De la nécessité de réactualiser la loi sur la publicité
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A un mois de la fin de son mandat, l’équipe actuelle du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a organisé, hier, un atelier de concertation et de partage sur la publicité. A cet effet, il a été question du cadre réglementaire de ce secteur, mais aussi de cette publicité déguisée notée sur les plateaux de télévision.
Dans certains organes de presse, il faut payer pour être couvert. Cela pose problème et ne laisse pas indifférent le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Hier, à l’ouverture d’un atelier de partage sur la publicité à Dakar, son président n’a pas caché son amertume face à la montée de ce phénomène dans le monde de la presse. Ainsi, il s’est insurgé contre ‘’la publicité politique qui s’incruste dans des plateaux sous forme d’interview ou de causerie qui se fait dans des nébuleuses qui profitent aux deux parties, parce que pour y participer il faut passer au service commercial. Tout le monde le sait, mais personne n’en parle. Il n’y a pas de preuves, bien sûr’’, a dénoncé Babacar Touré selon qui un tel état de fait biaise les rapports. Puisque, tel qu’il l’a rappelé, qui paie commande.
Dès lors, le président sortant du Cnra a rappelé le ‘’respect de leurs engagements avec la société. L’information, dit-il, obéit à une distance critique face aux évènements du monde. Cela ne s’accommode pas d’activités publicitaires ou un ensemble de communications commerciales destinées à persuader. Or, communication et information ne vont pas ensemble’’.
Ainsi, la publicité dans les médias, sous diverses formes, pose problème. Si ce n’est le choix des espaces de diffusion qui est un écueil parce que le public se taille souvent la part du lion, c’est le contenu qui pose problème. Tout cela ne serait que des résultantes d’une loi désuète, celle de janvier 1983, du moins suivant l’analyse du magistrat et ancien directeur de cabinet du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) Cheikh Bamba Niang.
En effet, suivant son exposé, de 1983 à 2018, soit 38 ans, rien n’a changé. Ainsi s’impose une nécessité de réactualiser la loi sur la publicité, eu égard à l’inadéquation notée entre la proposition et la réalité sur le terrain. C’est pourquoi le Cnra a initié, hier, un atelier de deux jours auquel il a invité différents acteurs pour échanger autour de cette question et sous différents angles. C’est dans ce contexte qu’a été évoquée la nécessité de réactualiser la loi existante concernant la publicité. ‘’Avec la libéralisation du secteur audiovisuel sénégalais et l’avènement du numérique, la publicité est devenue un monde sans loi au Sénégal, faute d’un cadre réglementaire et d’un régulateur adapté. Cette situation a entrainé une absence de visibilité dans le secteur de la publicité’’, s’est désolé M. Touré.
Député à l’Assemblée nationale, Mamadou Lamine Diallo, invité du Cnra, reconnait ce besoin. ‘’Il faut légiférer, réglementer, établir des normes’’, a-t-il dit. Babacar Touré a rappelé dans ce sens : ‘’Le besoin de réguler, ce n’est pas dans les sanctions. La liberté est la norme, mais dont la liberté d’expression est la fille. La responsabilité sociétale des médias, dans le domaine de la publicité, est engagée.’’
Quoi qu’il en soit, il le faut bien aujourd’hui. Car nombreuses sont les dérives notées dans les médias. Le contenu des publicités va à l’encontre des valeurs de ce pays, déplore-t-on. Au-delà, certains, surtout les médias audiovisuels, se permettent de vanter des produits ou secteurs interdits de publicité comme les médicaments. A ce phénomène s’ajoute la publicité mensongère condamnée pourtant par la loi de janvier 1983.
BIGUE BOB