Publié le 21 Apr 2021 - 01:59
RAMADAN ET FERMETURE DE MAGASINS AUCHAN PILLES

Les regrets des clients riverains 

 

Comme certains magasins de grande distribution, le groupe français Auchan a l’habitude de réduire les coûts des produits les plus sollicités durant le mois de ramadan. Des offres de promotion qui attirent plus de clientèle. Mais, cette année, avec la fermeture de plusieurs de ses boutiques pillées lors des émeutes de mars dernier, les clients riverains affectés par la situation confient qu’ils sont même confrontés à la hausse de certains produits chez les commerçants de leur quartier.

 

Des nouveaux stocks de marchandises arrivent à Auchan de Sicap-Liberté. Les clients viennent en masse pour faire leurs emplettes. Le personnel les reçoit avec enthousiasme. Les clients se précipitent vers les produits en promotion. Hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux, tout le monde est au rendez-vous. ‘’Il n’y a pas trop de promotions cette année, pour le mois de ramadan, mais les prix sont quand même abordables’’, confie Fatou Diouf, une dame venant faire ses courses dans cette grande surface.

Auchan Sicap-Liberté fait partie des magasins du groupe français à nouveau opérationnel, à la suite de la vague de saccages dont ils ont été victimes en mars dernier, lors de manifestations dans l’affaire opposant la masseuse Adji Sarr et le leader du Pastef Ousmane Sonko.

Cependant, à l’intérieur de ce magasin, le personnel ne pipe mot par rapport à cette situation ou à leur business, et nos échanges avec les clients ne sont pas permis. Trop concentrés, ils sont aux nombres de 15 devant l'Auchan à ranger les marchandises. ‘’Nous ne pouvons pas répondre à vos questions, pour l'instant. Nous devons d'abord aviser la directrice. Cependant, vous pouvez échanger avec les clients, mais en dehors de l'Auchan, s'il vous plaît’’, affirme avec fermeté un membre du personnel du supermarché.

Période de grande consommation, le mois de ramadan est souvent l’occasion, pour les grandes surfaces comme Auchan, de baisser le prix de certains de leurs produits. Toutefois, même si le personnel ne dit rien, du côté des clients rencontrés dans les quartiers où les magasins pillés ne sont pas encore en service, on note que cette situation ne les laisse pas indifférents. Car cela ne leur facilite plus l’accès à certains produits. ‘’Il y a eu moins de promotion pendant le mois de ramadan de cette année’’, révèle Astou Sène, rencontrée à Mermoz. Plusieurs magasins n’ayant pas encore rouvert leurs portes, les clients sont obligés de se déplacer vers d’autres lieux, à la recherche d’Auchan ouverts. ‘’J'habite à Mermoz ; le grand Auchan qui s'y trouvait a été saccagé. Donc, je suis obligée de me déplacer pour trouver un de disponible pour mes courses, avant de rentrer chez moi. Je rate souvent les moments de coupure du jeûne en famille à cause de cela’’, regrette Hélène Kanté.

Une situation au grand bonheur des boutiques de quartier   

Mais le malheur des uns fait le bonheur des autres, et les boutiques de quartier où se trouvent les magasins saccagés ne diront pas le contraire. ‘’Auchan de Liberté 5 est fermé à la suite des dégâts qu’ont engendrés les manifestations. Je suis obligé d’aller faire mes courses à la boutique. Ce qui me revient un peu plus cher. À Auchan, je faisais toutes mes courses de ramadan à un prix moindre’’, regrette Modou Gaye, client du groupe français. D’après notre interlocuteur, les boutiquiers en profitent pour renchérir leurs produits. ‘’A Auchan, j’achète le pot de lait Gloria à 390 F, mais à la boutique du quartier, il me le vend à 500 F’’, compare Sophia Samb, une dame au teint clair, âgée d’une quarantaine d’années.

Trouvé dans les parages, Pape Dramé confirme aussi cette différence. ‘’Certains produits, nous pouvons les avoir à Auchan à prix bas. Ce n’est pas la même chose, en comparaison avec les prix pratiqués par les boutiquiers de quartier. Auchan nous facilitait vraiment la vie. J’achetais tous mes approvisionnements pour le mois de ramadan là-bas à des prix moins cher’’, dit-il.  

Si, pour ces consommateurs, Auchan est une aubaine, pour d’autres, c’est tout le contraire. Jeune fonctionnaire d’une vingtaine d’années, Abdou Karim Biram Faye estime qu’il faut supprimer les magasins du groupe français. ‘’Les magasins Auchan ne servent à rien. Depuis des années, nous fêtons le mois de ramadan sans eux. Je n’ai jamais mis mes pieds à Auchan et pourtant, chaque année, durant le ramadan, ma famille et moi, nous ne manquons jamais de rien. Les prix ne sont pas si importants pour moi. Je remercie Dieu’’, défend-il.

Du même avis, Marie Louise Ndiaye, teint noir, la trentaine, habitant à Sicap Baobab, ne voit pas la nécessité d’aller à Auchan. Ses achats, elle les a toujours faits à la boutique de son quartier. ‘’Je ne trouve pas la nécessité de m’y rendre. Chaque mois, je gagne un salaire pouvant satisfaire mes besoins personnels et ceux de ma famille. Donc, pourquoi me rendre à Auchan, alors que les boutiques de quartier sont tout près ? Et cela ne change en rien en ce mois béni de ramadan, vu que je suis chrétienne’’, fait-elle savoir.

