit, puisque son client a déjà payé. Il a ajouté que le dépôt de chèque à titre de garantie est une pratique courante dans les banques. ‘’La condition est juste la domiciliation du marché et on vous fait des facilités pour faciliter ces droits. Cela ne peut pas être considéré comme des faits délictueux’’, a argué la robe noire. Au contraire, il considère que Maguette Diagne est une victime dans cette affaire, car le Coud lui doit jusqu’à ce jour près de 500 millions F CFA.
Le dossier sera vidé le 14 décembre prochain.