Publié le 17 Jul 2024 - 08:32
RETARD DE SALAIRES, NON-RESPECT DES CONTRATS…

Le Collectif des agents d’Ismea appelle à cesser toutes activités

 

Le Collectif des agents d’Ismea a appelé  à cesser toutes activités de soins, à partir d’aujourd’hui,  jusqu’au paiement des salaires. En sus du retard des salaires, le non-respect des clauses de contrat de ce projet qui tourne autour de 76 milliards F CFA est parmi les motifs de leur mouvement.

 

Le projet dénommé Investir sur la santé de la mère, de l'enfant et de l'adolescent (Ismea) a pour objectif principal d’améliorer l’utilisation des services essentiels de la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et des adolescents et la nutrition (SRMNIA-N). D’un coût de 76 milliards de francs CFA, il intervient aux normes de qualité dans six régions : Kaffrine, Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor. Sur 905 agents à recruter, selon un communiqué du Collectif des agents du projet Ismea, le projet, autorisé par la Banque mondiale en mai 2021, en a recruté 889. Les ressources humaines ont été réparties ainsi : Kaffrine (159), Kédougou (107), Kolda (171), Sédhiou (133), Tamba (163) et Ziguinchor (157).

Pour rappel, le projet intervient dans ces six régions qui avaient les indicateurs les plus au rouge et qui, par conséquent, affectaient négativement les efforts de santé publique au niveau national. ‘’Ainsi, à la suite de l’approbation des partenaires financiers avec quelques réserves sur les niveaux de salaires proposés par le Sénégal (qui étaient très faibles comparés au barème international), l’affectation du personnel a été effective à partir du mois de novembre 2021. Les 889 agents sont constitués de 35 médecins généralistes, un médecin spécialiste (pédiatre affecté au CHR de Tambacounda), 29 techniciens supérieurs en biologie médicale, 400 sages-femmes d’État, 399 infirmiers d’État, 18 pharmaciens, trois techniciens en maintenance hospitalière et quatre nutritionnistes. Ces ressources humaines qualifiées ont largement contribué à combler le gap des dessertes médicales dans ces zones, à améliorer la prise en charge médicale des populations et à impacter ainsi positivement sur les indicateurs de santé’’, lit-on dans le document.

Toujours selon la note, depuis le début du projet, beaucoup de démissions ont été notées, eu égard aux difficultés d’exercice dans ces zones éloignées. ‘’Certaines démissions étaient surtout dues à la déception liée aux conditions qu’on leur avait fait espérer et qui se sont révélées être un appât pour les amener à accepter de servir dans ces zones. Sur un apport de 76 milliards F CFA des partenaires, le budget des salaires ne dépasserait pas les 16 milliards durant les trois ans que doit durer le projet. Par ailleurs, nous constatons, parallèlement, la forte propension des coordinateurs à mettre le maximum des fonds disponibles dans des projets de construction, d'achat de véhicules, de motos, d’ambulances et le financement de diverses activités, de réunions de toutes sortes des services de santé du pays. On serait tenté de dire que chaque service ou direction du MSAS (ministère de la Santé et de l'Action sociale) a eu ‘sa part du gâteau’. Et le comble, pour un budget déjà dégagé, le personnel peine à percevoir son salaire à temps depuis quelques mois’’, dénoncent les travailleurs dans la note.

Ils ont  précisé qu’à la date du 15 juillet, les salaires du mois de juin ne sont pas encore payés. ‘’La contractualisation avec le personnel Ismea prenant fin le 31 octobre prochain, nous agents du projet Ismea ne savons plus à quel saint nous vouer, quant à notre avenir professionnel. Initialement, il avait été avancé que nous serions reversés dans la Fonction publique à la fin du projet. Puis, il a été annoncé finalement que nous serions plutôt repris dans les contrats Cobra du MSAS qui ne seront signés qu’en janvier 2025 et que tous ne seront pas maintenus. Même si les services du projet Ismea et ceux du MSAS avaient assuré, lors de la dernière supervision, que les salaires des mois de novembre et décembre 2024 seraient payés, il y a lieu de se poser des questions, au vu des difficultés qu’ils ont à payer les salaires à temps depuis le début de la troisième année d’exécution du projet. Pouvons-nous aussi faire confiance à des services qui n’ont pas hésité à tricher sur les contrats proposés au personnel ?’’, ajoute la même source.

En effet, relèvent les signataires du communiqué, sur les contrats, ils ont déclaré tous les agents célibataires et sans enfant, après leur avoir demandé leurs papiers de mariage et actes de naissance de leurs enfants, s’il y en avait. Pis, selon le collectif, malgré la prise en compte de la situation matrimoniale et du nombre d'enfants sur le bulletin de salaire de certains agents, il n'y a eu aucune incidence sur le salaire qui est resté le même. ‘’Faisant déjà face à toutes les contraintes liées à la contractualisation, nous agents du projet Ismea, comparés à nos autres collègues fonctionnaires ou contractuels du MSAS, ne bénéficions pas de prise en charge médicale, ni des heures supplémentaires et ne percevons pas la motivation Nepad. Aussi, malgré les propositions salariales du projet qui s'alignaient avec le barème international, le service des ressources humaines du MSAS les a rabaissées en alignant nos salaires à ceux des autres agents contractuels. Et à  notre grande surprise, malgré le fait que le personnel de santé a bénéficié, de par un accord avec les syndicats, d’une augmentation de salaire en mai 2022, les agents du projet Ismea ont été laissés en rade. Toutes ces injustices couplées d'incertitudes sur notre avenir professionnel nous ont poussés à alerter et à interpeller les autorités publiques. Nous les invitons à prendre toutes les dispositions idoines pour que le nécessaire soit fait dans l’immédiat, pour la correction définitive de cette situation injuste et pour ainsi assurer le maintien de l’amélioration de la prise en charge des populations dans les zones concernées. Conformément à la loi sur le travail, tous les collègues du projet Ismea sont invités à cesser toutes activités de soins et à rester chez eux à partir de ce mardi 16 juillet 2024, jusqu’au paiement des salaires’’, a informé le collectif des agents du projet Ismea.

CHEIKH THIAM

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