Quant les bruits d’avions s’invitent dans le couple
Les vibrations des avions auraient-elles des conséquences sur la procréation des pilotes ? C’est en tout cas ce que semble dire un constat unanime auprès des aviateurs. Tous les membres de la profession ont presque tous plus de filles que de garçons. Un phénomène insolite qu’ils attribuent au bruit des moteurs. Il reste cependant une expertise médicale pour confirmation.
Survoler le monde à bord d’un avion. Se réveiller dans un pays pour se coucher dans un autre. Un tel rêve sans doute très répandu à travers le globe est une chose banale pour un pilote. Mais au-delà du prestige de façade se cachent parfois des misères ou inquiétudes insoupçonnées. Comme le fait par exemple de n’avoir pratiquement que des enfants de sexe féminin. Et c’est pourtant ce que vivent les aviateurs. Des pilotes, et pas simplement sénégalais, ont fait le constat comme quoi, ils n’ont pratiquement que des filles.
Le colonel Amadou Lamine Ndiaye est le chef de centre de coopération et de coordination à la base aérienne de Ouakam. Sur 5 bouts de bois de Dieu, il n’y a qu’un seul garçon. Son épouse Seynabou Diop avoue n’avoir eu vent de cela que lorsqu’elle venait d’avoir sa troisième fille. ‘’J’ai entendu cette information de mon mari. Egalement, certains pilotes en parlaient. A ce moment, je venais d’avoir trois filles’’, confie-t-elle. Amadou Cissé Dia, adjoint au chef de piste transport, vit la même situation et trouve cela étonnant. Marié depuis 1996, ce pilote a trois filles et un garçon. Il a appris la nouvelle de ses collègues. ‘’C’est quand j’en étais à deux filles que j’ai eu l’information. Je n’ai pas eu peur. Mais c’est étonnant. A chaque fois, le bébé vient avec un sexe féminin’’, sourit-il.
Le lieutenant Mamadou Ndoye, pilote de transport et qualification, n’a pas encore duré dans la profession. Mais il a déjà entendu parler du sujet, puisqu’ayant un ami nigérien qui a deux filles. Et ce dernier lui a affirmé que la plupart de ses collègues ont des demoiselles. ‘’C’est quelque chose qui peut être vraie. Le constat est là, aussi bien sur le plan national qu’international. C’est une question qui est sérieuse et qui mérite réflexion.’’
‘’C’est à cause des bruits d’avions’’
La question qui se pose dès lors, c’est : pourquoi ? Comment expliquer que les aviateurs aient plus de filles que de garçons ? Les concernés croient savoir que c’est lié à leur environnement de travail. Même s’ils sont conscients du fait qu’il leur manque des preuves scientifiques. ‘’C’est après avoir fait la remarque que j’ai fait des recherches et j’ai vu que c’est à cause des bruits d’avions. Ce n’est pas l’avis d’un médecin mais c’est par curiosité que j’ai fait les recherches sur le net. Je pense qu’un homme cultivé doit pouvoir observer et faire des recherches’’, souffle colonel Ndiaye. ‘’C’est une théorie que les gens tiennent ici. Certains se basent sur l’environnement dans lequel les pilotes évoluent, c’est-à-dire les vibrations des appareils’’, ajoute Amadou Cissé Dia.
Les conséquences des vols longs courriers
Pour le moment, l’officier soutient n’avoir fait aucun test pour confirmer ou infirmer. Mais, à l’image des autres, il trouve l’hypothèse tout à fait plausible. Le colonel Ndiaye n’est pas loin de penser à la probabilité d’une transmission de parents à enfant. Puisqu’il signale, au passage, qu’il a eu également une fille comme première petite-fille.
Il faut dire que le Sénégal est un pays où les gens, hommes comme femmes, aiment avoir un garçon. Il est considéré non seulement comme l’héritier du père, mais aussi celui qui doit le remplacer dans les charges familiales. D’ailleurs, quand une chose est souvent difficile à trouver, on utilise souvent l’expression ‘’moo gënë jafe taaw bu goor’’ (c’est plus difficile à avoir qu’un fils aîné). Celui qui n’a que des filles est pris en pitié. On dit souvent à son sujet : ‘’ndeysaan, moom de, ay jigéén rek la am’’ (Peuchère ! il n’a que des filles).
