L’écueil des financements
Les programmes qui traitent de la question de la protection des droits de l’enfant ne sont pas assez pris en compte dans le budget du Sénégal. Les défenseurs de la cause des enfants en ont fait état hier lors de la présentation du bilan du projet ’’mobilisation et engagement des élections pour la protection de l’enfance’’.
Le Sénégal ne semble pas accorder une place importante à la question des droits des enfants dans sa politique budgétaire. Ainsi, malgré les nombreuses stratégies mises en place, les défenseurs de cette couche vulnérable estime que l’Etat doit davantage appuyer ce segment. Hier, à l’occasion de la présentation du bilan du projet ’’mobilisation et engagement des communautés pour la protection de l’enfance’’, le directeur de programme de l’institut Panos est revenu sur les problemes de financement en faveur de la protection des droits des enfants.
Selon Jules Fotso, une analyse systématique du budget national a permis de montrer que la partie allouée au financement des droits des enfants n'atteint pas 1% dans notre pays. ’’C'est à peine 1milliard qui est dédié au questions de protection des enfants au Sénégal. Nous avons avec nos partenaires, notamment le Samusocial et Plan international mené des activités de sensibilisation, de plaidoyer au pres des acteurs étatiques pour la revue en hausse du budget alloué à la protection de l'enfant’’, renseigne M. Fotso. Qui indique en outre qu’un document a été élaboré pour demander à l'Etat du Senegal de revoir le volume du budget alloué à la protection de l'enfant, ainsi que la nomenclature budgétaire pour insérer une ligne de protection de l'enfant.
Le projet ’’Mobilisation et engagement de la société sénégalaise pour la protection de l’enfance’’ a été réalisé par le concours d’une collaboration entre des organisations comme Plan international Sénégal, l’Institut Panos et le Samusocial Sénégal. L’initiative qui s’est étalée sur une période de trois ans à permis de mettre le doigt sur les causes profondes des violations des droits des enfants. Il a à cet effet permis de mener des activités de sensibilisation avec des cibles diversifiées dans des régions où sont enregistrés les problématiques majeurs comme Diourbel, Fatick, Kaolack, Kaffrine, Kédougou, Kolda et Sedhiou.
La coordinatrice du projet renseigne à ce propos qu’il s’agit de renforcer la capacité des cibles sur les thématiques spécifiques à savoir :les mariages d'enfants, l'exploitation domestique mais également la problématique des enfants de rue, précisément la mendicité. Ndeye Oumy Diop reléve par la même occasion que l’innovation avec ce programme est qu’il met l’accent sur la communication et le changement social avec l'utilisation des médias. ’’Grâce à ce projet, nous avons pu initier les enfants à l'utilisation des médias dans la sensibilisation et poster des messages sur Facebook, une invitation avec la plate-forme ’’je m'engage’’ qui est une sorte de bibliothèque numérique qui sert à capitaliser des recherches, des études, les activités des Ong , qui sont accessibles à tous’’. Mme Diop renseigne à cet effet qu’ils ont opté pour le développement des actions de dialogue inter générationnels entre les jeunes, les adultes et les leaders communautaire sur les trois thématiques. Une expérience qui n’a pas été facile dans certaines localités, compte tenu dit-elle ,des normes sociales et culturelles.
Le directeur de programme de l’institut Panos trouve lui que grace à ce projet , les acteurs communautaires ont acquis des compétences pour mieux se faire entendre et faire des revendications afin qu'elles arrivent au niveau central. ’’Il s’agit de revendications relatives aux financements de la protection des enfants. Il ya eu pour ce faire de la sensibilisation au niveau communautaire des différents acteurs sur les enjeux de la protection des enfants, leurs rôles, leurs contributions et sur les enjeux d'un financement adéquat dans la gouvernance des droits des enfants’’, renseigne Jules Fotso. En ce qui concerne la situation sur le retrait des enfants de la rue avec la persistance du phénomène , Mme Ndeye Oumy Diop constate qu’il y a un problème de coordination entre les acteur, malgres les efforts déployés par l’Etat au début de la pandémie de la Covid-19. ’’Ils sont revenus dans la rue mais le gouvernement a toujours la volonté de faire. Il faudrait un financement adéquat et un engagement de tous les acteurs pour permettre la protection des enfants.’’
HABIBATOU TRAORE