Haro sur l’extraction du sable
À Diourbel, l’essor du secteur de la construction a créé un besoin important en matériaux naturels extraits de carrières à ciel ouvert. Les carrières de granulat (gravier et sable) dans les communes de Diourbel et de Ngoye se multiplient. Cette activité transforme les paysages et crée souvent des empreintes permanentes, sous forme d’excavations sur l’environnement, parce que difficiles à éliminer. Les conséquences sont multiformes.
Deuxième ressource naturelle la plus utilisée après l’eau, le sable est indispensable à notre développement. Mais aujourd’hui, le matériau s’épuise et devient un facteur de déstabilisation. Le sable, comme le souligne Pascal Peduzzi, Directeur scientifique du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), ‘’c’est le héros oublié de notre développement’’.
À Diourbel, la péjoration environnementale, du fait de l’homme, a eu des répercussions négatives sur le bien-être des producteurs. Ces derniers perdent de plus en plus de superficies cultivables. À Kamb Suuf (fosse de sable), la situation est alarmante. Le constat a été fait, lors de la célébration de la Journée mondiale de l’environnement, par le gouverneur de la région de Diourbel et l’ensemble des participants venus prendre part à cet événement dont le thème était ‘’Il n’y a qu’une seule terre. Ensemble, nous pouvons la protéger’’. Les enfants venus en grande majorité commémorer cet événement, ont pu constater d’eux-mêmes comment l’environnement est agressé. Pape Sène n’en revient pas. ‘’Je suis très surpris par ce que je viens de voir. Comment se fait-il que, depuis des années, on exploite le sable et on laisse ces canaux sans même les remblayer ? Si le remblaiement était fait, les gens pouvaient cultiver et même faire de la pisciculture. Je me demande si les détenteurs du permis d’exploiter sont conscients que le sable peut un jour ou l’autre manquer ?’’.
Pour le gouverneur, ‘’l’exploitation abusive du sable a été soulignée. Par conséquent, je demande aux mairies de Ngohé et de Diourbel de délimiter la carrière qui, du reste, est autorisée. Il faut savoir s’arrêter, s’il le faut’’. Il a déploré la non-remise en état des carrières.
En effet, les conséquences potentielles de l'exploitation du sable ne sont pas qu'environnementales ; elles sont aussi économiques, humaines, sociales et culturelles. À titre d'exemple, l'appauvrissement des sols affecte les secteurs de l'agriculture, des eaux et forêts et de l’élevage. Ameth Tidiane Diagne, Chef de la Division régionale de l’environnement et des établissements classés de Diourbel, renseigne : ‘’Le milieu est fortement agressé avec la prolifération des dépôts sauvages d’ordures, l’exploitation du sable, la pollution des eaux et cela constitue des préoccupations. Il faut alerter, mais aussi sensibiliser pour la préservation du milieu qui, d’ailleurs, regorge des potentialités. Des mesures seront prises pour la préservation de l’environnement. Susciter un élan communautaire.’’
À Kamb Suuf, il n’y a pas seulement l’extraction du sable. De l’avis du gouverneur de la région, ‘’ce milieu écologique d’une superficie de 21 ha, est fortement agressé par plusieurs phénomènes, à travers notamment un dépôt d’ordures. Cet écosystème est très affecté par l’extraction de sable, la prolifération des dépôts d’ordures, la salinisation et la présence d’eaux polluées non utilisables pour les activités agricoles. Cette situation nécessite une synergie d’actions communautaires pour la préservation du milieu. Ce choix se justifie surtout par l’importance des activités diverses qui y sont développées, mais aussi, la sensibilité du milieu. C’est un milieu riche, divers et un peu fragile. Il y a une certaine fragilité de l’écosystème’’, dit-il.
BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)