Publié le 6 Jul 2022 - 22:52
SAINT-LOUIS : FORAILS DE LA TABASKI

Le prix du mouton jugé toujours trop cher 

 

A quelques jours  de la fête de la  Tabaski, c’est l’affluence dans les  foirails de la commune de Saint-Louis. Des camions en provenance de la Mauritanie ont débarqué des milliers de têtes de mouton durant le week-end. Un grand   nombre de béliers qui n’a pas pour autant participé à faire baisser les prix. Pour se procurer un mouton, il faut casquer cher.  

 

Au foirail de Médine  Darou, dans le faubourg de Sor, vendeurs et acheteurs marchandent intensément autour du prix du mouton. Le coin est animé par  le bêlement de milliers de moutons et le vrombissement des taxis et véhicules ‘’clandos’’ qui assurent le transport des bêtes. De grands  troupeaux d’ovins, surtout ceux venant de la Mauritanie, occupent même des rues adjacentes.  Sur place, clients et vendeurs ne se font pas de cadeaux. Chaque partie cherche à  ‘’tromper’’ l’autre.  D’où d’interminables marchandages très serrés qui  sont notés à tous les angles du foirail. Venu chercher un mouton, Ibou Fall, un jeune père de famille, déclare avoir fait plusieurs   fois le tour du ‘’daraal’’ sans trouver un bélier à un prix abordable.

‘’L'année dernière, j'ai acheté  à la dernière minute très cher mon mouton  de Tabaski. J'ai voulu changer en achetant un peu plus tôt. Malheureusement, les nombreux troupeaux de moutons exposés par les vendeurs ne signifient pas que les prix ne sont pas élevés. Pour le plus petit bélier, les éleveurs réclament plus de 100 000 F CFA. Des prix  que certains pères de famille comme moi n'ont pas. Donc, les vendeurs doivent tenir compte de cette catégorie de clients’’, a-t-il déploré. 

Une cherté du prix du mouton  qu'ont dénoncée d'autres chefs de famille rencontrés sur les lieux. ‘’Tous les moutons à plus de 175 000 F, en cette période de fête, ne valent pas, en temps normal,  90 000 F. Déjà, les temps sont durs. Les gens peinent  à  assurer les trois repas quotidiens. Une situation que les vendeurs doivent tenir compte, puisque la dépense de la Tabaski n’est pas seulement limitée au  mouton. D'ailleurs, les éleveurs ne se frottent pas encore les mains. Dans le foirail, il y a plus de marchandages que d’achats de moutons. Les gens sont là en masse,  mais personne n’achète parce que les prix affichés par les vendeurs sont exorbitants’’, a déploré Pape Latyr Ndom.

Une cherté des prix des bêtes  que ces derniers tentent d’expliquer par les nombreux investissements qu’ils ont eu à faire pour bien entretenir les moutons. ‘’Les prix affichés sont justifiés. Les éleveurs étrangers peuvent se permettre de vendre à un certain prix, puisqu’ils ont bénéficié de certaines faveurs de la part des autorités. Par contre, nous ne pouvons pas le faire, parce que nous n’avons bénéficié d’aucune subvention d’aliments, de suivi médical  ou autres avantages,  à part  le payement de la taxe municipale. Ensuite, nos moutons sont très bien entretenus dans nos maisons. Donc, il est hors question de les brader. Nous vendons pour gagner des bénéfices et non pour perdre’’, a signalé un éleveur saint-louisien. 

Plus chanceux que ses compagnons d’infortune qui continuent à tourner en rond dans le foirail, Ismaila Fall est parvenu à obtenir  un mouton  mauritanien. A l'en croire,  il faut des astuces pour s’en sortir. «’’Le problème du foirail, ce sont les revendeurs intermédiaires. Ce sont eux qui font monter les prix. D’ailleurs, pour trouver un mouton, j’ai évité de négocier avec eux et j’ai discuté  directement avec le propriétaire mauritanien. Et il me  l’a cédé à 89 500 F’’, a soutenu Ismaila Fall. 

IBRAHIMA BOCAR SENE  

(Saint-Louis)

 

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