Ces derniers ne sont pas les seuls à minimiser la présence du groupe français au Sénégal. Certains commerçants, à l’instar d’Alassane Sall, déplorent aussi son implantation, estimant que leurs bénéfices sont un peu en chute.  ‘’En cette période de ramadan, à cette heure, je recevais énormément de clients. Mais depuis l’arrivée d’Auchan, ils se font un peu rares. La plupart préfèrent s’y rendre, car ils prétendent que c’est moins cher là-bas’’, regrette ce jeune boutiquier sis à Liberté 5.

KINE CISSE (STAGIAIRE)

3 QUESTIONS A PAPA SAMBA DIOUF (RESPONSABLE COMMUNICATION AUCHAN RETAIL SENEGAL)

‘’Sur les 19 magasins qui ont été saccagés et certains même incendiés, 9 sont déjà rouverts’’

Certains de vos magasins restent encore fermés, après les pillages en mars dernier, lors des manifestations dans l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko. Un mois après ces actes, pouvez-vous nous faire le point ?

Après un mois, sur les 19 magasins qui ont été saccagés et certains même incendiés, 9 sont déjà rouverts. Cette semaine aussi, nous prévoyons de rouvrir 3 à 4 autres. Les travaux de rénovation se poursuivent et nous voulons, au plus vite, rouvrir ces magasins. Actuellement, nous sommes en période de ramadan qui est un moment de consommation par excellence. C’est la raison pour laquelle nous sommes en train d’accélérer les travaux pour la réouverture de ces magasins. Il y a un très fort besoin et une très grande demande des populations dans ces zones-là.

Par exemple, dans la zone de Keur Massar et Zac Mbao, les populations nous demandent quand les magasins vont démarrer. Pour Auchan Keur Massar, le magasin va rouvrir cette semaine ou, au plus tard, la semaine prochaine. Les travaux sont en cours de finition. Le carrelage a été refait et il reste les derniers détails à régler. Auchan Liberté 5 est déjà rouvert et celui de Liberté 6 a été incendié ; et cela va prendre beaucoup plus de temps pour les travaux. Parce que les prix ont flambé dans cette zone. Pour les dattes, par exemple, la boîte de 250 g, qui est vendue dans nos magasins à 450 F CFA, est achetée au niveau des boutiques et superettes de ces zones à 500 F CFA et plus. C’est un constat que nous avons fait et ce sont les populations de ces zones qui nous reviennent avec ces informations.

Il y a aussi l’alternative avec notre site e-commerce que nous offrons aux populations de ces zones pour faire leurs courses en ligne et faire livrer jusqu’à chez eux avec des prix de livraison qui varient de 1 000 à 5 000 F CFA. Pour la zone du Plateau, c’est 1000 F ; du Plateau à Ouakam, c’est 1 500 ; jusqu’à Cambérène, 2 000 F CFA. De Cambérène à la banlieue, c’est 2 500 F CFA, et à partir de là, jusqu’à Diamniadio, c’est 5 000 F CFA. Et nous faisons également la livraison jusque dans les régions, notamment Thiès, Saint-Louis et Kaolack. Nous avons commencé à exploiter ce volet avec des partenaires locaux pour la livraison. Les produits sont vendus aux mêmes prix que ceux qui sont dans les rayons au supermarché.

Quelles ont été les pertes financières de ces pillages ?

Pour le moment, nous ne pouvons pas donner de chiffres concrets. Mais il faut retenir que c’est une vingtaine de milliards de francs CFA perdus. Tout n’est pas encore définitif, parce que nous avons priorisé les 2 R, à savoir ‘’rénovation’’ et ‘’réouverture’’. Pour cela, il y a beaucoup de services qui doivent faire l’évaluation des pertes. Il y a le service informatique qui doit évaluer les pertes en matériel, tout ce qui est pièces, réseaux, serveurs, etc. Il y a le service technique pour les dégâts liés aux bâtiments, la direction des ventes concernant le commerce, les produits, etc. C’est à l’issue de tout cela, après rénovation et réouverture, qu’on va rassembler toutes ces informations pour donner un montant fixe. Mais le travail n’a pas encore été fait pour le moment.

Ce qui est certain, cela dépasse la vingtaine de milliards, car les magasins perdus, saccagés ou vidés, l’investissement de base dépasse ce montant. Si on veut donner un montant qui reflète réellement la réalité, il faut nécessairement qu’on prenne notre temps.

Pour la rénovation, je n’ai pas le montant de l’enveloppe qui a été dégagée. Je n’ai pas cette information.

En général, Auchan comme certains magasins de grande surface, faisaient des promotions sur leurs produits. Mais cette année, certains clients interrogés informent qu’ils ne ressentent pas cette offre. Qu’est-ce qui justifie cette situation ?

Pourtant, les promotions continuent. Sur notre page Facebook, tous les prix y sont. On a continué nos promotions habituelles et pour preuve, nous avons les plus produits les moins chers du marché. C’est facile à vérifier. Il suffit de faire le tour de la concurrence pour s’en rendre compte. Pour le moment, les saccages n’ont pas eu d’impact sur le prix. Parce qu’avec la direction, une instruction a été donnée pour maintenir les mêmes prix et faire de telle sorte que les denrées soient disponibles, surtout durant cette période de forte consommation. On a voulu être là, pour répondre à la demande. Les promotions continuent, malgré les difficultés que nous avons connues en mars dernier.

MARIAMA DIEME

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