Publié le 21 Nov 2013 - 16:21
RELAXE DES PRÉSUMÉES LESBIENNES

Entre joie et dépit  

 

Même s’ils se réjouissent de la relaxe de leurs clientes, les avocats des filles arrêtées au bar ‘’Piano Piano’’ pour des faits de lesbianisme sont dépités du fait que l’image des prévenues soit ternie à jamais.

 

‘’Je ne veux pas aller trop vite en besogne en disant que la montagne a accouché d’une souris, mais je dis que la montagne accouchera d’une souris’’, avait lancé Me Étienne Ndione, lors du procès des quatre parmi les cinq jeunes filles arrêtées pour acte contre-nature et outrage public à la pudeur. Cette prémonition s’est confirmée hier, car l’affaire qui avait fait le buzz s’est dégonflée comme un ballon de baudruche.

C. Sao, Nd. S. Dieng, Nd. Diallo et F. Ndoye ont été relaxées hier. Elles  ont réussi à semer le doute dans la tête des juges des flagrants délits de Dakar. Conséquence : les prévenues ont recouvré la liberté, après une semaine de détention préventive.

Elles ont été arrêtées, dans la nuit du 10 au 11 novembre, au bar ‘’Piano Panio’’ à Yoff où leur co-détenue B. Nd. Dieng fêtait ses 16 ans. Elles ont été interpellées parce que, d’après le témoignage d’un brigadier de police, elles s’embrassaient et se caressaient dans le bar. Des accusations qu’elles ont contestées, depuis l’enquête préliminaire, avant de les réitérer à la barre du tribunal des flagrants délits. Si au moment de l’enquête elles auraient avoué leur homosexualité,  devant les juges, les quatre amies l’ont catégoriquement niée.

Même si elles sont blanchies avec cette relaxe, C. Sao et Cie ne le seront pas aux yeux de la société. Du moins c’est ce que croit l’un de leurs avocats et présidente de l’ONG ‘’Sourire de femme’’. ‘’ Je savais qu’elles allaient être relaxées, mais on a sali leurs noms, celui de leurs parents et amis à jamais’’, s’est désolée Ndèye Kébé. Me Étienne Ndione a abondé dans le même sens. Il reste convaincu que ‘’même si le tribunal a lavé leurs clientes, leur image est ternie à jamais’’.

Mme Kébé et la robe noire n’ont pas manqué d’inviter la presse à la prudence, dans le traitement des informations liées à ce phénomène. ‘’Il faut que les gens soient prudents, car pour créer le buzz, il suffit d’accuser quelqu’un d’homosexuel. C’est fréquent dans le domaine politique à chaque fois que quelqu’un est à cours d’arguments’’, a fulminé Me Ndione. 

Au moment où C. Sao et ses trois amies vont savourer leur liberté, leur copine B. Nd. Dieng est encore en train de croupir en prison.  L’organisatrice de l’anniversaire sera jugée vendredi, devant le tribunal des mineurs. La défense espère que la mineure bénéficiera du même sort que ses aînées.

FATOU SY

 

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