Publié le 2 Jun 2021 - 00:29
RECONNU COUPABLE D’ESCROQUERIE

Le journaliste Pape Khone Ndiaye écope d’un an de prison dont 3 mois ferme 

 

Un an de prison dont trois mois ferme, c’est la peine infligée à Pape Khone Ndiaye, par le tribunal des flagrants délits de Dakar. Le journaliste chroniqueur judiciaire a été reconnu coupable du délit d’escroquerie portant sur 1,5 million FCFA, malgré le désistement des parties civiles. 

 

Le journaliste chroniqueur judiciaire de Walfadjiri Pape Khone Ndiaye a écopé, hier, d’une peine d’un an d’emprisonnement dont 3 mois ferme. Il a été reconnu coupable du chef d’escroquerie. Pourtant, en l’absence des parties civiles qui se sont désistées de leur action, car étant désintéressées, Pape Ndiaye a contesté le fait d’escroquerie qui lui est reproché, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. A l’en croire, les montants que lui réclament les plaignants constituent des prêts. Or, ceux-ci disent s’être rapprochés du chroniqueur judiciaire pour qu’il facilite, grâce à ses relations dans le milieu judiciaire, la libération de leurs proches emprisonnés, moyennant une somme d’argent.

Étant la première avoir déposé plainte, la dame Ndèye Awa Ndir a soutenu, à l’enquête, qu’elle a été mise en rapport avec Pape Ndiaye, par le nommé Pape Maguette Gueye qui, de surcroît, est le collègue du prévenu, pour qu’il l’aide à faire libérer son patron qui était en détention pour recel. Pape, disait-elle, l’avait rassurée et lui avait réclamé la somme d’un million de francs CFA. Ainsi, elle disait lui avoir remis un acompte de 500 mille francs CFA. Elle devait verser le reliquat, au bout de 15 jours, date de libération de son patron. Elle prétendait que le journaliste lui avait donné ce délai, pour que son employeur recouvre la liberté. 

Il en est de même pour la partie civile Pape Demba Diop. Qui dit avoir remis, en deux tranches, le montant de 1 million de francs CFA, soit 500 mille francs par tranche. Il précise que les remises ont été effectuées via Orange Money. Tout comme la dame Ndir, il allègue que Pape Ndiaye lui avait promis de faire libérer son beau-frère qui était emprisonné à Kaolack. Par ailleurs, les plaignants ont précisé, dans leurs dépositions, que sur la décharge, le journaliste les a convaincus de mentionner le mot « prêt », par prudence, car l’argent était reversé à des magistrats. 

Les échanges WhatsApp qui mettent le chroniqueur judiciaire en difficulté

Ce que le prévenu a contesté avec véhémence. Mieux, pour sa défense, il persiste à dire qu’il n’a jamais pris l’engagement de faire libérer des individus de prison. « Je n’entretiens aucune relation avec un acteur de la justice, dans ce cadre-là », a-t-il martelé. S’agissant de l’affaire qui l’oppose à la dame Ndèye Awa Ndir, Pape Ndiaye avait déclaré qu’il entretenait une relation idyllique avec la dame, avant de revenir sur cette info. Hier, il a réitéré qu’il n’en est rien.

Par contre, il a eu du mal à se justifier sur les échanges WhatsApp avec la dame Ndèye Awa Ndir qui l’enfoncent. Dans lesdits messages, Pape Ndiaye fait allusion à l’annulation de la procédure. « Quelle procédure ? » lui a demandé la représentante du ministère public. Et Pape Ndiaye de rétorquer qu’il l’ignore, avant de préciser que plusieurs messages intermédiaires ont été supprimés. « Je ne me rappelle plus dans quelle circonstance j’ai tenu de tels propos », a-t-il fulminé. 

Pape Demba Diop a, lui, confié s’être rapproché du journaliste, pour qu’il alerte, à travers la presse, sur l’état de santé de son beau-frère qui était incarcéré à Kaolack. 

Le prévenu indexe le commissaire Sankharé et le procureur de la République

Par ailleurs, au parloir, Pape Khone Ndiaye a fustigé avec véhémence la façon dont son interrogatoire a eu lieu au commissariat. « L’enquête s’est tenue jusque tard dans la nuit. Celui qui prenait note n’avait pas un bon niveau de français et il ne traduisait pas fidèlement mes propos. J’ai été obligé de modifier plusieurs passages », a-t-il relevé. « Au premier jour de l’enquête, j’ai été entendu sur les critiques que je faisais, lors de mes émissions. Ils me reprochaient de critiquer uniquement les policiers », a-t-il poursuivi.

Il informe que le lendemain, après avoir lu le compte-rendu de la presse, les enquêteurs sont revenus lui faire signer un autre Pv, très tôt le matin, en l’absence de son conseil. 

Il a également soulevé un autre obstacle, dans le traitement de son dossier. A l’en croire, à cause de son contentieux avec le commissaire Sankharé, suite à l’affaire de la Pharmacie qui avait suscité un tollé, il avait émis le souhait que le dossier soit remis entre les mains de la gendarmerie. Mais, dit-il, sa requête a été rejetée. Pire renseigne le journaliste, il y a de cela 8 mois, un de ses conseils, en l’occurrence Me Abdoulaye Tall, lui avait conseillé de faire gaffe, car il était la cible des autorités policières et judiciaires.

Le parquet requiert 1 an ferme 

A la suite de la représentante du ministère public qui a requis 1 an d’emprisonnement ferme contre Pape Khone Ndiaye, ses avocats ont tous sollicité son renvoi des fins de la poursuite. Selon les robes noires, il n’y a pas suffisamment de preuves pour asseoir le délit d’escroquerie qui est retenu contre leur client. « La vérité a un coût ici au Sénégal. Je l’avais prévenu, il y a de cela 8 mois. Il n’a jamais pris l’engagement de faire libérer quelqu’un de prison. Ce sont les parties civiles qui sont allées vers Pape Ndiaye », a plaidé Me Abdoulaye Tall.

Son confrère Me Baba Diop d’insister sur la décharge qui disculpe son client : « Dans ce dossier, il y a un acte juridique important, c’est la décharge. Et sur le document, il est mentionné que c’est un prêt ». 

Malgré leurs plaidoiries pour tenter de tirer d’affaire leur client, le tribunal en a décidé autrement, en reconnaissant Pape Ndiaye coupable d’escroquerie. Condamné à 1 an d’emprisonnement dont 3 mois ferme, le journaliste de Walf Quotidien retourne à la citadelle du silence où il séjourne, depuis quelques semaines. 

MAGUETTE NDAO

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