Publié le 25 Sep 2025 - 12:36
REVUE FINALE SUR LES PÔLES TERRITORIAUX

Les huit merveilles de Balla Moussa Fofana

 

Dans la vision Sénégal Horizon 2050, l'approche des pôles territoriaux portée par le ministère de l’Urbanisme occupe une place centrale. À l'occasion de la journée de synthèse et de consolidation des concertations relatives à ces huit pôles, Balla Moussa Fofana s'est attelé à défendre davantage sa vision d'un Sénégal économique polarisé.

 

Le Sénégal se trouve à un moment charnière de son histoire. Après plus d’un demi-siècle de tentatives pour équilibrer la répartition des richesses et des opportunités, le gouvernement a lancé une initiative de rupture. Plus qu’une simple réforme administrative, ce projet ambitieux vise à établir de véritables « pôles territoriaux » au nombre de huit (Dakar, Thiès, Diourbel-Louga, Centre, Nord, Nord-Est, Sud-Est et Sud), moteurs de la souveraineté économique et de la justice sociale, marquant ainsi une nouvelle ère de développement qui aura pour unique finalité le bien-être des Sénégalais.

« Le constat est sans appel. Malgré les réformes successives des Actes I, II et III, la concentration de la population et de l’activité économique autour de l’axe Dakar-Thiès-Diourbel persiste, laissant en jachère le potentiel immense du reste du pays », relève le ministre de l’Urbanisme. Il poursuit en évoquant le paradoxe sénégalais : « Près de 47 % de la population sénégalaise est massée sur à peine 5 % du territoire, créant des déséquilibres criants qui alimentent l’exode rural, le chômage et la frustration des jeunes. »

Face à cette « vérité qui s’impose », le gouvernement a opté pour une approche audacieuse et participative. « Loin d’être une décision imposée d’en haut, l’Acte IV est le fruit de six mois de concertations nationales intensives. » Dans son propos, celui qui s’occupe aussi des collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire revient sur le tour du Sénégal que ces travaux ont nécessité. « De février à septembre 2025, une véritable caravane de dialogue a parcouru plus de 5 574 kilomètres à travers le pays. Huit pôles, de Tambacounda à Matam, de Sédhiou à Podor, ont été visités, mobilisant 2 327 participants issus de toutes les couches de la société. »

Dans cette logique des chiffres, M. Fofana n’a pas manqué d’en placer une pour toutes les parties prenantes : « Avec 38,3 % des participants, les élus locaux ont été au cœur des débats, démontrant leur volonté de s’approprier cette réforme. Le secteur privé, représenté par 12,9 % des participants, confirme que le développement des pôles sera avant tout économique. Services techniques, société civile et partenaires au développement ont également apporté leurs contributions, forgeant un consensus sans précédent autour des grands axes de la réforme. »

Des fondations solides pour les pôles territoriaux

Pour Balla Moussa Fofana, les discussions de ce jour ne sauraient tomber dans l’oreille d’un sourd. « De ces concertations sont nés plusieurs consensus historiques qui formeront le socle des pôles territoriaux. Tout d’abord, leur statut juridique a été clarifié : ils seront érigés en établissements publics territoriaux, ce qui leur conférera une autonomie de gestion et de planification. »

Ensuite, rassure le ministre, l’adhésion au nombre de huit pôles a été validée : « [...] une répartition qui respecte l’ancrage socioculturel et le potentiel économique de chaque zone. » Un fonds pluriannuel d’amorçage est également prévu, une étape cruciale en attendant une réforme plus globale de la fiscalité locale. Enfin, une conviction partagée s’est dégagée, à savoir que le secteur privé sera « le véritable moteur de la croissance territoriale, en investissant dans des chaînes de valeur locales et en créant des emplois durables ».

Pour concrétiser cette vision, la feuille de route prévoit la création d’outils modernes et performants, tels que « des Agences territoriales de planification et des Sociétés territoriales d’économie mixte, chargées de catalyser les investissements et de mettre en œuvre des projets structurants. La gouvernance sera réinventée, avec une Charte de gouvernance qui garantira la participation et la transparence. »

Encore des défis à relever

Si l’enthousiasme peut déjà être palpable, la mise en œuvre de cette réforme ne sera pas exempte de défis. « Le financement reste la clé de voûte de l’ensemble du projet. S’assurer que les moyens suivent les ambitions sera la principale épreuve pour le gouvernement. De même, la coordination entre l’État central et les nouveaux pôles territoriaux devra être rigoureuse pour éviter les doublons et les conflits de compétences. »

Malgré ces défis non négligeables, « l’espoir qu’incarne ce projet est immense ». C’est ainsi que Balla Moussa Fofana entend donner un vrai coup d’accélérateur au processus en cours. « Les trois pôles pilotes – Centre, Nord et Sud –, qui seront opérationnalisés dès cette année, ouvriront la voie à une territorialisation effective de l’action publique. »

Il ajoute : « Pour les jeunes de Sédhiou, les agriculteurs de Tambacounda ou les familles de Podor, cette réforme est bien plus qu’une ligne de plus dans un code de l’administration : c’est la promesse de pouvoir construire leur avenir chez eux, sans devoir s’exiler vers la capitale ou l’étranger. »

Mamadou Diop

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