‘’Faire des tests ne m’a jamais traversé l’esprit’’
C’est dire donc que même si la société le tolère, elle n’aime pas trop voir quelqu’un n’avoir que des filles. Ceux qui vivent cette situation pourraient donc être gênés. Et pourtant, nos interlocuteurs assurent qu’ils n’en font pas un cas. Dans la famille du colonel Amadou Lamine Ndiaye, on semble avoir pris cela avec beaucoup de philosophie. ‘’Je n’ai jamais essayé de trouver des solutions médicales, franchement !’’, assure sa femme. ‘’Ça fait plaisir et cela me laisse indifférente’’, renchérit sa fille de 17 ans, Fatoumata Ndiaye. Il n’empêche que les filles voulaient quand même avoir un petit frère, selon leur maman. Aujourd’hui, Dieu a entendu leur appel.
Même son de cloche du côté d’Amadou Cissé Dia. ‘’Je vis cela avec plaisir. Nous sommes des musulmans. Tout repose sur la foi. On rend grâce à Dieu. Ce n’est pas nous qui décidons. Si on a des filles, on prend. Si cela ne dépendait que de nous, on aimerait que ça soit équilibré. Mais, il n’y a pas de souci à se faire. Nos filles sont nos amies’’, tempère-t-il. Mais contrairement à son collègue, il souligne n’en n’avoir jamais parlé à sa femme. Et il n’a jamais jugé nécessaire non plus d’essayer de trouver une solution.
‘’Remèdes, analyses, tests, rien de tout cela ne m’a jamais traversé l’esprit. Je n’ai jamais cherché des solutions médicales. Moi, le fait d’avoir des filles ou des garçons me laisse indiffèrent’’, proclame-t-il. N’empêche qu’il a sans doute dans un coin du cœur le secret envie d’avoir un garçon. ‘’Je ne fais que demander au Bon Dieu. Je prie pour avoir des garçons. Disons que dans tous les cas, ça fait plaisir. Car, ce n’est pas donné à tout le monde’’, se résigne-t-il.
Quelques appréhensions
Cependant, en dépit des tentatives de se rassurer, il existe quand même quelques appréhensions. ‘’D’aucuns disent que les filles, c’est des problèmes. Elles sont difficiles à gérer et c’est vrai, surtout que nous ne sommes pas toujours à la maison’’, s’inquiète M. Dia. Il y a toutefois de quoi se rassurer. Car n’importe qui ne peut être la femme d’un militaire. Si l’on en croit notre interlocuteur, l’armée procède à une enquête de moralité sur la prétendante, sans que le soldat lui-même n’en soit informé. A l’issue de l’investigation, l’autorité militaire rend le verdict. Et là, il ne s’agit point d’avis, mais de décision. Si elle dit oui, c’est bon. Si elle dit non, le projet de mariage tombe à l’eau, d’après lui.
L’avantage, dit-il, est que dans l’armée, une enquête de moralité est faite sur ta future épouse avant le mariage. ‘’Tu n’es pas au courant de l’enquête. La gendarmerie passe pour voir quel genre de femme tu veux épouser. C’est normal. Ils déposent ça au niveau des autorités. Tu fais une demande, elle peut être favorable, comme elle peut ne pas l’être’’. M. Cissé se réjouit de son cas, car le chef a donné une bonne appréciation.
La médecine sans réponse EnQuête a sollicité 3 embryologues pour essayer de trouver des explications médicales. Mais tous les trois ont fait savoir qu’ils n’avaient pas de connaissances dans ce domaine. En attendant que les scientifiques se penchent sur la question et apportent des réponses appropriées, des recherches sur internet ont permis de voir une publication sur le site de médecin tropical qui a établi des liens entre certaines maladies et les longs vols. Dans le document intitulé : ‘’Les pathologies des vols aériens longs courriers’’, il est dit que différents facteurs liés à l’appareil ou à l’environnement du voyage sont à l’origine de différentes maladies. Les variations du volume du gaz et de la pression en fonction des altitudes, les températures, bref tout ce qui est lié au milieu atmosphérique peut avoir des conséquences sur la santé des passagers. Il en est de même sur l’environnement technologique de l’avion et même du décalage horaire. Une étude, sur une période de 2 ans, réalisée par Air France, montre qu’un évènement médical se produit pour 20 000 passagers, occasionnant un décès pour 3 millions de voyageurs. Soit 10 décès annuels, dont 6,5 inopinés. ‘’Ces données illustrent l’importance et la fréquence des pathologies observées à bord des avions, dont certaines sont en rapport direct avec les vols, notamment longs courriers’’, précisent les auteurs du document. |
AIDA DIENE