La guerre de trois !
Initialement conclu pour une durée de 10 ans, le contrat d’affermage liant la SDE à l’Etat du Sénégal est arrivé à terme en 2006. Il a fait l’objet de multiples avenants. Mais, aujourd’hui, l’Etat a décidé de jouer la carte de la transparence, en lançant un nouvel appel d’offres. Du coup, la SDE doit batailler ferme face à ses ‘’sœurs françaises’’ Veolia et Suez, pour garder son ‘’bien’’.
Pénurie d’eau par-ci, défaut de potabilité par-là. C’est une montagne de difficultés qui gangrène le secteur de la distribution d’eau au Sénégal, depuis plusieurs années. L’heure est venue pour le gouvernement de revoir la concession accordée à la Sénégalaise des eaux (SDE) en 1996. Cette fois, la guerre aura bien lieu, si l’on en croit nos sources. Après plus de 20 ans de règne sans partage, la SDE a été contrainte de remettre son ‘’gâteau’’ en jeu. La compétition risque d’être rude entre elle, Suez et Veolia. Mais, au final, c’est toujours la France qui gagne.
Initialement conclu pour une durée de 10 ans, le contrat d’affermage liant la SDE à l’Etat du Sénégal est arrivé à terme en 2006. Il a fait l’objet de multiples avenants. Le numéro 3 qui date du 23 avril 2006, l’avenant 5 qui a expiré en décembre 2012, l’avenant 6 arrivé à terme en décembre 2013 et l’avenant numéro 7 qui doit prendre fin le 31 décembre 2018.
Force est de constater que malgré ses nombreuses chances, la SDE n’a jamais réussi à résoudre complètement le problème d’approvisionnement des populations sénégalaises en eau potable. Le manque d’eau sévit jusque dans la capitale. Pis, en 2014, le Forum civil rendait publique une ‘'guéguerre’’ entre l’entreprise française et la SONES, maitre d’ouvrage. La section sénégalaise de Transparency International préconisait la tenue d’un conseil interministériel pour la régulation du secteur de l’hydraulique urbaine, la gestion d’éventuels conflits entre les parties prenantes et le contrôle de l’exécution des différents contrats. ’’Face à cette situation, les bailleurs tiennent beaucoup à la réalisation du KM3 (Usine de Keur Momar Sarr 3).
Aujourd’hui, l’Etat a décidé de repartir sur de nouvelles bases. Un nouvel appel d’offres, un nouveau cahier des charges, de nouveaux soumissionnaires. Sans grand bruit, le processus est lancé depuis le mois de juin dernier par un appel d’offres de pré-qualification. Et jusque-là, il suit son cours normal. Comme sur des roulettes. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’Etat, pour le moment, tient le bon bout. D’après nos sources, la SDE et Veolia seraient les grands favoris de cette bataille franco-française. Même si Suez est loin de dire son dernier mot. Une chose est sûre : l’Etat compte jouer la carte de la transparence. Il portera à la connaissance des soumissionnaires et du public le cahier des charges, dont le point le plus essentiel, nous signale-t-on, est la baisse du prix de l’eau. La décision finale est attendue au courant du premier semestre de l’année 2018.
En attendant, la SDE a activé ses syndicalistes qui ne cessent de demander d’être associés à ce processus. Mais ‘’on ne peut pas être juge et partie. Il n’est plus question de procéder à des avenants’’, confie une source proche du ministère de l’Hydraulique.
En outre, il nous revient que l’Etat a décidé de faire un inventaire du patrimoine de l’hydraulique urbaine. ‘’La SDE à l’avantage d’être là depuis plus de 20 ans. Ce qui, de prime abord, peut être un avantage, mais cela peut aussi constituer un inconvénient, car les Sénégalais sont déjà édifiés sur ce qu’elle est capable de faire. Veolia et Suez vont surement faire des offres techniques intéressantes au même titre que la SDE. Mais quoi qu’il en soit, c’est la France qui en sortira vainqueur’’, conclut notre source.
MOR AMAR ET M. T. DIAW