‘’Le rôle des religieux n’est pas de s’impliquer dans la crise scolaire’’
La crise scolaire a été dénouée en partie grâce à l’intervention des chefs religieux. Si certains s’en réjouissent, le secrétaire général du Saes lui apporte un autre son de cloche. Seydi Ababacar Ndiaye regrette l’implication des religieux tout en accusant l’Etat et les syndicats. ‘’C’est dommage qu’on soit obligé d’arriver à Touba et à Tivaouane pour régler des problèmes de l’école sénégalaise’’, dit-il dans cet entretien.
Le Saes a suivi ce qui s’est passé dans le moyen-secondaire. Comment appréciez-vous la position des uns et des autres ?
Nous avons vécu cela très mal, franchement ! C’est pour cela que nous avions soutenu nos camarades le mardi 7 juin en faisant 24 heures (journée morte) sur tous les campus. Nous pensons que l’Etat a tort. C’est lui qui a signé des accords que Mansour Sy a qualifiés de réalistes et réalisables. Tout le monde l’a entendu. On ne peut pas se lever aujourd’hui et vouloir taper sur les gens de cette façon. Et si on le leur dit, ils diront qu’on fait de la politique, mais je vais le dire. Il faut que le gouvernement fasse attention, parce que ce sont les socialistes qui avaient fait cela (rétention de salaire, mutation, suspension d’enseignants, révocation, licenciement) contre le grand Sudes dans les années 80 (13 mai 1980). Aujourd’hui, ils sont dans le département de l’Education, et ils font la même chose (menace de licenciement et de radiation).
Il y a des comportements qu’il faut arrêter tout de suite. Même quand les religieux sont intervenus, ils ont continué à donner de façon insidieuse des convocations et des réquisitions comme pour saborder l’audience que le Président a décidé d’accorder aux syndicalistes. C’est grave ! Le Président a appelé à un dialogue, en demandant aux enseignants de trouver une solution. Et quelques jours après, le ministre se permet d’envoyer des menaces et autres. Le Président prévoit de recevoir les syndicats, il se permet non seulement d’envoyer des réquisitions, mais aussi il déclare que les sanctions prévues seront maintenues. Vous pensez que cela participe à la résolution du conflit ? On ne sait pas finalement ce qu’il veut, ce ministre-là.
On a noté l’implication de plusieurs médiateurs dans le moyen-secondaire. Ce qui n’était pas le cas dans le supérieur. Qu’est-ce qui explique cette absence d’implication de médiateurs dans ce secteur de l’Education ?
Nous avons su résoudre certains problèmes avant d’en arriver à un certain niveau. Ce qui est différent fondamentalement, c’est que dans le supérieur, le Saes est dominant, et ça simplifie les choses. Car, ce qui a surtout amené la situation (dans le moyen-secondaire), c’est la division. Et je l’ai dit lors du panel du 7 mai. J’ai dit aux syndicalistes que c’est bien de critiquer le gouvernement, mais nous devons aussi faire notre autocritique. S’il n’y avait pas deux (2) Grands cadres, le gouvernement n’aurait jamais osé faire ce qu’il a fait. Mais les gens se sont radicalisés. Chacun des groupes a voulu montrer à l’autre qu’il est le plus fort. C’est la surenchère. C’est pour cela, qu’on est arrivé à un blocage, le gouvernement est allé plus loin.
L’implication des religieux a permis, au moins en partie, à dénouer la crise. Comment appréciez-vous cette médiation ?
On a constaté malheureusement l’implication des religieux. Je dis bien malheureusement, parce que le rôle des religieux n’est pas de s’impliquer dans cette affaire. C’est dommage et c’est très dommage. Je le dis et je l’assume. C’est dommage qu’on soit obligé d’arriver à Touba et à Tivaouane pour régler des problèmes de l’école sénégalaise. Il y a une faillite de tous les côtés. Il y a une faillite de l’Etat et des syndicats. C’est dur à dire, mais c’est la vérité. On n’aurait jamais dû avoir recours à Touba et à Tivaouane pour régler des problèmes de l’école sénégalaise. Surtout que d’habitude, ces foyers-là ne sont pas trop pour l’école française. C’est dommage, mais cela veut dire qu’en un moment donné, il faut que les syndicats s’assaillent et comprennent que cette division-là n’est bénéfique qu’à l’Etat ; mais pas aux syndicats, encore moins à l’école.
Le Saes avait suspendu son mot d’ordre pour donner au gouvernement le temps de matérialiser les accords. Y a-t-il eu évolution entretemps ?
Actuellement, ce qui se passe, c’est que les recteurs demandent à être couverts sur les questions à incidences financières. Il leur faut des documents qui leur disent à combien s’élève la réforme des titres. Il faut donc un arrêté ministériel. Concernant la retraite, il faut attendre le 23 juillet avec la conférence sociale qui sera organisée à ce titre, parce que nous ne sommes pas seuls. Tous les fonctionnaires sont dedans, ils sont tous régis par la loi 81-52 portant code des pensions civiles et militaires qui fait qu’il faut valider d’abord.
C’est ça qu’on attend. Nous attendons également le PV de notre rencontre avec le Premier ministre et qui a dénoué la crise. Nous lui avons envoyé un projet de Pv et on l’attend, parce qu’il faudrait quand même du concret. Nous avons suspendu notre mouvement sur la seule base de la confiance que nous avons eu à l’endroit du Pm. La confiance est toujours là, mais il faut laisser des écrits, surtout que nous sommes une équipe qui va partir. Il faut qu’on laisse à nos successeurs quelque chose d’écrite.
Donc pour le moment le suivi est satisfaisant de façon générale ?
Disons oui ! Pour le moment, c’est satisfaisant. On les suit discrètement, mais on suit.
BABACAR WILLANE