De petite taille, Elimane Ba passe pratiquement inaperçu dans la multitude des étudiants qui sillonnent les artères du campus social. De ce fait, à la tête de l’amicale de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG), il entend redorer le blason du mouvement estudiantin terni par la violence.

Toute la vie de ce petit homme au teint noir et un peu chétif aura été d’être sous les ordres. D’abord d’un père militaire dans l’armée, ensuite de l’amicale de sa faculté dont il préside les destinées depuis plus d’un mois, après des années de militantisme. ‘’Très tôt, j’ai senti la volonté de servir la cause estudiantine, en essayant d’améliorer la vie de mes camarades’’, affirme-t-il avec fierté. Mais, il serait un peu réducteur de limiter le rôle du nouveau Président de l’amicale de la FASEG à celui d'un simple soldat, car le jeune Elimane rêve en grand.

Ainsi, en moins de 4 ans, il a réussi à s’imposer au sein de l’une des plus puissantes amicales de l’Ucad. Ses détracteurs mettent en avant sa ‘’ruse‘’ et ses talents de ‘’manœuvrier’’. En véritable petit mitron, il a pu conserver son fauteuil, en conjurant une fronde de délégués de son amicale qui s’opposaient à la réforme sur les universités, en s’alliant avec les autorités universitaires, affirme son ami Henry Dramé, coordinateur de l’amicale.

Lui, préfère parler d’ambition saine qui l’a mené jusque dans le perchoir de la FASEG. Toujours est-il que le jeune maigrichon qui rasait les murs de l’école primaire Al Kabîr de Thiaroye où il vit le jour, en 1989, se dit engagé dans une mission : celle de mettre son magistère sous ''le sceau de la solidarité envers ses camarades étudiants, en œuvrant à l’amélioration de leurs conditions de vie’’. Armé de son ’’simple courage’’, l’ancien pensionnaire du Lycée  Technique et de Commerce Maurice Delafosse n’hésite pas à monter au front de la lutte syndicale estudiantine dès l’obtention de son Bac Série G, en 2008.

Découvrant avec surprise l’omniprésence de la violence, Elimane Ba, dont l’assurance frise parfois l’arrogance, selon ses détracteurs, s’attelle à engager la bataille sur le plan des idées. En 2011, il occupe son premier poste comme secrétaire adjoint au Trésor, avec la liste nommée rupture. Avant de conduire sa liste à la  victoire, le 31 août 2013.  Mais des contestations sur les résultats ont retardé son entrée en fonction qui n’a pu avoir lieu que le 20 janvier 2014.

Très actif au sein du collectif des amicales de l’Ucad, il ne s’est pas opposé à la réforme des universités avec l’augmentation des frais d’inscriptions. Cependant, en retour de ce sacrifice, il réclame l’augmentation des bourses et l’amélioration des conditions d’études des étudiants. Aujourd’hui,  étudiant en Master II, Elimane, dont les amis saluent la générosité, prône l’émergence d’une nouvelle gestion dans les amicales, en misant sur la transparence. 

De ce fait, il compte en finir avec la corruption qui a longtemps gangrené la vie des amicales. Le petit ''général'' entend mener la bataille pour l’émergence d'un mouvement étudiant fort et responsable. ‘’ Le programme de notre liste est d’opérer un changement  radical, car nous comptons mettre nos actions sous le sceau de la transparence dans les codifications pour l’attribution des chambres, même si le nombre dérisoire de 500 lits pour 9 000 étudiants est source de tensions’’, ajoute-t-il.

 A.M.Ngom