PROCES DU MASSACRE DE BOFFA BAYOTTES
La défense demande une expertise informatique
Pour la manifestation de la vérité et un procès juste et équitable, les avocats des accusés du massacre de Boffa Bayottes ont introduit, hier, une requête dans laquelle ils demandent la convocation d’un sachant en matière informatique, pour les édifier sur l’authenticité des mails, courriels et communiqués qu’on prête à l’inculpé, le journaliste René Capain Bassène.
Programmé pour durer deux semaines au maximum, le procès sur la tragédie de Boffa Bayottes, qui a fait 14 morts, 07 blessés et 03 rescapés parmi des bucherons partis à la recherche de bois, le 6 janvier 2018, risque de durer plus que prévu. Attrait à la barre presque toute la journée du mercredi, le journaliste René Capain Bassène, considéré comme le ‘’cerveau’’ de ce massacre, a encore, toute la journée d’hier, défilé à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance Ziguinchor pour répondre des mails, courriels et communiqués extirpés de son ordinateur et qu’on lui prête et, également, de sortie irrégulière de correspondances.
C’est d’ailleurs sur la base du contenu de ces documents que le parquet s’est largement appuyé pour fonder sa religion quant à la culpabilité avérée du journaliste dans cette affaire.
Hier, à la barre, comme avant-hier, René Capain Bassène a rejeté toutes les accusations portées contre lui. Mieux, il a réfuté les réponses qu’on lui prête et, dans sa globalité, le procès-verbal établi par le juge d’instruction, au motif qu’il ne l’a pas lu et que le juge n’était pas ‘’neutre’’. Il a indiqué que celui-ci a ‘’dénaturé’’ certains de ses propos.
Selon lui, l’instruction s’est déroulée dans des conditions très tendues. ‘’Le juge était fâché contre moi, parce que je lui ai dit que ce qu’il a dit est faux. Il était fâché, puisqu’aussi, je lui ai dit que je suis fatigué et que je ne peux plus parler. Il était furieux, haineux à mon égard. Il m’a dit : ‘Tu verras, tu le regretteras toute ta vie’’’, a-t-il soutenu.
Confortée par les propos et la position de René Bassène, la défense a douté, à son tour, de ‘’l’authenticité’’ des mails et des courriels. ‘’Je suis certain que ces mails ont été manipulés. Avant d’être avocat, j’étais professeur en informatique au collège Sacré-Cœur de Dakar. Lorsque quelqu’un dispose de votre adresse mail, de votre mot de passe, de vos codes d’accès, il peut manipuler comme il veut et même à distance’’, lance Me Henri Gomis.
‘’Nous souhaitons tous un procès équitable. Il se pose des questions techniques. Pour la manifestation de la vérité, nous demandons la convocation d’un sachant en matière informatique’’, a renchéri Me Ciré Clédor Ly.
Malgré l’opposition du maitre des poursuites, la chambre a décidé de suspendre l’audience jusqu’à ce matin.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)
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