SAINT-LOUIS – EN ORDRE DE BATAILLE
Les blouses blanches paralysent le fonctionnement des services

Le mot d'ordre de grève générale déclenchée par les différents syndicats de santé pour soutenir les sages-femmes incarcérées à Louga, a été bien suivi à l’hôpital régional de Saint-Louis. D’ailleurs, le tour effectué dans les différents services de l’hôpital nous a permis de constater un calme inhabituel devant les bureaux des médecins ou techniciens de la santé.
Il est 9 h 30 mn à l’hôpital régional Lieutenant-Colonel Mamadou Diouf de Saint-Louis. Seul le service d'urgence fonctionne avec quelques mouvements d'agents sanitaires. Par contre, dans les autres services de la structure sanitaire, c'est le calme plat. Aucune présence de malades ou d’accompagnants n’est notée devant les bureaux des médecins ou techniciens supérieurs de la santé. La circulation dans les couloirs est fluide. Une ambiance inhabituelle qui s'explique par le mouvement d'humeur des syndicats de la santé, en guise de soutien à leurs collègues du centre hospitalier de Louga mêlées dans l'affaire Astou Sokhna.
Pour le porte-parole de l'Intersyndicale de la santé, le mouvement de grève a été bien suivi à l’hôpital et dans les différentes structures sanitaires du département de Saint-Louis. ‘’A Saint-Louis, à part les urgences, tout est à l'arrêt et tous les agents ont respecté le mot d’ordre. Il faut que les autorités sachent que les agents de santé ne croiseront pas les bras pour se faire sacrifier. Pour une justice équitable, nous disons oui. Mais pas pour une justice sélective. Nos camarades ne seront pas sacrifiées pour des raisons bassement politiques’’, a-t-il soutenu.
Avant d’ajouter qu'ils se sont organisés pour assurer les urgences. ‘’A la maternité, les cas d’urgence sont également gérés par le gynécologue’’, a avancé notre interlocuteur. Une situation qui n’est pas sans conséquences négatives dans les rangs des malades et accompagnants. Car de nombreux patients ont rebroussé chemin, parce que ne pouvant pas honorer leur rendez-vous avec leur médecin traitant. ‘’C’est vraiment triste pour nous qui n’avons pas de moyens financiers pour aller nous soigner dans les cliniques privées. J’ai quitté Ross-Béthio pour un rendez-vous à l’hôpital, mais je n’ai pas pu rencontrer le médecin pour cause de grève. Pourtant, je suis césarisée et je devais avoir des soins ce matin. Mais malheureusement, je n'ai vu personne pour nous expliquer quoi que ce soit. C’est une grosse perte de temps et d’argent pour les malades et leurs familles. Je dois encore retourner au Walo et faire d’autres dépenses pour revenir le voir. Vraiment, c’est difficile pour les populations’’, a dénoncé Aby Sèye, rencontrée dans la cour de l’établissement hospitalier de Saint-Louis.
Un avis que partage le directeur des ressources humaines de l’hôpital régional. Plus chanceuse que les autres patientes qui ont été refoulées pour d'autres rendez-vous, Maimouna Ka, la trentaine bien sonnée, a pu accoucher et être assistée par le service d'urgence de la maternité. Elle a été évacuée de la région de Louga par ses parents vers l'hôpital régional de Saint-Louis. "Le personnel de santé de Louga a déclenché la grève avant les autres. C'est pourquoi, quand ma fille qui est à terme commençait à manifester certains signes, on n'a pas hésité à l'évacuer à Saint-Louis dans la nuit du mercredi. Dieu merci, elle a accouché sans grandes difficultés", a déclaré son accompagnatrice.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)
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